Chapitre 34- Leïa

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Je suis dans le noir.

Une fumée blanche souffle jusqu'à moi. Je la laisse me traverser. Soudain, je ne suis plus dans le même environnement. Je suis dans un couloir et une petite fille d'environ 8ans court vers moi. Son visage est illuminé par la joie, elle rit aux éclats, heureuse. Ses longs cheveux bruns ondulés vole derrière elle. Elle passe à côté de moi sans me lancer un regard, comme si j'étais invisible. Je me retourne pour la suivre des yeux. Un homme au fond du couloir l'attend, accroupit les bras écartés pour l'accueillir. La petite fille lui saute au cou. Je m'avance pour essayer de comprendre qui sont ces gens.
La petite fille : Papa !!!
Papa : Coucou ma chérie. Tu as passé une bonne journée?
La petite fille : Non j'aime pas ce qu'ils nous ont appris aujourd'hui. J'aime pas voir les gens malade, c'est trop triste.
Papa : Eh bien on ne fera pas de toi un médecin.
Il se relève et attrape la main de sa fille. Ils se dirigent en ma direction. Peu à peu, je reconnais les traits de l'homme qui me sont familier. Je ne l'ai pas vu depuis cinq ans mais je me rappelle de son visage. Mon père. Je l'appelle:
Leïa : Papa ?
Il ne tourne même pas la tête, il ne m'entend pas. Il n'a d'yeux que pour sa fille. Sa fille ? Mes parents ont encore eu un enfant ? Je la regarde à son tour et la, la ressemblance me frappe. Cette petite fille, c'est moi. Je suis dans un souvenir, c'est pour cela qu'ils ne me voient pas. Je suis si heureuse de revoir mon père après tant d'année que je veux le suivre pour toujours. L'émotion, me fait pleurer. Il me manque, c' est affreux.
Papa : Et tu veux faire quoi plus tard quand tu partiras dans ta Cité ?
Leïa : Prévenir les gens. Tout leur dire ce que Maman m'a raconté sur Mamie.  
Papa : Leïa, tu ne peux pas, Maman te l'a dit.
La petite fille, enfin moi, baisse les yeux et je remarque qu'elle est sur le point de pleurer.
Leïa : Mais, mais, mais,..
Papa : Je t'aime Leïa. Tu es très intelligente, je sais que tu feras de grandes choses. Tu nous sauveras.

Une nouvelle fumée blanche me traverse. Cette fois-ci, je suis dans ma chambre de mon ancien appartement où je vivais avec mes parents et mon frère. Je prends le temps de me remémorer l'endroit, tous ces bons souvenirs. L'odeur si particulière qu'avait notre foyer me chatouille les narines. C'est si bon d'être de retour, à nouveau chez moi. La même petite fille, en l'occurrence moi, est assise sur le lit et ma mère entre dans la chambre. Ma mère... la revoir me remplit de joie mais aussi de tristesse. Je me rends que tout cela n'est qu'un rêve et que je ne l'aurais plus jamais auprès de moi ainsi que mon père. Elle tient dans ses mains, un petit carnet...non, un album. Je le reconnais aussitôt.
Maman : Leïa, ton père et moi t'aimons de tout notre cœur et nous savons que tu prendras bien soin de cet album.
Leïa : Qu'est ce que c'est ?
Maman : L'album de ta grand-mère que tu garderas et que  tu transmettras à ton premier enfant. Nous te faisons confiance, personne ne doit connaître son existence Leïa. C'est compris ?
Leïa : Oui Maman.
Maman : C'est très bien. Je t'aime mon cœur. Même si nous allons se séparer, tu seras forte d'accord ? Je penserai à toi tout le temps, tu seras toujours dans mon cœur.
Ma mère me dépose un baiser sur le front et en me tenant le menton me fixe . Je perçois tout son amour dans son regard. Elle me manque terriblement.
Je vois la vague arriver sur moi. Non, veux rester ici, avec mes parents. Je ne peux me résoudre à les abandonner une nouvelle fois. Je crie juste à temps :
Leïa : Je le retrouverai Maman ce carnet ! Je te le promets !

Puis le décor disparaît. Mon cœur se déchire. J'apparais dans la navette. Ce grand vaisseau qui nous a emmené dans la Cité 2212. Le voyage avait duré un jour où j'avais pleuré tout le long. Pourquoi Est-ce que je dois me remémorer tous ces souvenirs difficiles ?
Priscien : Pourquoi tu pleures ? 
Priscien en plus jeune est là, accroupit devant moi qui pleure. C'est fou ce que nous étions jeunes pourtant ce n'était qu'il y a 5ans. Je me rappelle qu'il était le seule des plus de trois mille enfants à être venu me voir.
Leïa : Laisse-moi.
Priscien: Tu es triste ? 
Leïa : Oui.
Priscien : Parce que tu n'as pas d'amis ? Je peux être ton ami si tu le veux.
La Leïa que j'étais lève sa tête vers son nouvel ami en essuyant ses larmes avec le bout de sa manche. Elle tente de sourire, mais n'y arrive pas. Je me rappelle encore de ce que je me suis dit à ce moment "Un ami, j'en ai besoin".
Leïa : Mes parents vont me manquer.
Priscien eut un mouvement de recul.
Priscien : Pas les miens en tout cas. Ils ne me parlaient jamais. Mais tu sais, ce n'est pas grave, tu vas te faire plein d'amis et tu vas enfin pouvoir faire le métier que tu as choisi. Moi, je vais être médecin, pour soigner les gens. Ca fait 3ans que j'ai appris le métier, j'ai hâte de m'y mettre. Et toi ?  
Leïa : Rédactrice. Pour que les gens soient au courant de tout ce qu'ils se passent. Pour que je leur raconte ce que je sais.

Je ferme les yeux, et me laisse emporté par la fumée qui vient m'emporter une nouvelle fois. Où vais-je atterrir maintenant ?
J'ouvre les yeux. Je suis dans mon bureau, concentrée sur mon travail. Je dirais que j'ai à peu près 14ans, donc que le souvenir est assez récent. La porte fermée, s'ouvre à la volée. C'est Appolo, le chef de la police qui se tient la, visiblement en colère. Leïa n'est pas surprise de son arrivée pourtant c'est la première fois qu'ils se parlent, je m'en souviens très bien.
Leïa : Oui Appolo ? Que me vaut ce plaisir ?
Appolo : C'est bien toi Leïa ?
Leïa : Tout à fait.
Appolo : Je peux savoir pourquoi un article parlant de la mort du garçon retrouvé assassiné par eux se retrouve dans le journal à la portée de tout lecteur alors qu'il m'a bien semblé dire à vos stupides journalistes de ne pas diffuser l'information avant la fin de l'enquête ?
Leïa : Les citoyens ont le droit de savoir ce qu'il se passe dans leur Cité, je ne me voyais pas leur cacher cette information.
Appolo : Eh bien, tu as beau être très jolie, tu es totalement irresponsable.
Il me semblait bien avoir rougis après cette dernière remarque et je remarque enfin que cela était vrai.
Leïa : Je sais ce que je fais merci.
Appolo : Nous deux, ça n'en est pas fini.
Je me souviens que j'avais pensé à lui toute la soirée après cette intervention dans mon bureau. Mais j'ignorais qu'il allait devenir l'homme de ma vie.

J'aimerais tellement me réveiller, arrêter tous ces retours en arrière qui sont à la fois les plus beaux moments de ma vie mais aussi les plus importants. Mais non, j'aperçois encore la fumée qui se jette sur moi.
Il est bientôt l'heure du couvre-feu pourtant Ancha et moi sommes sur le toit de la Cité, seules, devant un magnifique coucher de soleil. Ma meilleure amie à la tête posée sur mon épaule et moi, les cheveux au vent. Je me rends compte que depuis les mariages, je n'avais consacré aucun temps à Ancha. Et maintenant qu'elle a disparu, il est trop tard pour se rattraper et je regrette. Profondément.
Ancha : On est toutes les deux malheureuses ici.
Leïa:  Pas tant que ça. Mes parents me manquent tellement si tu savais.
Ancha : Un jour Leïa, on partira dehors toutes les deux. Tu retrouveras ta famille et moi, je serais libre. Dehors.

Dehors. Dehors. Dehors.

Et enfin, le noir revient.

After WeddingsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant