Chapitre 21- Eden

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Cela fait maintenant trois jours que je suis coincée ici, enfermée sans rien faire, à tourner en boucle, sans rien pour m'occuper. Je suis seule avec mes pensées.
Ma cellule ne comporte qu'un toilette, et une couchette avec un oreiller. Les murs de pierre sont bien isolés, je n'entends pas un bruit. Plusieurs fois par jour, un garçon d'une chevelure très noire et des yeux très noirs vient m'apporter un repas mais il ne me dit pas un mot. Il porte un sac noir sur son épaule à chaque passage et je me suis demandée ce qu'il contenait si ce n'était pas pour moi.
Il faut vraiment que je sache ce qu'il se passe. Vont-ils me libérer un jour ? Me tuer ? Ma pensée s'arrête soudainement sur Louis, mon mari.
Si je meurs, il meurt aussi.
Tiens, ce serait une bonne idée pour venger Emma. Des fois, j'ai l'impression de devenir folle et de la voir près de moi. Souvent elle me chuchote "Suicide Toi, rejoins moi Eden. Tue celui qui m'a trahie". Je deviens complètement folle.
Je veux tellement la revoir, j'aimerais tellement la serrer une nouvelle fois dans mes bras. Respirer sa bonne humeur.
Je me sens affaiblie depuis ces trois jours. J'ai du mal à tenir debout, je suis fatiguée mais je n'arrive pas à fermer l'oeil.
Pourtant, je décide de me lever et de tourner  en rond dans la minuscule pièce. Je me tire les cheveux, et encore une fois je tape sur les murs pour tenter d'appeler quelqu'un. Bien-sûr mes appels restent sans réponse et je pousse un cri désespéré.
Je pars alors m'allonger sur ma couchette sur dos, fixant le plafond.
Et si je ne sortais jamais d'ici ?
C'est impossible, il faut bien que quelqu'un vienne me voir.
Je ne regrette pas ce que j'ai dit aux enterrements. J'espère même que des gens ont pu réfléchir et se rebeller.
Je sais que rien ne ramènera Emma et les quarante-cinq autres personnes parmis nous. Je ne sais même pas ce que j'attends. Avant les mariages je ne faisais pas partie des rebelles de la Cité et maintenant voilà ce que je suis devenue. Ma vie n'a plus aucun sens.
Je me demande si Priscien m'a vue parler sur l'estrade. Sans doute. Se souvient-il de moi ? Il doit me prendre pour une folle qui a perdu la tête. C'est la vérité.
Je soupire et me retourne dans tous les sens, perdue dans mes pensées.
Soudain, un bruit de clé m'interpelle dans le couloir, je me relève. Déjà l'heure de manger ? Je pers la notion du temps ici.
Un garde que je ne connais pas apparaît et laisser entrer une personne dans ma cellule. C'est Louis.
Son visage s'éclaircit lorsqu'il me voit. Il semble triste et fatigué, pourtant il m'offre un grand sourire. Mon coeur se serre. Pourquoi cet homme m'aime t- il ? J'ai passé mes derniers jours à imaginer sa mort, et la mienne cela dit en passant.
Pourtant le voir me fait ressentir une sensation étrange, comme une joie intense non contrôlée.
Louis : Eden...
Sa voix tremble, remplie d'émotion.
Garde : Je vous laisse 15minutes.
Mon mari s'approche de moi et paraît hésiter avant de me serrer dans ses bras. Je sens son odeur parfumée quand ma tête est dans son cou et je me surprends à fermer les yeux. Qu'est ce que ça fait du bien de le revoir. Puis il m'observe 
Louis : J'ai tenté de venir plus tôt, de te faire sortir d'ici. Ils ont enfin compris que je ne pouvais pas vivre sans toi.
Eden : Je...je ne me sens pas bien..
Louis : C'est parce qu'on a été trop éloigné.
Je commence à comprendre pourquoi je me sens mieux d'un coup.
Eden : La puce ?
Il hôche la tête. Mince, rien qu'en étant séparée de lui, je commençais à mourir peu à peu...
Louis : Ça va ?
Eden : Je...je vais mourir ?
Louis : Personne ne s'est manifesté, la police surveille. En t'enfermant elle ne fait que de te protéger.
Eden : Me protéger de quoi ?
Louis : Bah d'eux
Eux ? Que viennent-ils faire dans l'histoire ? Et puis tout s'éclaircit. Je pensais que la police était énervée de mon comportement car j'allais provoquer des soulèvements.  Mais non. Je me rends compte que je les ai provoquer eux. Que suis-je bête! J'ai mis tout le monde en danger!
Eden : Oh non...
Ma voix se brise, je sanglote.
Eden : Je ne...je ne voulais pas...
Louis : Ne t'inquiète pas. Tu es en colère c'est tout.
Je le regarde et je me rends compte que je suis en train de tomber dans son jeu. Je le repousse de mes deux mains, et pars à l'autre bout de la cellule.
Eden : Non ! Je ne serais pas ici si tu ne l'avais pas tuée !
Louis : Écoute Eden, tu ne peux pas me remettre la faute de ton enfermement. 
Eden : C'est toi qui m'a dit d'y aller !
Louis : J'ai pensé que ça pouvait t'aider de parler d'Emma. Je ne pouvais pas savoir que tu allais critiquer notre société.
Près de lui, mes yeux se posent sur le fantôme d'Emma. Je lis sur ses lèvres "Venge-moi"
Eden : Louis...je deviens folle. Complètement folle ! Il faut que je sorte !
Louis: Calme toi Eden...
Eden : Quand est-ce que je sors ?
Louis: Je ne sais pas. Je forcerai si tu veux mais ils préfèrent te garder encore un peu. On ne sait jamais. Je sais que tu te sens seule mais je viendrais plus souvent et...
Eden : Louis je t'en supplie...je...je...
Emma disparaît, elle s'efface lentement. Je panique.
Eden : Fais moi sortir de là !
Louis : Je vais faire tout mon possible Eden. Je te le promets.
C'est alors que le garde revient chercher Louis.
Garde : C'est l'heure d'y aller.
Mon mari ne bouge pas et continue de me regarder en attendant que je dise quelque chose.
Eden : Je t'attends alors...
Il quitte la pièce en me fixant d'un air désolé. Je me retrouve à nouveau seule ici. Je frissonne.

Le temps passe, la nuit tombe ou du moins il me semble. Le profond silence m'empêche de dormir.
Tout à coup un bruit lointain résonne dans la cellule.




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