J'ai fait le tour de tous les appartements de tous les jeunes mariés. Soit plus de mille sept cent portes à passer, et une vingtaine d'étages à aller pour trouver celui d'Ad. Mais en vain, je ne l'ai pas trouvé. Soit je l'ai raté, soit Ad a bel et bien disparu. Cela fait maintenant 6 jours que je ne l'ai pas vu, depuis le jour de la fête ou je l'ai vu dans la salle technologique en train de transférer des données sur la fameuse clé que je veux lui prendre. Il est peut-être chez lui avec sa femme pour profiter comme tout le monde dit en ce moment. Mais de la à ne pas venir travailler pendant trois jours sans même que mes supérieurs ne s'inquiètent de son absence, je trouve ça plutôt étrange.
Et puis, si je le trouve, qu'est ce que je vais faire ? Le prendre en filature ? Lui prendre la clé ? Lui parler ? Aucune idée. Mais j'ai besoin de le voir, d'en savoir plus sur lui. Tout ce que j'ai vu l'autre jour me tourmente.
Je sors la tarte que j'ai préparée de mon four. Beurk, je ne suis décidément pas douée en cuisine. Mon repas est brûlé et est d'une couleur verdâtre. J'ai proposé à James de cuisiner mais il se dit pire que moi et comme il rentre plus tard que moi le soir, il préfère s'occuper de la propreté de notre appartement. Nous nous sommes mis d'accord sur quelques règles de vie pour vivre tous les deux dans une bonne entente. Même si nous vivons plus comme de simples locataires que comme un couple. Depuis notre baiser en salle de mariage, nous n'avons plus aucun contact physique, aucun rapprochement et je sens bien que ça l'agace un peu. Il est gentil, attentionné avec moi mais je sais bien qu'il attend plus que je ne suis prête à lui offrir.
Quand on pense au loup... James arrive enfin de sa journée, le journal de la Cité dirigé par Leïa à la main.
À la une, Eden, la fille qui s'est rebellée hier lors des enterrements. J'étais stupéfaite de son audace, de ce qu'elle a osé dire devant tout le monde, sans avoir peur. J'étais contente de connaître enfin quelqu'un qui pensait comme moi. J'ai trouvé injuste le fait qu'elle est dû être arrêtée car elle exprimait sa pensée, sa colère de son amie morte.
Aujourd'hui, tout le monde ne parle que d'elle. Beaucoup pensent qu'ils vont venir la tuer, comme ils l'ont déjà fait auparavant pour beaucoup de nos pairs, d'autres pensent que la police va tout simplement la garder en cellule avec son mari, afin qu'elle ne recommence pas à critiquer notre société. Son mari qui n'est personne d'autre que Louis, un garçon avec qui je suis sortie pendant 2mois et que j'aimais. Hélas, ce n'était pas réciproque alors on a rompu. Je n'espère pas pour lui qu'il finira sa vie en prison.
Ancha : Dis James...
James : Oui ?
Ancha : Tu en penses quoi de l'histoire d'Eden ?
James: Je ne sais pas trop. Elle a juste pété un câble. Ils vont vite la relâcher.
Je m'en doutais. James ne partage pas les mêmes opinions que moi. Il aime le monde dans lequel nous vivons, il aime sa vie. Alors que mon rêve à moi, c'est de partir d'ici, de visiter la planète, d'aller dans cette grande forêt que je vois de l'autre côté de la clôture lorsque je monte sur le toit. Je me demande si Eden pense à ça quand elle parle de liberté...Le lendemain, quand j'arrive au travail une bonne surprise m'attend : Je tombe nez à nez avec Ad lorsque la porte se déverrouille pour me laisser entrer. Il fait ma taille alors nos regards se fixent comme si nous savions tous les deux quelque chose que nous n'osons pas dire.
Vite Ancha, dis lui quelque chose avant qu'il ne parte ! Il ne faut pas qu'il s'échappe une fois de plus.
Ancha : Tiens Ad ! Tu es revenu.
Il plisse les yeux, se méfiant de moi. J'essaye d'aborder un sujet banal pour commencer en douceur la conversation.
Ancha: Comment s'est passé ton mariage ?
À cette question, ces yeux s'agrandissent et sa tête se tourne de tous les côtés, vérifiant si quelqu'un a entendu ce que j'ai dit. Puis, il attrape violemment mon bras. Je me défends
Ancha: Eh ! Lâche moi !
Ad : Suis moi.
Il me tire dans la direction inverse de notre salle de travail où nous nous sommes trouvés. Sa main serre très fort mon poignet. Je ne connais pas ce garçon, il me fait mal, et je ne sais pas où il m'emmène. Il peut être dangereux mais je le suis quand même, trop curieuse de ce qu'il a à me dire. Je ne vois pas du tout où nous allons. Nous sommes dans des petits couloirs plongés dans l'obscurité, et nous tournons à chaque bout de couloir. Pendant les longues minutes de marche, il ne me lâche pas.
Nous arrivons devant une petite porte qu'il ouvre manuellement sans l'aide de son code sur son avant-bras. Ceci m'étonne car les portes comme ça sont très rares dans la Cité.
À l'intérieur, une sorte de petit placard. Il m'y pousse et il nous enferme dedans une fois qu'il y est entré. Je commence à avoir peur de lui.
Ancha: Qu est ce que tu fais ? Pourquoi sommes nous ici ?
Ad : C'est un endroit non surveillé ici.
Ancha : Qu est ce que tu voulais me dire ?
Ad : Ancha. Tu crois que je n'ai pas remarqué ton petit jeu ? Je sais que tu me suis partout.
Comment m'a t- il repérée ? J'étais tellement discrète ! Et j'ai fait attention !
Ad : Écoute, je sais que tu sais ce que je fais. Je m'en fiche. Je sais que tu ne vas pas me dénoncer car toi aussi tu as des choses à te reprocher.
Il pense vraiment que je sais ce qu'il fait ? En tout cas, je suis en position de force et il faut que je puisse en profiter.
Ancha : Alors...explique moi pourquoi tu fais ça.
Ad : Pour être libre ! En piratant le système de la Cité, comme ça peu à peu, nous atteignons un bout de notre liberté.
Ce qu'il dit m'intéresse beaucoup. Mais je ne comprends rien du tout à ce qu'il raconte. Pirater le système de la Cité ? C'est impossible ! Il faut être un génie pour pouvoir faire ça et puis être très discret pour qu'ils n'en savent rien !
Ancha : Mais...comment ?
Ad : J'ai déjà empêché mon mariage. J'ai déjà un bout de ma liberté.
Ancha : Tu veux dire que...que tu n'es pas marié ?
Comment a t-il pu empêcher son propre mariage ? Tout cela me semble complètement irréaliste ! C'est alors que je me souviens des séries de nombres qu'il regardait l'autre jour sur son écran. Les séries de nombres qui correspondent à chaque citoyen. Puis celle qui supprime...oui. Il s'est supprimé des données des robots, de la Cité ! Quelle idée ingénieuse ! J'en suis fascinée!
Il hoche la tête
Ad : Et oui. Pas marié. Pas reconnu par la Cité. Bien-sûr j'essaye de me faire discret mais J'ai un plan pour survivre.
Et comme je n'ajoute rien, de plus en plus étonnée par ce qu'il dit, il se rapproche de moi lentement, et me chuchote à l'oreille
Ad: Et si je te disais que je pourrais te faire sortir de la Cité, ça t'intéresserait ?
Et comme je reste paralysée de cette proposition, il me sourit et disparaît.
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After Weddings
Science FictionDans les cités, à l'âge de 15ans les adolescents doivent être mariés, sinon leur époux leur est imposé... À une semaine du grand jour, Leïa est heureuse de se marier avec Appolo. Ancha sa meilleure amie, quant à elle, n'a toujours pas trouver son fu...