Chapitre 10

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Sehun

Toujours serré contre Eun-ha, je laisse libre court à mes émotions. Et ces émotions, cela fait longtemps qu’elles veulent sortir. Pourtant, depuis qu’Eun-ha est là, c’est encore pire. Le peu de contrôle que j’avais est partit quand elle est arrivée et depuis c’est la roue libre. Elle a tout chamboulé, tout laissé échapper. J’aimerai dire que je la déteste pour ça mais ce n’est pas le cas. J’aimerai dire que je déteste ce qui est en train de se passer mais c’est faux.

Depuis presque trois ans, c’est la première fois que je suis bien là où je suis. Dans les bras d’Eun-ha où je pleure comme je n’ai jamais pu et voulu pleurer depuis ce jour à l’hôpital. Je pleure mes jambes, évidemment, mais aussi ma séparation avec EXO, la douleur de la distance, la souffrance de l’inutilité et du poids que je représente. Car Eun-ha a raison sur toute la ligne. Je souffre de ne plus être l’ancien moi, je souffre de me sentir inutile. Depuis ce jour, la souffrance mais aussi la peur et la colère ne m’ont plus quitté. La peur parce que tout mon monde, tout ce que j’étais, tout ce que j’avais, tout mon univers s’est écroulé, à disparut, détruit en un instant. Aspiré par le grand trou noir de la vie, je me suis rendu compte à ce moment-là de la futilité, de la fragilité de cette vie. Oui, bien sûr que mes frères étaient là pour moi, bien sûr que j’avais le soutient des fans, bien sûr que j’étais épaulé, c’est vrai. Mais personne ne peut rien faire quand vous n’avez plus de valeurs à vos propres yeux. La perte de mes jambes, le fait de ne plus pouvoir marcher, danser, monter sur scène, toutes ces choses ont été un arrachement et une douleur horrible mais rien comparé au sentiment de culpabilité. Car si ce n’était pas de ma faute que la scène s’effondre, c’est de ma faute si aujourd’hui je ne suis pas rétabli. C’est de ma faute si je n’ai pas trouvé la force en moi de faire marcher mes jambes.  

La seule chose pour laquelle Eun-ha a tort c’est que je sais à quel point la perte de mes jambes a été dure pas seulement pour moi mais aussi pour eux. Et je me déteste de leur avoir infligé ça.

Je ne veux pas bouger, je veux rester comme ça car je sais que dès que je sortirais de ses bras, je redeviendrais l’inapprochable Sehun. Je sais que je vais me refermer et je n’en ai pas envie. Pas tout de suite. Parce que dans cette vie où tout s’est écroulé, j’ai envie de croire qu’Eun-ha puisse être cette personne qui reste, qui est là, comme promis. Hors je sais que pour ça, je dois m’ouvrir un minimum et arrêter de la blesser à chaque mot prononcé. J’ai peur de ne pas en être capable, de la faire fuir aussi. J’ai désespérément envie de croire en sa promesse, de lui faire confiance.

Je me blottis contre elle, un peu plus, et en tremblant je lâche ces mots qui m’oppressent :

- Depuis que j’ai fuis aux USA, car oui, le terme est bien fuir, je suis seul. Je pourrai dire que je l’ai choisi mais maintenant j’ai envie d’honnêteté : la vérité c’est que je me suis imposé cette solitude qui me pèse et m’enfonce. Quand tout s’est écroulé et que rien ne semblait capable de me relever j’ai fuis pour ne pas être un poids pour les membres, c’est vrai mais aussi parce que je pensais que je pourrais mieux gérer toute cette douleur et cette frustration seul, loin de tout. Je me disais que si je m’éloignais d’eux, je ne verrais plus ce qui me manque tant ni ce que je me détestais d’être devenu. Mais ça n’a rien arrangé. Rien du tout. J’ai moi-même fait tomber les dernières choses qui me maintenaient debout. J’ai fuis et je me suis retrouvé seul, seul avec moi-même. Tu n’as pas idée de quel cercle vicieux ça peut-être. Tu te persuades que tu ne veux personne, que tu n’as besoin de personne, que tu es mieux seul et quand tu te rends compte que ce n’est pas le cas, c’est trop tard. Tu es empêtré dans ta souffrance, dans ta solitude, incapable de laisser la moindre personne entrer. Tu te détestes deux fois plus pour ce que tu es, tu détestes la vie pour ce qu’elle a fait de toi. Tu maudis tout ce que tu peux maudire autour de toi et quand c’est fini, il ne te reste plus qu’à maudire l’être mort, seul, inutile et pathétique que tu es devenu.

LE PRIX DE NOS VIES [FF EXO-SEHUN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant