Chapitre 2

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Sehun

Je regarde le jardin de ma fenêtre. Depuis que je suis dans cette maison, je n’y ai jamais mis les pieds. J’ai jamais été un « proche de la nature » et de toute façon c’est trop compliqué que s’y déplacer en fauteuil roulant. C’est plein de vie, de mouvement et depuis « l’accident » je ne supporte plus. Ca me rappelle que je suis bloqué dans ce foutu fauteuil et que peut-être, je ne marcherais ni danserais plus jamais.

Je reste comme ça encore un moment. Ce n’est pas comme si j’avais grand-chose à faire de mes journées. Les gars me conseillent de m’occuper mais je ne veux rien faire. Je ne peux rien faire. Je suis cloué sur place, même ma vie n’avance plus.

Quelle heure est-il ? Un peu plus de dix-neuf heures. Pia ne va pas tarder à passer. Chanyeol m’avait prévenu qu’elle était aux USA pour le boulot et quand elle est là, elle passe toujours. Etrangement, c’est celle qui me dérange le moins. Peut-être parce que c’est la femme de Jongdae, parce que je la considère un peu comme ma grande-sœur, ou juste parce c’est, de toute ma « famille », celle qui me rappelle le moins mon ancienne vie. Toujours est-il qu’elle va passer et que même si c’est celle que je supporte le plus, ça ne veut pas dire que je sois heureux de sa visite. Elle va me donner des nouvelles, prendre des miennes puis finir par me parler de ma vie, de me dire de me bouger… mais bouger justement je ne peux plus. C’est ironique non ?

Je me passe nerveusement la main dans les cheveux. Ils ont beaucoup trop poussés, il faut que je les fasse couper, ce qui veut dire une nouvelle personne dans ma maison. Ça m’énerve d’avance.

Je soupire encore, et lentement, pousse mon fauteuil jusqu’au salon vide. Je vais l’attendre ici, au plus près de l’entrée elle sera, au plus vite elle partira.

Je remarque une trace de pied sur le sol blanc seulement salit des marques de roues laissées par le fauteuil. Ça doit être se satané livreur de pizza… il ne fait jamais attention. Encore un soupir puis je me penche pour frotter la tâche. J’aimerai bien laisser des marques comme ça moi aussi… Sans ce stupide accident j’en laisserais aussi…

Ce stupide accident…

17 février 2016

La foule hurle, chante, hystérique.

Je saute et danse comme si ma vie en dépendait. Car c’est sur cette scène que je me sens le plus vivant, le plus libre. Je rap et la foule reprend mes mots en cœur, ils les scandent remplissant mon cœur d’un sentiment indéfinissable mais indéniablement puissant. Je me donne à fond, je transpire mais pour rien au monde je n’échangerais de place. Car ma place est sur scène, près d’EXO, près des EXO-L.

Pourtant, d’un coup, sans que rien ne l’annonce, un pan de la scène s’écroule et moi avec.

Je me sens perdre pieds, je suis seulement conscient de mon corps. Le monde extérieur disparait pour ne plus laisser place qu’à la sensation écrasante d’un poids sur mes jambes. Mes jambes. Non. Je panique, j’étouffe. J’ai peur. Je veux pleurer mais je n’en ai même pas la force. Pourtant, avant de sombrer dans l’inconscience, j’ai le temps de me poser une dernière question :

Pourquoi je ne sens plus mes jambes ?

Je me réveille dans un hôpital. Tout est blanc, froid, mort. Je suis seul, seul avec la peur et la panique que je sens monter en moi, ravageant tout sur son passage. Je me souviens de tout mais peut-être aurais-je préféré oublier.

Avec une lenteur extrême, je me redresse et avance ma main vers mes jambes. Je la pose dessus, pince doucement et pousse un soupir de soulagement mêlé de larmes : je sens le pincement. Je tremble, je dois me calmer. La peur doucement, reflue. Il y a de l’eau sur la table à coté mais elle est trop loin, je dois aller la chercher. Alors je tente de sortir de mon lit mais mes jambes refusent de bouger.

LE PRIX DE NOS VIES [FF EXO-SEHUN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant