« Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront,
Car c'est pour eux qu'on crève.
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève... »La Chanson de Craonne, printemps 1917
Song : River Ed Sheeran feat Eminem
Le week-end arriva et chacun, sauf Samantha, rentra dans sa famille. Peu d'étudiants s'étaient rendus aux cours. La police était partout, contrôlant les cartes d'identités, demandant des renseignements sur les élèves qui fuyaient presque.
Hortense avait prévu de se prélasser tout le week-end malgré les regards mauvais de la gouvernante qui désirait qu'elle travaille pour ses cours. Mais à dire vrai, Hortense avait séché la moitié de ses cours cette semaine-là. Yasmine ne pouvait pas assister à tous les cours car certains professeurs avaient interdit l'accès. Des vigiles avec leur brassière aux couleurs de la patrie se tenaient devant les portes et vérifiaient les cartes d'étudiants à l'aide de lecteurs. Du coup, les étudiants devaient se ranger en file avant de se faire contrôler et ce genre de petit cinéma agaçait Hortense. Elle n'avait plus vraiment l'impression d'être dans un pays libre.
De plus, ce sentiment semblait être partagé. Les rues d'habitude si bondées étaient devenues vides. Et la jeune rouquine n'avait pas vraiment l'envie de se promener en ville au risque de croiser des policiers embarquant des jeunes qui n'avaient pas leurs papiers comme elle l'avait vu, un jour, en allant faire ses courses.
Un incident était survenu pendant la semaine. Hortense était sortie pour faire des courses et des jeunes d'Afrique centrale étaient alignés, face contre le mur, subissant une vérification de leurs papiers.
- Les mains contre le mur! aboya l'un des policiers en frappant la main d'un des jeunes contre la brique pour qu'il tienne en place.
Alors que Hortense observait la scène, la colère montant dans ses joues, elle aperçu un des étudiants tenter de prendre la fuite. Il portait une croix catholique en guise de médaillon et une veste de costard par dessus son col roulé.
À peine avait-il fait trois mètres qu'un policier ordonna à son chien de l'attaquer.
Des cris s'élevèrent dans la foule et Hortense paniquée voulu parler à l'agent. Des bras la retinrent mais elle hurla tout de même:
- Mais retenez-le! Il ne vous a rien fait! Retenez votre monstre!
Les policiers lui jetèrent un regard noir et l'un d'eux s'avança à son aise pour récupérer le chien. Le garçon se débattait, son livre de théologie lui servant de bouclier contre son assaillant. L'un des autres étudiants de couleur se retourna pour surveiller comment s'en sortait son ami mais le policier lui flanqua un coup de matraque derrière les genoux. Il bascula au sol dans un râle de douleur.
La rage étouffa Hortense qui voulu se lancer pour arrêter le flic mais à nouveau la personne à côté d'elle l'en empêcha.
- Arrête! Tu es folle! Tu vas faire quoi? Aller en prison toi aussi? C'est perdu d'avance! Fais profil bas et rentre chez toi.
La rousse dégagea son bras et se retourna pour voir qui lui parlait. C'était un mec de son auditoire à qui elle n'avait jamais parlé.
VOUS LISEZ
La peur de l'autre
AksiAttentats, décrets ouvertement racistes, disparitions étranges... Hortense et Diane ne se connaissent pas et pourtant leurs vies basculent en même temps, le jour où le pays dans lequel elles vivent sombre dans la guerre. Chacune se voit investie d...