"Je ne veux pas prier d'être protégé des dangers
mais de pouvoir les affronter"
RabinDranath Tagore
Plusieurs jours étaient passés depuis que le meilleur ami de Nathan avait élu domicile dans la colocation. Alicia qui dormait toujours derrière son divan se plaignait du bruit que faisait Estéban la nuit à cause de ses insomnies.
- Tu sais, il fait comme s'il n'en avait rien à foutre, fit remarquer un jour Alicia pendant qu'elle pliait le linge que lui avait lavé Ludmilla, la gouvernante d'Hortense. Mais le soir je l'entends envoyer des sms et s'énerver. Je pense qu'il tente d'en savoir plus sur la situation de son père.
- Ça ne nous regarde pas, éluda Hortense qui n'avait pas envie de parler de lui.
- Oui mais ça pourrait. Ta gouvernante n'est pas d'ici et moi non plus.
Le regard bleu-gris d'Hortense observa son amie d'origine italienne.
- C'est vrai. Mais on ne laissera personne vous emmener, nous.
- Je sens que ça va mal tourner, Hortense. Ça va péter. Et vous ne pourrez pas nous protéger. Si ça continue, on n'aura même pas d'avenir...
C'est vrai que Hortense et Yasmine commençait à vraiment paniquer en voyant que les cours étaient trop souvent suspendus malgré l'approche des examens de janvier. Quant à Samantha, on la voyait rarement en dehors de sa chambre. Mais on savait qu'elle pleurait souvent. Ses yeux rougis au milieu de son si beau visage couleur café faisait mal au cœur. Elle qui était si assidue lors de ses études se retrouvait à étudier des slides envoyés par mail par son professeur. D'après Nathan, cela avait été interdit par le doyen. C'est pour ça que tout se faisait à présent par mails privés et non plus par la boite de réception de l'université.
- Les filles ! s'écria Cindy en débarquant dans sa chambre. Il vient d'y avoir un attentat à la capitale ! Venez, ça passe à la télévision !
La rousse et la brune lâchèrent les vêtements qu'elles tenaient pour se précipiter vers le salon. Estéban, affalé dans le fauteuil, prenait plus de place qu'il n'en avait besoin.
- Mais bouge ! s'énerva Cindy en poussant sa jambe. Nous aussi on veut s'asseoir !
La tension rendait les colocataires irritables. Tout le monde se marchait dessus. On perdait l'espoir de pouvoir à nouveau revivre normalement.
- C'est horrible..., souffla Hortense les yeux rivés sur la télévision. Qu'est-ce qui s'est passé ?
Le flash spécial diffusait des images de personnes ensanglantées s'enfuyant de la gare Centrale. Des secours se pressaient pour évacuer et donner les premiers soins.
- Un attentat qui serait apparemment revendiqué par un groupe islamiste..., informait la journaliste sur place, la main sur l'oreillette. Le pays est passé au niveau d'alerte 4...
Alicia fut la première à craquer et à pleurer, le visage caché dans ses mains. Cindy se leva pour la serrer contre elle, les larmes aux yeux. La situation dehors devenait insupportable...
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La peur de l'autre
AksiAttentats, décrets ouvertement racistes, disparitions étranges... Hortense et Diane ne se connaissent pas et pourtant leurs vies basculent en même temps, le jour où le pays dans lequel elles vivent sombre dans la guerre. Chacune se voit investie d...