Chapitre 11 - Attentat

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  " Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements."    

Charles Darwin

           Le palais Royal n'avait pas été décoré cette année. La mère de Maxent broyait du noir, son père s'enfermait dans son bureau. Il ne formait pas son fils héritier. Diane le soupçonnait de penser qu'ils étaient les nouveaux tsars de Russie et d'avoir jeté l'éponge. Comme s'il était certain qu'ils ne survivraient pas et que Maxent ne serait jamais sur le trône du Pays. Même le personnel sursautait au moindre bruit, paniquant à l'idée qu'une bombe tombe sur le palais.

          Mais Diane ne ressentait pas vraiment le stress. Elle ressentait l'adrénaline mais elle n'avait pas cette petite voix qui lui répétait « et si... ». Sa tête était vide, ses pensées étaient claires. Elle avait enseigné le morse à Maxent, elle lui avait montré une façon de coder, elle l'avait formé au self défense et avait inclus quelques pas de Krav Maga pour faire plaisir à sa virilité. Il avait développé des muscles qu'il ne soupçonnait pas, se plaignant chaque matin de nouvelles courbatures.

- Mon fils, ne perds pas ton temps avec ces histoires, lui avait ordonné sa mère. Elle est là pour te protéger, pas pour t'enseigner comment te bagarrer comme un vulgaire délinquant.

- C'est pour vous défendre vous que j'apprends ça, lui susurrait Maxent, ses mains contre son torse à lui.

Ensuite, il lui embrassait le front et repartait à son bureau étudier ses codes.

- Tu ne peux pas passer ton temps à étudier ces frivolités, s'énervait son oncle quand il venait manger chez eux. Tu dois t'améliorer en allemand et en anglais. Si la guerre éclate, ce seront nos seuls alliés. Avec le Gouvernement actuel, il n'y a qu'eux qui seront d'un réel secours. Si l'Europe se retourne contre nous, eux seuls pourront te mettre à l'abri et de donner une nouvelle identité !

- Heureusement nous n'en sommes pas encore là, se moquait discrètement Maxent. Détendez-vous, nous ne sommes pas étranger, ce n'est pas nous qui risquons de disparaître en pleine nuit. N'est-ce pas, papa ?

Son père secoua la tête, las.

- Ne plaisante pas avec ça, Maxent. Tu sais que c'est grave.

- Bien sûr que c'est grave. Mais personne n'en parle à la télévision. Ni ici. C'est le cuisinier qui m'a avoué être anxieux pour sa famille. C'est dingue, non ? Que personne n'en parle ? Des familles d'origines étrangères disparaissent sans que nous ne soyons au courant. Si notre palais se vidait tout à coup, vous pensez que ça ferait la couverture d'un magazine ?

        Son ton insinuait qu'il soupçonnait un complot et accusait son père mais celui-ci chipotait dans son assiette sans manger. Sa mère également observait son plat sans appétit. Diane avait dévoré sa viande et s'en resservait sans avoir touché aux légumes, inattentive à la question du Prince. La femme de son oncle regardait sa mère avec compassion pendant que son oncle soupirait d'ennui à l'écoute de ses paroles.

- Eh bien. Quels bons dirigeants sommes-nous, ironisa Maxent. Vous m'excuserez, je préfère étudier des frivolités.

        Diane, la bouche pleine, le regarda s'éloigner de la table et quitter la pièce. Elle pesa le pour et le contre entre le suivre ou terminer son repas. Un coup d'œil à l'assemblée lui permis de voir que personne ne lui prêtait attention et qu'il restait encore beaucoup de rôti de biche.

La peur de l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant