Chapitre 20 : Toxique

64 11 1
                                    

Du poison. C'était ce qui était en train de diffuser dans tout mon organisme. D'habitude, après quelques minutes de souffrance, j'étais de nouveau d'aplomb. Mais cette fois-ci, ce n'était pas un poison commun. Non, c'était un des rares poisons toxiques pour moi. Petit à petit, je perdais des forces, je sentais mon corps s'affaiblir tout en essayant de se battre. Je récupérai suffisamment d'énergie pour entrouvrir les yeux. Les formes étaient bien trop floues pour que je sois sûre de ce que je voyais, mais j'étais persuadée qu'il s'agissait d'Alaric. D'ailleurs, cette voix, ça ressemblait à la sienne. Mais c'était difficile à dire. C'était comme si je l'entendais de loin et d'une autre pièce. Sous l'effet du poison, mes sens n'étaient plus aussi surdéveloppés.

Il y avait sûrement Marilyn et Chernobog. En tout cas, ils essayaient de communiquer avec Alaric. Encore une fois, j'étais incapable de discerner le moindre mot. Et la douleur ne m'aidait pas à me concentrer. Elle me lançait constamment et je n'avais même plus l'énergie de me tordre à chaque impulsion.

Je ne suivais plus rien, je ne comprenais plus rien à la situation. Puis de vives lumières m'obstruèrent la vue. Ils étaient probablement en train d'utiliser toutes les ressources magiques à leur disposition. J'ignorais combien de temps ça avait duré. J'avais entendu des cris durant de longues minutes puis des formes floues se mouvoir. Mais je ne comprenais rien et exténuée, je fermai les yeux. Peut-être que je ne les ouvrirais plus jamais... Après tout, Alaric savait comme me tuer, j'avais peu de chance de m'en sortir...

*

Je me sentais lourde et il ne devait me rester plus que quelque temps avant de disparaître totalement. Puisant dans mes réserves, j'ouvris péniblement les yeux, mais encore une fois, je fus incapable de discerner quoi que ce fût de concret. Néanmoins, je n'étais plus au même endroit. Ce n'était plus l'horloge et ça ressemblait beaucoup à la demeure de Chernobog. Puis j'aperçus une silhouette. Une grande et fine silhouette. Probablement Marilyn.

Elle s'approcha de moi et déposa un bout de tissu sur mon front. Elle m'expliqua sûrement ce qu'elle était en train de faire, mais je fus incapable de comprendre le moindre mot. Tous mes sens étaient complètement bousillés et jamais je ne m'étais sentie aussi faible.

D'ailleurs, mon état était peut-être bien trop catastrophique pour que j'espère la moindre rémission. Mon corps avait attaqué de plein fouet et même le meilleur remède magique ne pourrait rien y faire. Même Marilyn ne pourrait rien y faire. Et pourtant, elle avait le potentiel et les connaissances nécessaires pour pouvoir changer le monde. Oui, j'en étais persuadée. Marilyn arriverait à faire bouger les choses, même si elle devait user de la violence. Après tout, elle n'avait pas vraiment le choix.

Quant à Chernobog, je ne me faisais pas de soucis pour lui. Il avait toujours réussi à se débrouiller. Quelle que soit la situation désormais, il ne serait prisonnier nulle part.

De nouveau, je sentais la douleur qui lançait chaque parcelle de mon corps et j'avais de plus en plus de mal à lutter contre. Néanmoins, j'eus assez d'énergie pour laisser échapper un bref gémissement. Ceci sembla interpeller Marilyn. Du moins, j'en avais l'impression. Je n'étais même plus certaine de rien. Puis, je réussis enfin à percevoir quelques-uns de ses mots :

— Je suis désolée Lilith, lâcha-t-elle dans un murmure. Je n'ai rien pu faire de mieux... Sache juste qu'on a réussi à arrêter Alaric, il ne posera plus de problèmes pour quiconque.

Elle s'empara de ma main et j'étais persuadée qu'elle souriait, au moins par compassion. En tout cas, je préférais garder cette image à l'esprit en fermant les yeux. Peut-être que c'était mieux ainsi...

Downfall | TOME 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant