Chapitre 3 : L'évolution

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Le bruit métallique des chaînes frappant le mur résonnait dans mon esprit et s'enchaînait encore et encore. Et quand ce n'était pas ça, les cris prenaient le dessus. Les pleurs aussi. Toute forme de désespoir perceptible...

Alors dans la noirceur de ces nuits-là, je murmurai quelques mots :

— Je vous en prie... Libérez-moi...

Il caressa délicatement ma joue, me laissant espérer que cette fois-ci, il me délivrerait, mais une claque me prouva aussitôt le contraire. Et de nouveau l'obscurité...

Les cris reprirent le dessus... Dépitée, j'en avais perdu toute ma force.

Soudainement, mes yeux s'ouvrirent, perturbés par la lumière perçante du soleil qui traversait les cadrans de l'horloge. Le jour venait tout juste de se lever et je ne m'étais même pas rendu compte que je m'étais assoupie ici.

Je me relevai et observai la ville jusqu'à l'horizon. Rien n'avait changé et pourtant, les récents évènements laissaient présager le pire.

Ce papillon était encore gravé dans mon esprit et n'avait fait que raviver de vieux souvenirs, ceux que j'avais tenté tant bien que mal de dissimuler.

Peut-être vaudrait-il que je rentre chez moi au lieu de me torturer avec toutes ces pensées. Enfin, ça n'allait pas me quitter de sitôt, mais je pourrais toujours y réfléchir plus librement chez moi.

Bien que je n'y aille pas souvent, j'avais, comme tout le monde, un "chez-moi". Je n'étais sûrement pas assez superficielle pour y passer toute ma vie. Jamais je ne rentrerais dans ces foutues cases...

Dès que je franchis le seuil de ma demeure, Cecilia s'approcha de moi, un plateau en main. Je pensais qu'après ma longue absence elle serait partie, j'avais tort...

— Est-ce qu'un thé vous plaira ? lança-t-elle amicalement.

— Cecilia, commençai-je dans un soupir en faisant quelques pas.

Je déposai mon fusil dans une armoire pour me tourner vers elle. Son sourire ne faiblit pas. Elle était toujours aussi rayonnante malgré mon humeur.

— Je t'ai déjà dit que tu étais libre de partir, poursuivis-je en croisant mes bras.

— Mais je ne veux pas partir, rétorqua-t-elle d'une douce voix. Vous m'avez sauvé la vie, jamais je ne vous en serai assez reconnaissante.

— Je ne t'ai pas sauvé la vie, je t'ai juste libérée, la rectifiai-je d'une voix grave. Rien ne t'empêche de voler de tes propres ailes désormais.

Elle tenait toujours aussi fermement son plateau, gardant une parfaite maîtrise de ses gestes.

— Je n'ai nulle part où aller et je ne tiendrai pas longtemps, tenta-t-elle de justifier son manque d'initiative.

— Tu peux t'en sortir, tu as énormément de capacités. J'étais dans ton cas et pourtant, je m'en suis plutôt bien sortie.

— Ce n'est pas la même situation...

— Je ne vois pas la différence, répliquai-je assez froidement.

Sans même lui laisser le temps de répliquer, j'emboîtai le pas vers mon bureau. Je n'avais jamais cessé de lui répéter qu'elle était libre et que plus rien ne la contraignait à rester ici, pourtant, elle persistait. Chaque jour elle s'entêtait en se trouvant de nouvelles raisons toutes plus futiles les unes que les autres...

Quelques bruits me perturbèrent bien rapidement. Les craquements du parquet, des pas... Quelqu'un était là. Je pris une longue inspiration, m'apprêtant à me défendre, et me retournai dans ce brusque élan pour attraper le bras qui se dirigeait vers moi.

Downfall | TOME 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant