Chapitre 5 : Enchaîner les tempêtes

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Elle nous toisait, immobile. Elle semblait se délecter de la situation, il suffisait d'apercevoir son sourire mesquin pour le comprendre. Après ce court silence – qui m'avait paru durer une éternité –, elle s'approcha de nous et à chaque claquement de ses talons sur le carrelage glaçant, mon cœur se resserrait, comprenant qu'elle n'était vraiment plus celle que je connaissais. Lorsqu'elle fut enfin face à nous, ma respiration s'accéléra.

— Ça faisait longtemps que je ne vous avais pas vu vous deux, lança-t-elle d'un air presque fier.

J'aurais pu tenter de m'enfuir, si seulement je n'étais pas soudainement paralysée. Cependant, j'ignorais s'il la cause était sentimentale ou magique. Après tout, Marilyn était désormais une experte en manipulation, elle ne cessait de le prouver chaque jour. L'image que j'avais de cette innocente petite fille avait disparu depuis longtemps. Marilyn avait abandonné sa naïveté et ses faiblesses – tout comme moi –, mais elle s'était perdue dans l'anarchie et rien ne pourrait la sauver...

— On a besoin de te parler, annonça Chernobog fermement.

— Je n'ai pas à vous parler, rétorqua-t-elle. Nos contacts sont morts en même temps que Sparrington. Maintenant, j'ai d'autres choses à faire. Je n'ai pas de temps à perdre avec des personnes de votre sorte.

Elle s'apprêtait à faire un signe de main, mais ma bouche prit alors le dessus, laissant échapper quelques mots – sûrement désespérés.

— Snuumura !

J'aurais pu articuler une phrase complète, si seulement ma gorge ne s'était pas nouée. Pourtant, ce fut suffisamment pour qu'elle s'arrête et que son regard s'assombrit à mon égard.

— D'où sors-tu ce nom ? m'interrogea-t-elle froidement néanmoins en haussant le ton.

Aucun son ne sortit, encore une fois. La voir dans un tel état était plus que terrifiant. J'aurais dû effacer ce souvenir que j'avais d'elle, tout comme je l'avais du reste. Sparrington était du passé... et c'était sûrement la première fois que je le regrettais.

— Tu ne veux pas me répondre. Bien. Je vais alors pouvoir m'amuser avec vous deux.

Elle dirigea son index et son majeur vers un groupe de gardes qui s'empressa de nous jeter au sol, faisant cogner douloureusement mon front au carrelage. La douleur se propagea le temps d'un instant dans le reste de mon corps pour finalement disparaître aussitôt.

— Et des papillons ? tentai-je d'articuler, les dents serrées. Ça ne te dit rien ?

Elle se figea et les gardes firent de même. En levant ma tête vers la sienne, j'avais comme l'impression que son visage s'était soudainement mis à blêmir. Elle savait quelque chose, c'était plus qu'une certitude désormais.

Elle fit un rapide geste de la tête et les gardes revinrent s'occuper de nous. Ils nous obligèrent à nous lever puis nous conduisirent dans une sombre petite pièce. J'ignorais où tout cela allait nous mener, mais il était maintenant trop tard pour faire marche arrière. Nous avions voulu la merde, nous y voilà.

Rapidement, elle ordonna aux gardes de s'en aller, nous laissant ainsi seuls à ses côtés. N'importe qui pourrait penser qu'elle était désormais vulnérable, que plus rien ne nous retenait pour nous enfuir, et vous auriez complètement tort. Marilyn n'était pas invincible, mais elle savait utiliser ses capacités à son avantage, pas forcément à bon escient.

— Snuumura, des papillons et je ne crois pas aux coïncidences, alors développez, annonça-t-elle froidement.

— Il y avait également une énergie démoniaque très présente près de... des victimes, expliqua Chernobog.

Downfall | TOME 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant