Chapitre 6 : Au milieu de deux bordels

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— Ne t'en fais pas Quinn, on s'en sortira...

— Non... On va mourir ici, couina-t-elle. C'est fini... On ne peut pas...

Elle serra ma main fortement, plantant ses ongles dans ma peau, puis ce furent ses larmes qui me touchèrent.

— Ne m'abandonne pas, me supplia-t-elle.

Mes yeux s'ouvrirent subitement et ces quelques souvenirs s'évanouirent aussitôt dans les méandres du passé. Une bien lointaine époque... Enfin, pas assez lointaine pour l'oublier.

Cependant, le soulagement n'était pas encore pour maintenant. Face à moi se trouvait Chernobog, un sourire en coin. Que faisait-il ici ? J'avais presque l'impression d'être prise au dépourvu.

— Ça m'a tout l'air d'un cauchemar Camélia, lança-t-il d'un air mesquin.

— Lilith, soupirai-je. Et très drôle Chester... On n'a pas que ça à foutre.

Je me levai, ignorant ses rires à peine masqués, puis me saisis de mon arme fétiche – dont Marilyn avait eu l'étrange gentillesse de ramener chez moi par le biais de ses gardes. J'allais avoir vraiment besoin de mon fusil parce que cette journée ne prévoyait pas d'être facile, tout ça pour rallier Marilyn à notre cause.

— Le point de rendez-vous était chez moi, pas à l'horloge, lâchai-je froidement pour calmer ses ardeurs. Je crois que tu n'assimiles pas bien les consignes.

— Tu n'étais pas chez toi, me rectifia-t-il sans la moindre honte.

— Tu aurais pu attendre, rétorquai-je aussitôt.

Si la journée commençait comme ça, jamais nous n'y arriverions. Déjà que notre accord était assez bancal...

— Bon, on y va ? ajoutai-je pour empêcher toute autre divagation.

— D'accord chef, déclara-t-il pour se moquer.

Immédiatement, je lui jetai le regard le plus sombre que je pouvais adopter, mais je n'eus que pour seule réponse un sourcillement. Il pouvait paraître aussi insensible qu'il le voulait tant qu'il le pouvait encore. Il n'avait tout simplement pas la force de s'opposer à moi.

En quelques minutes, nous avions trouvé l'emplacement du repère du Corbeau, ce qui ne fut pas compliqué étant donné que nous avions celui de Marilyn. Tous les deux usaient de techniques magiques similaires pour cacher leur position. C'était ainsi que nous nous retrouvâmes face à une grande double porte d'un bois assez sombre.

— Alors on fait la même chose que la dernière fois et on foire tout ? demanda-t-il, assez ironiquement.

— Ce serait totalement stupide. Il y a forcément un meilleur moyen de pouvoir entrer en contact avec lui. On va utiliser la diplomatie cette fois-ci.

Alors que je m'apprêtais à frapper à la porte, il se saisit de mon poignet pour m'en empêcher.

— Il ne va pas nous écouter ! s'exclama-t-il.

— Avec diplomatie, tout est possible ! le contredis-je.

— Tu n'y connais rien. Je connais mieux ces gens-là que toi !

— On est dans la même classe, ça ne change absolument rien !

J'allais poursuivre cette altercation lorsqu'une fine aiguille toucha ma nuque. Rapidement, tout devint noir...

*

Voilà que ma tête me lancinait encore une fois, comme si elle allait exploser à n'importe quelle seconde. Je tentai de me relever, mais impossible, mon corps n'était qu'un poids. Ouvrant les yeux lentement, j'inspectais les alentours. Encore un cachot, voilà quelque chose qui me fit immédiatement soupirer... À ce rythme-là, j'allais être enfermée tous les jours.

Downfall | TOME 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant