C'est encore un de ces soirs chauds et humides d'été. La nuit n'est pas encore totalement tombée - les lumières du pont se reflètent sur l'eau de la rivière en une myriade de couleurs. L'air est lourd, parfois irrespirable, et les passants essaient tant bien que mal de trouver un peu de fraîcheur en imaginant un océan et ses embruns à la place du cours d'eau qui traverse la ville.
Cette rivière les a vus grandir, se déchirer, se construire. Silencieuse, solennelle parfois, elle veille sur les habitants de Séoul - leurs joies, leurs querelles, leurs grands moments, leurs hontes aussi. C'est elle qui ramasse les quarantenaires qui ne peuvent plus tenir sur leur vélo quand ils ont trop bu.
Ce soir n'échappe pas à la règle: depuis vingt minutes, un jeune homme silencieux est plongé dans une intense contemplation. Il est assis au fond d'un banc et fait face à la rivière, comme pour lui confesser ses pêchés. Une épaisse capuche cache ses traits fins et androgynes. Seules quelques mèches de cheveux noirs se libèrent de l'emprise du sweatshirt trop large. Le regard un peu perdu, il sirote son café et mordille nerveusement la paille. Peut-être n'a t-il même pas remarqué qu'il n'est pas assis seul aujourd'hui.
A sa droite, un autre garçon, qui semble plus intrigué par les feuilles des arbres que par madame Han, elle qui est pourtant la rivière la plus majestueuse. Lui n'a pas l'air de savoir ce qu'il fait là, et ce qui l'a poussé à s'arrêter sur un banc déjà pris alors qu'il en a vu cinq vides sur le chemin. Celui-là a l'air plus jeune, plus espiègle peut-être. Il regarde autour de lui avec des yeux qui semblent vouloir tout capturer. Contrairement à son voisin, il sait qu'il n'est pas seul, et observe l'autre jeune homme, intrigué.
Une grâce nonchalante se dégage de lui.
- Tu regardes quoi? demande le garçon de droite à celui qui ne l'a pas encore vu.
Il faut quelques secondes pour que le garçon de gauche daigne se retourner, cligner des yeux plusieurs fois et retirer sa bouche de la paille. Étonnamment, il ne semble pas très interloqué quant à présence d'un parfait inconnu à côté de lui.
- Je regarde l'eau, sourit-il. Un peu nul comme réponse, hein? Il dégage une mèche de cheveux de ses yeux, avant de recommencer à siroter son breuvage.
- Oh, cool.
- Et toi, tu aimes bien t'asseoir à côté de gens que tu connais pas?
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han river ; seokhan
FanfictionJeonghan et Seokmin ne se retrouvent qu'au bord de la rivière Han.