Le week-end est passé beaucoup trop vite au goût de Jeonghan. Chez Seokmin, c'est plutôt lumineux, et même si le petit appartement est encombré, c'est un endroit où il fait bon vivre. Il a envie de retourner à cette soirée où ils sont rentrés tard du parc de Yeouido et où ils se sont assis à côté de la fenêtre du coin salon. Ils ont parlé de tout et de rien, de leurs peurs mutuelles, de l'avenir qui les effraie tant. Le fait de connaître les doutes et faiblesses de l'un et de l'autre les a sans doute conforté dans l'idée qu'ils avait beaucoup de choses à surmonter ensemble, mais aussi plein d'autres soirées comme celle-ci qui s'annonçaient dans un futur proche.
Jeonghan est maintenant affalé sur son lit d'hôpital si inconfortable, le cerveau à moitié endormi par sa dose d'anxiolytiques. Le médicament est amer, mais il lui permet d'être plus ou moins détendu. "C'est une bonne chose, je suppose", pense-t-il. Il repense à Seokmin et son souci de toujours bien faire, de toujours le mettre à l'aise, et sa vision unique de la vie qu'il cache sous son innocence enfantine. Il a l'habitude de prendre ses mains lorsqu'ils s'embrassent et de poser sa tête contre son épaule quand ils sont côte à côte.
Ils se sont dit qu'ils allaient aller à des concerts ensemble, qu'ils allaient voyager. Aller à New-York, en Thaïlande ou tout simplement descendre à Busan. Seokmin insiste et lui dit qu'ils auront un jour l'opportunité de faire toutes ces choses. Son optimisme est le petit bateau qui sauve Jeonghan de la noyade.
Jeonghan est interrompu par des cris qui viennent du couloir jouxtant sa chambre. Il reconnait la voix de Chan, un patient plus jeune que lui - le plus jeune de l'hôpital.
- J'irai pas dans votre putain de chambre d'isolement bande de gros bâtards, crie-t-il.
Jeonghan se précipite hors de sa chambre pour voir ce qu'il se passe - même si on lui a dit plusieurs fois de rester en dehors des affaires des autres patients, il s'inquiète pour Chan. Et pour cause, il l'a pris sous son aile pendant les quelques semaines où ils ont côtoyé l'hôpital. Il lui arrive de taper dans les murs, et tout le monde ne retient que ça. Jeonghan, de son côté, a vu en lui un garçon plein d'énergie qui est juste submergé par ses troubles et son passé.
- Vous vous en foutez de nous!! Les infirmiers, les psychiatres, c'est pareil; on est juste des numéros pour vous. On pète un plomb et vous nous endormez avec des cachets ou vous nous foutez en isolement, j'en ai putain de marre, crie le jeune homme.
Un infirmier fait signe à Jeonghan de retourner dans sa chambre, et il obéit à contre-coeur.
La chambre d'isolement, c'est une pièce confinée toute blanche avec une caméra de surveillance et un lit. En somme, le pire endroit de cet hôpital; et on y envoie les patients qui sont trop violents. Jeonghan n'y est jamais allé, mais il a entendu les échos des autres patients qui lui ont dit que l'expérience d'être seul, sans rien, confrontés à leurs démons et leurs pulsions est la chose la plus atroce qui soit. Il pense à Chan et se dit qu'il ne mérite rien de tout ça.
L'infirmier rentre dans la chambre de Jeonghan et lui dit:
- Désolé Jeonghan, je sais que vous tenez à lui et que vous aimez écouter de la musique ensemble le soir; mais on va l'isoler un peu pour la nuit le temps qu'il se calme.
Le ton doucereux de l'infirmier l'agacerait simplement en temps normal, mais à ce moment précis, il le rend fou.
- Vous avez tellement peur du dialogue que vous lui avez donné encore plus de calmants que d'habitude et vous voulez même pas l'écouter. Si vous croyez qu'envoyer Chan au trou va l'aider bah je sais plus quoi faire pour vous.
- Mr Yoon, s'il vous plaît n'en rajoutez pas...
- Je ferme ma gueule d'habitude mais j'en peux plus de vos façons de faire. Ok, vous nous aidez mais vos méthodes sont limite malhonnêtes parfois et vous savez bien que la chambre d'isolement c'est pas une solution pour un patient comme Chan.
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han river ; seokhan
FanficJeonghan et Seokmin ne se retrouvent qu'au bord de la rivière Han.