L'expérience Harbinger (partie 2)

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Le lendemain matinal, tout le personnel s'est retrouvé dans le bâtiment d'entrée. Nous nous tenions tous à l'intérieur, échangeant des regards fatigués ou nerveux, alors que nous attendions que Zimmerman arrive et ouvre la trappe qui dissimulait l'échelle. Je pouvais voir une peur presque palpable dans le regard de certains d'entre nous, tandis que d'autres n'avaient pas le moins du monde l'air affectés par les événements de la nuit précédente. Zimmerman est arrivé cinq minutes après 10 heures, s'excusant pour son retard alors qu'il passait la porte du bâtiment. Il a ouvert la trappe et, sans aucune hésitation, a commencé à descendre l'échelle, s'enfonçant dans les noirs abysses. Il avait presque l'air enthousiaste.

J'ai été le premier à suivre Zimmerman dans sa sombre descente dans l'installation. J'avais l'impression que plus bas je progressais, plus l'obscurité m'enveloppait, comme si elle avait voulu m'engloutir tout entier. M'enfonçant  toujours plus profondément, j'ai eu la sensation que l'endroit était... différent, d'une certaine façon. Alors qu'il n'y avait auparavant que de sinistres couloirs de béton, il y avait à présent quelque chose d'autre... Quelque chose qui rendait leur étrangeté plus tangible, plus réel. J'appréhendais, comme si une horrible et macabre scène nous attendait là, en bas, mais je continuais pourtant de descendre, malgré mes peurs et mon hésitation. Ce n'était plus un simple bunker un peu effrayant, un mal véritable l'habitait maintenant, et sa malveillance planait dans les ténèbres, je pouvais le sentir. Nous le pouvions tous.

J'ai finalement senti que mon pied touchait le sol et ai poussé un silencieux soupir de soulagement d'être enfin sur la terre ferme. Presque au même instant, les ampoules ont pris vie, inondant la pièce de leur chaleureuse et bienvenue lumière. J'imagine que Zimmerman avait allumé le courant. Je me suis accordé quelques secondes pour examiner la salle de contrôle. Elle était exactement telle qu'on l'avait laissée la veille, j'en ai silencieusement remercié le ciel. C'était presque comme si rien d'inhabituel n'était jamais arrivé. J'ai chassé ces pensées en me remémorant les écrans pleins de neige de la nuit dernière. J'ai laissé mes yeux balayer lentement les écrans le long du mur, anticipant les horribles et sinistres scènes qu'ils pourraient dévoiler. Mon attention a d'abord été attirée par les écrans 1 et 3, qui ne montraient que de la neige. Cela aurait pu être le soulagement, si mon regard n'était pas tombé sur l'image statique de l'écran 2. La chambre 2 était toujours entière et tout semblait parfaitement intact. Je n'ai pas pu m'empêcher de lâcher un hoquet de stupeur quand j'ai remarqué la seule chose qui  était différente : la femme était étendue au milieu de la petite salle de béton, une expression de pure terreur figée sur son visage décharné alors qu'elle gisait sur le dos, silencieuse et sans vie. 

La colère est apparue sur le visage de Zimmerman quand il l'a vu, et il a ordonné que le second moniteur soit éteint. Son ordre a été exécuté. Personne n'a posé de question, ce n'était pas comme si qui que ce soit voulait contempler l'horrible scène plus longtemps. Il a également demandé à ce qu'on envoie l'équipe de sécurité vérifier les deux salles restantes si l'image ne revenait pas sur les écrans 1 et 3 dans les deux heures. Les membres ont acquiescé à l'ordre. Ils l'ont fait comme s'ils n'avaient pas peur, mais je pouvais voir le contraire au fond de leurs yeux.

Seul le "tic tac" de l'horloge, subtil, bruyant, résonnait dans la salle de contrôle alors que je fixais les écrans. Une heure et une cinquantaine de minutes étaient passées, et la neige occupait toujours les écrans 1 et 3. Tous les autres membres de l'équipe travaillaient, moi excepté. Le projet n'ayant pas encore fait de blessés parmi le personnel, je n'avais pas grand-chose à faire à part attendre que quelqu'un ne se blesse lui-même.

Zimmerman, quelques uns de ses collègues et moi-même étions les seuls à occuper la pièce. Ils murmuraient silencieusement entre eux à l'autre bout de la salle tandis que je passais le temps à lire ou à réfléchir à la situation dans laquelle je me retrouvais. J'avais clairement fait une erreur en venant ici, le corps gisant dans la salle 2 en était une preuve suffisante. Et seul Dieu savait ce qui nous attendait dans les salles 1 et 3.

Don't Read at Night | Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant