Mes recherches infructueuses ont duré trois semaines. Je tombe enfin sur votre site. Je ne suis pas très bon en informatique et dans la logique des choses, à cause de ces événements sortant de l'ordinaire, j'aurais dû d'abord me renseigner sur ce qu'abritait le deep web. Je poste ce message ici, dans la section réservée à l'histoire des objets étranges. À ma grande surprise, je constate que d'autres objets de ce type existent. En parcourant les commentaires, j'apprends que certains ont vécu des phénomènes similaires aux miens. Pour ma part, ça s'est très mal fini.
Qui a fabriqué cette boîte à musique ? Le diable ? Ses suppôts ? Des esprits vengeurs ? Un sadique aux pouvoirs surnaturels ? À qui appartenait-elle avant que je la retrouve dans ma boîte aux lettres ? Ce sont des questions que je me pose toujours, des questions que je partage avec vous. J'espère que les plus sérieux d'entre vous y répondront.
Voici cette histoire qui s'est déroulée le mois dernier. Elle sera la plus détaillée possible pour que vous compreniez tout ce qui s'est passé. Je m'excuse à l'avance si vous trouvez mes réactions inappropriées, trop exagérées ou trop peureuses, si je n'ai pas fait les bons choix. Mais vous, qu'auriez-vous fait dans de pareilles circonstances ?
Il y a un mois, en rentrant du travail, j'ai trouvé un colis dans ma boîte aux lettres. Pas de nom, pas d'adresse. Des notes rouges de musique étaient gravées sur chaque côté de ce colis. Elles étaient à l'envers. Un court instant j'ai songé à l'apporter au voisin pour lui demander s'il n'avait pas commandé un truc en rapport avec la musique. Et puis je ne sais pas, j'étais curieux de savoir ce qui se trouvait à l'intérieur. Ça pesait son petit poids. Je me persuadais aussi que le facteur ne pouvait pas s'être trompé d'adresse.
Après avoir dîné, il devait être 21 heures quand j'ai décidé d'ouvrir le paquet. Je me suis assis sur le canapé du salon et j'ai retiré le scotch marron du carton. À l'intérieur, sur les billes blanches en polystyrène, j'ai trouvé une vieille carte jaunâtre, tachée de minuscules points rouges. L'écriture noire était fine et penchée. Le style était désuet, vieillot. On écrivait plus comme ça depuis au moins un siècle. C'était marqué « Ne vous arrêtez JAMAIS de tourner ». J'ai eu la réaction typique du mec qui ne comprend rien, j'ai haussé les épaules avant de plonger ma main entre les billes blanches.
Une boîte à musique... Je l'ai trouvée particulièrement belle. Le vernis qui recouvrait le bois d'acajou me renvoyait mon regard admiratif. La boîte ressemblait à un piano. J'ai soulevé le couvercle et j'ai découvert sur la partie gauche un cylindre en laiton garni de pointes métalliques et sur la droite, un mécanisme surmonté d'un plateau vert gazon. Dessus, trois minuscules personnages formaient un cercle. J'ai approché la boîte pour mieux les distinguer ; j'ai été surpris quand j'ai vu une grande silhouette qui ressemblait à un porc-humain courir avec une hache de boucher derrière une petite fille. La bouche grande ouverte, les bras en avant, la fillette s'enfuyait. Aussi étrange que les autres personnages, un homme était allongé sur le gazon et avait l'air de se taper le front.
Inutile d'expliquer que j'ai trouvé ça étrange et glauque. Morbide même. J'ai retourné la boîte pour découvrir la manivelle cuivrée qui actionnait le mécanisme. En me disant que ce n'était qu'une vulgaire boîte de musique, j'ai serré la clé entre le pouce et l'index et, au moment de tourner, mon regard s'est posé sur la carte : « Ne vous arrêtez JAMAIS de tourner ». Tourner quoi ? La clé ? Moi-même ? J'ai de nouveau haussé les épaules puis des sons m'ont troublé. C'étaient de grosses mouches vertes, dégueulasses, qui sortaient du colis et qui s'étaient mises à voler nerveusement autour de moi. Certaines se posaient sur la carte, d'autres sur mes mains. À plus de 40 ans, et après avoir visionné des milliers de films d'épouvante durant ma vie, je n'étais pas du genre trouillard, mais cette coïncidence m'a un peu troublé. Je vis seul, la télé était éteinte et le salon était plongé dans un silence entrecoupé du son nerveux des mouches. J'ai senti des frisons parcourir mon échine dorsale. C'est la première fois qu'un truc aussi étrange m'arrivait. On se fait vite des idées quand on est seul. Pour me raisonner, je me disais que j'étais dans la vraie vie et que rien de surnaturel n'était jamais arrivé dans ce monde. Pourtant, j'ai été incapable de tourner la clé. Alors je me suis dit que demain, à la lumière du jour, ce serait très bien pour écouter le son de cette charmante boîte à musique.
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Don't Read at Night | Tome 3
HororVoici le troisième et dernier tome de la trilogie Don't Read at Night. Ces trois tomes contiendront individuellement 199 histoires d'horreur, donc en tout 597 histoires pour vous effrayer et vous faire vivre des nuits blanches. Bonne lecture et surt...