Leucotaphe

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Les années 30 et 40 marquent deux décennies de recherches technologiques et scientifiques, que ce soit aux Etats-Unis ou en Russie. Cette histoire nous vient d'Allemagne, plus précisément du camp de Ravensbrück.

Les nazis étaient intéressés par la génétique, car cela contribuait à la création d'une race supérieure. Une poudre a été découverte et remarquée pour sa capacité à modifier le programme génétique d'êtres vivants, notamment des plantes. Les résultats étant encourageants, un programme d'expériences plus poussées a été démarré sur des humains. Les scientifiques ont donc testé cette poudre sur les femmes de Ravensbrück.

Les essais se sont essentiellement faits sur des femmes enceintes, car ils pensaient que cela permettrait de faire naître des enfants avec un patrimoine génétique modifié. Ils ont fait avaler de petites quantités de cette poudre, mais rien ne se produisait, si ce n'est vomissements et diarrhées.

Une application de la poudre sur la peau a également été tentée. Toujours rien. Pendant un moment. En pleine nuit, les femmes sur qui la substance avait été posée se sont mises à crier. Les quelques scientifiques qui étaient sur place ont tout de suite accouru. Ils ont alors remarqué qu'il n'y avait plus de poudre sur leur bras. À la place, une peau brûlée semblant être arrachée se rendait visible.
Les sujets n'ont cessé de crier pendant plusieurs semaines. Les chercheurs ont constaté que la peau régénérée était noire, un noir comme de la roche volcanique.

Plus tard, la tâche noire grandissait jusqu'à ce que tout le bras soit noir. Cette nouvelle peau était si fragile qu'il suffisait de frotter pour que le sang s'échappe. Les dents des sujets tombaient alors que la peau noircissait encore et encore. Si les pauvres femmes ne mourraient pas à ce stade, elles étaient peu à peu paralysées et l'intérieur du corps aussi pourrissait, en particulier les organes respiratoires.

Cela n'empêchait pas les scientifiques de continuer les recherches. Dans quelques rares cas, seule la peau qui avait été en contact avec la poudre devenait noire, mais il en résultait problèmes digestifs et cardiaques, changement de couleur des yeux, calvitie... Ces cas-là augmentaient frénétiquement l'ardeur avec laquelle les chercheurs effectuaient leurs expériences.

Vint un jour où, accidentellement, un chercheur a touché la poudre avec sa main. Bien qu'on lui ait amputé l'avant bras, il était trop tard, et le sang qui contenait le gène a coulé suite à l'amputation et s'est infiltré dans le corps des médecins qui n'avaient pas pris la précaution d'éviter le contact avec le sang.

Afin que personne ne sache ce qui s'était passé, les autorités ont pris la décision d'enfermer tous les scientifiques dans leur laboratoire. Une fois tous décédés de soif ou de la mutation génétique, une nouvelle équipe de chercheurs s'est installée, ils n'étaient pas au courant pour l'accident bien évidemment. On leur a demandé de faire des recherches sur cette poudre qu'un des scientifiques de la première équipe avait nommée, sur une lettre retrouvée 50 ans plus tard sous une dalle de la salle, « leucotaphe », littéralement « tombeau blanc », en référence à la couleur blanche de la substance.

La poudre reste un mystère à ce jour. Tout porte à penser que le projet s'est soldé en un échec. Un prix élevé de la fabrication de cette substance pourrait être la raison pour laquelle il n'y avait que très peu de laboratoires et pourquoi elle n'a pas été utilisée pour un usage offensif.

Don't Read at Night | Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant