2 | Trio

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- 200 machines actuellement.

- Cela me semble assez bien pour un début, non ?

Les trois hommes en train de discuter se trouvaient dans un pièce longue et basse, assez vide de meubles et de décorations. Murs blancs cassé, moquette grise... Les deux hommes qui avaient parlé en premier étaient assis autour d'une grande table triangulaire blanche. Avachis sur leurs fauteuils de mousse bleue tournants, il repassaient en revue leurs dossiers de gestes désinvoltes.

- Que ce que tu en dit Raph ?

Raph, lui, faisait les cents pas autour de la table. C'était un grand blond aux yeux bleus, athlétique, âgé de 35 ans. Une main dans la poche gauche de son bas de costume noir, l'autre sur le menton, à grattouiller sa barbe mal rasée de la veille, il était en proie à un état de nervosité caractéristique.

- C'est beaucoup trop peu. Notre idée a vraiment intérêt à fonctionner comme nous l'imaginons. On a plus aucune solution de retrait a présent, et qui dit plus de s...

- Eh ! Du calme mon vieux, l'interrompit Fred d'un ton jovial. Pourquoi revenir en arrière ? Tout se passe comme prévu, et puis, qui a besoin d'une solution de retrait lorsqu'un plan B est prêt à exécution ?

Fred, lui, possédait une chevelure frisée d'un brun d'ébène. Son teint grecque, comme il aimait souvent à le souligner, amenait de la couleur dans le bureau un peu trop blanc. Âgé de trente-six ans, il était au meilleur de sa forme et sa carrure gaillarde aurait dissuadé n'importe qui de s'affronter contre lui.

- Et puis rappelle toi qu'on joue toujours dans les règles, dit calmement Roger en s'appliquant à former une pile nette de tous ses papiers. Petit homme brun au teint pâle, lunettes épaisses et cravate très serrée, il était l'archétype de l'homme de bureau.

- Putain, mais regardez devant vous, merde ! Bien sur que l'on ne risque rien aujourd'hui, mais demain tout reste a voir.

- Demain on est samedi 18 novembre, belle journée météo d'après mon tel, je ne vois pas ce qu... Oh ça va ! Pète un coup Raph, s'exclama Fred. J'ai juré devant vous de jouer la sécurité avant tout, je n'ai pas plus envie que toi de me retrouver en taule, hein.

Il y eu un silence bref, mais la nervosité était toujours présente dans l'air.

- La bombe... Fit Raphaël. Elle est prête au moins ?

- Voila ce que je veux entendre ! Cria Fred. Du positivisme ! De la vigueur ! De l'aller vers l'avant !

- Elle est prête oui, d'après son ingénieur, elle réponds comme demandé aux normes requises, répondit Roger sans trop suivre Fred dans son excitation.

Raph hocha lentement de la tête. Les choses avançaient, mais pas assez vite pour lui, pas assez droit au but. Il n'avait pas les nerfs assez solides pour de telles responsabilités.

Il fouilla dans la poche de son costume et y dénicha du bout des doigts une gélule qu'il engloutit sans broncher.

- On comprend ce que tu ressens Raph, fit Fred d'une voix douce. Mais...

- Mais le monde a besoin de nous, fit doucement Roger.

- Exact, le monde a besoin de nous, répéta Fred.

Raphaël se retourna et contempla le coucher de soleil par la large baie vitrée de la salle. Le ciel se colorait doucement de rose, de rouge puis d'un orange doux... Ce soir, les nuages s'étaient comme écartés pour laisser le monde observer la lente disparition de leur brasier stellaire.

- Tout... Puis rien, dit rêveusement Raph.

Les autres firent pivoter leurs fauteuils et le regardèrent sans comprendre.

NIRVANA [ EN PAUSE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant