Prochain arrêt (Terminé)

Chapitre 6

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Nicky

Mon petit chat, je me marre trop de l'avoir appelé de cette façon. C'était une idée de Sammy, car hier au téléphone, il n'arrêtait pas de me narguer et de me dire que Chad était probablement gay. Je suis certaine que non, mais je n'ai pas pu m'empêcher de le tester. J'ai donc mis le paquet au risque de me geler les jambes et de subir les regards de mon pervers de patron toute la journée. Il n'était pas dans le bus hier, alors je me suis décidé d'agir au cas ou il y serait aujourd'hui. J'avoue que je me suis surpassé, car ce n'est pas du tout mon genre de foncer vers un mec de cette façon, mais je le devais à Sammy, je devais lui prouver qu'il a tort, ou je devais me le prouver à moi-même, peut-être, je ne sais pas. Il faut me comprendre, je suis une fille qui travaille et qui rentre chez elle retrouver son meilleur ami un jour sur deux, je n'ai pas un cercle social super garni et je ne suis pas du genre à sortir dans les bars, je déteste ça. Vous comprendrez donc que de rencontrer des mecs est un peu difficile quand on ne sort pas de son confort. Je mate comme toutes les filles et je ne veux rien de sérieux, Chad est une distraction, une super belle distraction qui me fait me sentir belle, c'est tout, car une relation avec lui ou un autre est à exclure, j'ai assez donné.

Je le regarde pianoter sur son cellulaire après l'avoir appelé mon petit chat et je réprime un rire, je suis vraiment timbré comme fille! J'ai les écouteurs sur mes oreilles comme chaque matin et j'en suis à la septième chanson, alors je me lève et je fais exprès de le frôler plus que d'habitude, je dois avoir une confirmation qu'il n'est pas gay, j'en ai besoin pour me sentir femme et s'il ne me rejette pas c'est que j'ai gagné. Il fait son possible pour m'éviter, mais je fais semblant de tomber et je me retiens à sa taille.

— Excuse-moi, je me suis pris les pieds, je lui dis alors qu'il est si crispé.

Il me repousse vivement avant de plonger son regard dans le mien.

— Ne refais jamais ça.

— J'ai tombé, je te dis.

Ce n'est pas vrai, mais merde, c'est à croire que je le brûle à le toucher.

— Et moi je te dis de ne plus jamais me toucher, il insiste en reculant avant de reprendre son siège.

— Je suis désolée, Chad.

— C'est bon, tu devrais y aller, tu vas manquer ton arrêt, il me dit d'un ton dur.

J'ai les larmes aux yeux, oui, parce que je le rebute et que je me rebute moi-même d'être tombé aussi bas. Je me suis habillé comme une pute pour voir une étincelle dans ses yeux, je voulais voir que je plais toujours et j'ai cru un moment y arriver lorsqu'il m'a dit que j'étais sexy. Cependant, la lueur de rejet qui plane entre nous en ce moment me fend le coeur, je ne suis pas digne d'un homme, je ne suis digne qu'à être cocufié par un homme, voilà ce que je suis.

— Je..... Laisse tomber, je lui dis en retenant mes larmes.

Il va me trouver pathétique d'agir de cette façon et je le suis. Je fonce alors vers la porte sans me retourner et lorsque je sors, pour la première fois il ne me regarde pas au travers de la vitre, chose qu'il fait depuis deux mois maintenant. J'ai vraiment tout gâché, je me sens conne, car juste de le voir remplissait ma journée alors que maintenant, je lui parle et il me rejette comme si j'étais nulle à chier. Je suis en colère, je me sens une fois de plus laide, je me suis bâti une carapace depuis Carl et il suffit d'un seul rejet et je retombe dans ma tête, je revois cette fille pathétique qui vomit dans la cuvette des toilettes parce qu'elle est en manque d'amour, parce qu'elle n'est pas assez bien pour un homme. C'est terminé en ce qui me concerne, je ne vais plus lui parler, je ne vais plus l'aborder, il n'y a rien au bout de ce trajet de bus entre lui et moi mis à part la désolation et du rejet. Je voulais simplement sympathiser avec un homme que je trouve beau et je me retrouve au plus bas avec pour seul sentiment, la honte, la honte de penser un instant que je lui plaisais.