Under The Moon

Chapitre 6

[ 2 ans et 11 mois plus tard ]

Je dépose avec regret mon dernier carton dans le coffre de ma voiture. Je claque la portière fermement et m'adosse dessus. Je souffle et me frotte les yeux, fatiguée. Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit, le stress et l'appréhension me nouant l'estomac. J'attends ce moment depuis si longtemps.

Déménager. Ce mot est tellement important pour moi. C'est mon remède, ma solution pour refouler les mauvais souvenirs.

Je ne peux plus supporter cette petite ville remplie de souvenirs, de ses souvenirs à elle. Il est temps pour moi de partir, l'heure est arrivée. Un nouveau cap m'attend.

Mais la meute. Ce mot aussi signifie beaucoup pour moi. C'est ma famille, et je vais la quitter. Même si l'Alpha ne m'a pas imposé le lien de la meute, je ressens un vide au fond de moi, comme si j'étais déjà loin d'eux. Une meute est primordial pour un loup, il a besoin d'un d'Alpha. J'ai conscience que je vais devenir une louve solitaire mais il faut que je fasse ce sacrifice.

J'ouvre la portière avant et me glisse derrière le volant, le serrant si fort que mes jointures deviennent blanches.

Je tourne la clé de contact à la position de démarrage. Le moteur vrombit.

Je pose mon pied gauche sur la pédale d'embrayage et mon pied droit sur la pédale d'accélérateur et je démarre.

J'accélère lentement les vitesses. M'éloignant de la meute, de ma famille.

Je dépasse le panneau de ma ville natale.

Je relâche la pression forte que mes mains exercent sur le volant et une larme... une unique larme coule.

Ma nouvelle vie m'attend.

*****

Je tapote le volant de mes doigts en fredonnant la musique "Sweet dream" de Eurythmics. Un peu d'ambiance me fait oublier que ça fait 3h que je roule sans pause. Il me reste que quelques kilomètres pour atteindre Gatlinburg. Pas grand chose et heureusement car je commence à manquer d'essence; je vais devoir faire le plein à la station essence. Ce serait embêtant que la voiture s'arrête en plein chemin.

Le panneau Gatlinburg se dessine au loin devant mes yeux. Plus que 200 mètres.

-« Presque arrivée, souffle-je avec un grand soulagement.

Plus que 100 mètres.

Je fronce les sourcils et plisse les yeux, fixant d'autres panneaux en bois plantés dans le sol à l'entrée de la ville.

- J'ai connu plus chaleureux comme accueil, marmone-je ».

Toute personne normale aurait fait demi-tour en lisant les panneaux "vous n'êtes pas la bienvenue", "danger imminent", "une mort lente et douloureuse vous attend", mais n'oublions pas que je ne suis pas normale. Pas normale dans le sens complètement barge de continuer ma route en sifflotant et aussi trop louve pour ne pas l'être. Mais bon, faut bien qu'une personne s'aventure ici. Et je suis volontaire depuis peu. Néanmoins, je vais rester méfiante, car il est fort probable qu'une meute occupe le territoire et que l'Alpha n'accepte pas les intrus....et dans ce cas je suis dans la merde.

Je m'arrête à la station essence comme prévue. Je sors de mon pickup et claque la portière. Je vais à la petite supérette en face pour payer le plein d'essence.

J'ouvre la porte et une sonnerie tinte pour prévenir ma présence. Je traverse les rayons et m'arrête devant le comptoir.

Il n'y a personne. Je hûme l'air discrètement et sens un parfum amère venant d'une autre pièce.
Je grimace et pose ma main sur mon nez tant l'odeur est forte.