Chapitre 13...

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Peu après le départ de ses amis et une fois que son état fut à peu près stable, les gardes amenèrent Suzanne dans le bureau du Directeur. Bien que le médecin comptait se venger sur l'adolescente, l'arrivée du patron chamboula tout.

Ce dernier se trouvait justement à Lyon pour l'un de ses déplacements. Il avait été néanmoins contrarié lorsqu'il avait appris que quatre de ses prisonniers s'étaient échappés. Il avait dû raccourcir l'un de ses rendez-vous, décommander son déjeuner avec une ravissante jeune femme et puis sauter dans la voiture afin d'arriver au Parc.

Là, les hommes présents l'avaient accueilli en n'arrêtant pas de s'excuser et ils l'avaient suivi jusqu'à son bureau. Toute fois, l'homme entra seul et prit bien soin de refermer la porte après lui.

Suzanne était assise sur la chaise qui faisait face au bureau en bois massif. Ses mains étaient menottées dans son dos et au dossier de la chaise. Sa tête était baissée. Elle était toujours en train de récupérer.

Daniel Ferraud adressa un regard de haut à la jeune fille et alla s'asseoir dans son siège. Il ouvrit un tiroir et attrapa sa boîte de cigares. Toujours en silence, et sans regarder Suzanne, il alluma son cigare tout en le portant à sa bouche. Il inspira profondément et releva petit à petit les yeux sur l'adolescente.

- Alors comme ça, c'est à cause de toi s'ils se sont tous enfuis ?

Suzanne ne répondit pas.

Le Directeur inspira de nouveau et de la fumée s'échappa de sa bouche.

- Comment une fille comme toi a pu réussir un coup pareil ?

Nouveau blanc.

La tension commença à monter chez Ferraud. L'antipathie qu'il avait à son encontre ne faisait qu'augmenter. Il expira de la fumée à nouveau.

- Comment tu t'appelles ?

Il avait tout un dossier sur les cinq adolescents dans l'un de ses tiroir mais il ne voulait pas aller chercher sa réponse lui-même.

- Quel est ton nom ? Demanda-t-il avec plus d'autorité.

La jeune femme sursauta sur sa chaise en relevant la tête. Elle baragouina son nom avec une petite voix.

- Plus fort ! Je n'entends rien !

- Suzanne !

Ferraud la regarda en tirant sur son cigare. L'adolescente essaya tant bien que mal de soutenir son regard.

- Ton sens ?

- Le goût...

Un demi sourire s'étira sur son visage. Il avait peut-être perdu quatre de ses étalons mais la pouliche qui lui restait était celle qui l'intéressait le plus. C'était celle qui allait lui rapporter un max. Au pire, retrouver les quatre autres devenait secondaire. De toute façon, ils allaient sûrement essayer de la retrouver elle et à ce moment là, Ferraud les attraperait.

Il attrapa son téléphone et demanda à ce que l'on vienne chercher la jeune fille. L'un des garde se présenta deux minutes plus tard. Il détacha l'adolescente de la chaise puis s'adressa au Directeur :

- Monsieur, les cellules sont hors usage, je la mets où ?

- Suivez moi. On déménage.

Le garde sembla surpris.

- On déménage ? Mais pour aller où ?

- Vous verrez.

*

À plus de cent kilomètres de là, aux alentours de Clermont-Ferrand, les adolescents, le professeur Martin et James Douglas roulaient en silence. Personne ne parlait. Toutes leurs pensées étaient tournées vers leur amie.

- Comment on va faire pour la sauver ? Demanda Katia au bout d'un moment.

Elle s'adressait surtout à l'agent spécial, lequel était plus à même de trouver une solution.

- Il va falloir que l'on redouble de prudence. Ferraud doit se douter que l'on va tenter de la récupérer, il va nous attendre au tournant.

Ils se mirent à réfléchir à une stratégie.

- Et il risque de bouger également, reprit-il.

- Je ne veux pas que vous vous mettiez en danger, continua par la suite le Professeur Martin. Douglas, nous devrions les transférer à New-York, loin des agissements de cet homme.

Un «non» collectif s'éleva dans le van. Douglas se tourna vers le Professeur en souriant.

- Moi aussi j'aurais préféré mais bon...

- Les enfants, c'est trop dangereux...

- On vient avec vous. Le coupa Maël avec une voix qui ne lui laissait pas d'autres choix.

Katia leva les yeux vers lui. On aurait dit que Maël avait mûri. Peut-être prenait-il conscience de ses sentiments pour Suzanne ?

- Qu'est-ce que l'on fait alors James ? Demanda Alphonse Martin en soupirant.

L'agent spéciale prit le temps de réfléchir. Roxane, partie depuis une dizaine de minutes dans un épicerie chercher de quoi manger revint en souriant. Elle donna le reste d'argent qu'elle avait au professeur et distribua les sandwichs.

- Qu'est-ce que j'ai loupé ? Demanda-t-elle par la suite en croquant dans le sien.

Tout le monde fit de même.

- On essayait de voir comment on allait faire pour Suzanne, lui répondit Sam.

L'adolescente hocha la tête.

Maël mangeait en regardant par la fenêtre. Il se demandait où elle était à ce moment là. Était-elle à nouveau dans une cellule ? Avait-elle été puni pour ce qu'elle avait fait ? Était-elle blessée ? Apeurée ? Triste ?

Oui sûrement...

Il repensa alors à l'homme qui les avait fait prisonnier. Ce PDG obèse qui se prenait pour le roi du monde juste parce qu'il était plein aux as. Il devait être le genre d'homme qui en avait rien à faire de sa femme et qui couchait avec toutes les nénettes attirées par les palaces et les beaux cadeaux. Maël n'aurait pas aimé faire parti de sa famille.

Sa famille...

- Internet ! Quelqu'un a internet ? Lança-t-il vivement d'un coup.

Les autres le regardèrent avec surprise. L'agent sortit son téléphone et alluma la 4G avant de lui passer.

- Pourquoi faire au juste ?

Il ne répondit pas. Il lança Google et tapa Genetics dans la barre de recherche. Il tomba sur des articles Wikipédia sur l'entreprise puis finalement retrouva le nom de son patron : Daniel Ferraud. Il ouvrit alors une autre page et chercha son nom. Là il cliqua sur l'article Wikipédia à son nom. Maël le balaya des yeux, zappant toute la carrière et les prix qu'il avait reçu pour finalement arriver à la partie qui l'intéressait. La famille de Daniel Ferraud.

Les autres étaient penchés sur le téléphone sans comprendre.

- Bingo ! Lâcha-t-il en souriant.

- Qu'est-ce que tu as en tête au juste ? Voulut savoir son frère.

Il cliqua sur une photo et la montra à tout le monde.

- J'ai trouvé un moyen de retrouver Suzanne.

Sur la photo se trouvait trois personnes. Daniel Ferraud en costume beige entouré d'une femme blonde en tailleur beige et d'une adolescente aux cheveux décolorés bleus foncés, vêtue de noir.

- On va kidnapper la fille et l'échanger contre Suzanne.

Sensitive...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant