-Par pitié, non !
Les trois hommes s'esclaffèrent et les deux armés saisirent les bras du garçon. Il fut traîné le long de la route principale du village, suivi par un boulanger furibond et quelques curieux qui profitaient de la distraction offerte. Jack reconnut sans même réfléchir la place publique.
Au centre de cette dernière, se dressait une petite esplanade, rarement utilisée. Le jeune homme savait ce qui l'y attendait, pour avoir vécu la même scène cinq ans plus tôt.
Mais à ce moment là ils t'ont épargné car tu n'avais que dix ans. À quinze ans, ça ne passera pas, se mortifia un Jack terrifié. T'es un homme maintenant !
-Avance, ordonna un soldat.
Jack se recroquevilla et remarqua que ses pieds s'étaient arrêtés tout seuls. Il devait à présent les lever, les déposer sur la marche et monter. Son corps protesta, il chercha à s'enfuir. Le garçon dégagea un de ses bras d'un geste brusque.
Avec sa main libre, il envoya un coup de poing au second soldat. Sonné, il relâcha sa prise. À présent libre, le jeune homme voulut courir, partir se réfugier chez lui. Cependant, l'effet de surprise disparut. Les deux gardes se jetèrent sur lui, le plaquèrent au sol et le ruèrent de coups.
Il sentit sa mâchoire craquer, ses dents trembler, le sang affluer. Ses côtes se prenaient coups de pieds sur coups de poing. Sa figure recevait un traitement douloureux. Son bras, tordu dans son dos le maintenait au sol et l'empêchait d'esquiver les attaques de ses adversaires.
Il ferma les yeux pour que personne ne voit les larmes salées qui voulaient quitter ses pupilles.La pointe d'un couteau s'enfonça brutalement entre ses deux omoplates et il cria. Un liquide âcre sortit de la plaie, dégoulina le long de son torse pour finir sa course dans la terre. Les gouttes s'écrasaient sur le sol sans aucun bruit, sans doute était il camouflé par les hurlements de douleur qui s'échappaient de la bouche tremblante du garçon.
-Assez, s'exclama le boulanger, j'veux qu'il soit conscient quand le fouet le frappera !
Le garçon se tendit, effrayé par l'annonce. Papa, pardonne moi, songea-t-il vaguement. Il savait que son erreur allait les embêter. Son visage serait ancré dans la mémoire pendant quelques temps et il ne pourrait plus se faufiler discrètement dans les commerces.
Cependant, cela ne le préoccupa pas très longtemps. La douleur lancinante qui irradiait dans son corps lui rappelait à chaque seconde que la sanction allait laisser des traces. Il serra les poings, déterminé à ne plus trahir sa peur.
Des hommes le relevèrent sans ménagement, ne prêtant nullement attention aux quelques blessures de Jack. Le garçon serra la mâchoire et se laissa faire, trop faible pour tenter une seconde fuite.
Il fut traîné sur l'esplanade et attaché à un poteau de flagellation. Un grand piquet en bois, au milieu duquel un anneau de fer était attaché. Une corde pendait du cercle et les deux mains de Jack y furent liées.
La corde brûla ses avant-bras, ses yeux se moullaient de larmes tandis qu'il essayait de contrôler les tremblements de son cœur. Ses jambes flageollantes peinaient à le soutenir. Son cœur battait la chamade. Il tambourinait à un rythme effréné dans sa cage thoracique compressée par l'angoisse.
-J'exige cinquante coups, annonça le boulanger.
-Voyons, quarante suffiraient à le tuer ! protesta une voix dans la foule qui s'amassait autour de la victime.Jack ne put mettre un nom sur la personne qui s'exprimait et prenait sa défense. Il ferma les yeux, priant pour que la sanction soit vite annoncée. Il dut prendre son mal en patience. Plus aucune parole n'était prononcée. Il n'en pouvait plus de cette attente insupportable. Il tenta de tourner la tête pour apercevoir le groupe derrière lui.
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Okitio [En Pause]
FantasyLes dieux les ont abandonnés. Les gobelins les ont massacrés. Les baghros vont les envahir à nouveau. Le sauveur maudit n'est plus capable de protéger Okitio. À moins que... À moins qu'il n'agisse sans le consentement des divinités. À moins qu'il ne...