La routine commença à s'installer dans ma vie. Nous avions nos habitudes à présent, mon maître et moi. Nos rituels. Et tout cela était apaisant, rassurant.
Il était agréable de savoir ce qui nous attendait chaque jour. Mais évidemment, cela ne pouvait durer. La raison même de ma présence ici empêchait des quelconques habitudes de prendre place à long terme.
Mais ces quelques jours de tranquillité me firent un bien fou.
Chaque matin, je me devais de ne pas avoir un sommeil profond et quitter mon lit -mon propre lit !- dès que j'entendais la porte s'ouvrir. Si j'avais le malheur de ne pas être assez rapide, Noal prenait un malin plaisir à me réveiller en me lançant un seau d'eau entier sur le visage. Après cela, il me réprimandait pour mon manque de réactivité, néanmoins son air sérieux était contesté par l'esquisse d'un sourire qui pointait sur ses lèvres.
Ensuite, je m'habillais dans mes nouveaux vêtements. Cette éternelle cape foncée aux reliures vertes recouvrait une tunique sombre et un pantalon en toile brune. Je devais me dépêcher de le faire et ne pas oublier d'ajuster les tissus afin de ne pas avoir l'air négligé dans mon apparence. Un sauveur semble parfait et invincible, toujours.
Après cela, tandis que Noal s'enfermait dans sa chambre, je courais à la rivière, remplissait un seau d'eau, l'amenait à la chaumière et continuait jusqu'à ce que mon maître ne sorte. Alors, nous avions assez de réserve d'eau pour la journée et nous nous installions pour manger.
J'avais rapidement pris goût au petit déjeuner, contrairement à mes craintes. Noal cuisait nos deux œufs en marmonnant que j'étais un incapable, je l'ignorais et dégustais ce qu'il m'offrait.
Évidemment, cela représentait la partie la plus calme de ma journée. Le reste du temps, je me battais, suais, étudiais les lettres, une meilleure connaissance de la lecture, le bon comportement à adopter et surtout, chaque erreur signifiait une souffrance physique ou mentale que je regrettais le soir.
Le matin, je commençais par une séance de sport. Le Sauveur me faisait courir. À travers la rivière, la boue, les bois, les terrains escarpés. Mes pieds foulaient le sol à un rythme irrégulier tant le sol était inégal. Mais pas question de ralentir et d'être jugé trop lent. Sinon, je ratais le repas du midi.
Il n'hésitait pas à me faire recommencer le parcours autant de fois que bon lui semblait. Ainsi, il se caractérisa bien vite comme un maître exigent et sévère.Je revenais à la maison couvert de crasse et de transpiration, épuisé et assoiffé. Alors j'avalais en vitesse un morceau de pain et ressortais avec Noal. Il me faisait réciter les règles à respecter en tant qu'apprenti, me faisait faire quelques pompes par erreur et une fois satisfait, il m'invitait à marcher avec lui.
Nous nous arrêtions dans le milieu de la forêt. Au début, je croyais qu'il s'agirait d'un endroit où j'étudierai et exercerai mes capacités mentales. Ce fut une grossière erreur de juger avec l'environnement. Ce n'était pas parce que l'endroit respirait la douceur qu'il l'était. Et pour cause, j'apprenais à me battre là bas.
Un cercle de terre entouré d'arbres au feuillage bien garni délimitait une arène. Je n'échappais pas au combat à mains nues, ni à aucune arme. Je me devais d'exceller dans tous les domaines, partout et tout le temps.
Je devais pratiquer un art martial que Noal nomma : boxe. En réalité, bien que le nom m'était inconnu, la discipline ressemblait très fort à l'oûbii, que mes frères m'avaient appris. Il s'agissait de placer des coups de poing dans le visage de mon maître. Chose que je n'avais encore jamais réussie.
Lorsque nous faisions de la boxe, nous nous dévisagions en nous tournant autour. Lui de sa démarche de félin, aussi souple et imprévisible qu'efficace. Il m'obligeait à attaquer le premier : pour prendre l'adversaire par surprise.
Bien sûr, il n'était pas surpris puisque je ne faisais que suivre ses conseils. Inlassablement, je me jetais sur lui après l'avoir analysé, jetais mon poing en avant mais il ricanait, évitait d'un pas de côté et me frappait au niveau des côtes.
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Okitio [En Pause]
FantasyLes dieux les ont abandonnés. Les gobelins les ont massacrés. Les baghros vont les envahir à nouveau. Le sauveur maudit n'est plus capable de protéger Okitio. À moins que... À moins qu'il n'agisse sans le consentement des divinités. À moins qu'il ne...