Deux yeux gris se tournèrent vers le ciel parsemé d'étoiles. Les prunelles ternes se plantèrent dans la lumière apaisante de la lune et un soupir d'aise s'échappa de la bouche du jeune homme.
-C'est beau, souffla-t-il.
Il ne détacha pas son regard de l'astre brillant de douceur mais attendit une réponse de la part de son ami.-Mouais, marmonna ce dernier.
Étonné, le premier se retourna vers lui.
-Tu l'as toujours admirée ! s'exclama-t-il.
-Pas ce soir, répondit le concerné d'une voix faible.Ils gardèrent le silence un long moment, couchés dans l'herbe mouillée du jardin du château. Soudain, le plus petit se redressa en position assise et sa voix hésitante s'éleva :
-Tom ?
-Mmh?
-Tu n'as pas peur toi ?Tom fronça les sourcils. Comment Colin pouvait-il se poser la question ? Évidemment qu'il avait peur. Il était terrifié à l'idée de ce qui les attendait.
-Bien sûr que si !
-Tu ne devrais pas pourtant ! répliqua Colin.
-Tout le monde doit avoir peur.
-Pas toi.
-Pourquoi donc ?Colin dévisagea son ami.
-Tu n'as rien à craindre. Ton père est le maître d'arme du château, tu seras choisi sans hésitation. Tandis que moi...Sa voix se cassa sur le fin de sa phrase. Les mots refusaient de sortir.
Le garçon baissa la tête, retenant à grand peine les sanglots qui voulaient s'enfuir de sa gorge serrée et les larmes qui rêvaient de dévaler ses joues.
Tom se leva, lui releva le menton et le regarda droit dans les yeux.
-Toi, tu réussiras aussi ! Je refuse de te laisser abandonner.
Il marqua une pause avant de continuer:
-Je t'interdis de ne pas essayer. J'interdis à mon frère de ne pas croire en lui.Un sourire illumina le visage de Colin, son cœur se gonfla de fierté et il se jeta au cou de son ami. Tom le réconforta de son mieux, le serrant dans une étreinte rassurante.
Il ne put s'empêcher de ressentir un brin de culpabilité en songeant que Colin avait peut-être raison. Il lui mentait en assurant qu'il réussirait. Il savait à quel point la petite taille de son ami serait un désavantage. Il avait conscience de la fragilité de l'orphelin qu'il considérait comme un frère.
Et il était presque persuadé que jamais Colin et sa douceur n'arriveraient à faire ce qui serait demandé. Comment est-ce qu'un garçon aussi bon que lui pourrait en tuer un autre ?
Il en serait tout bonnement incapable, Tom s'en doutait. Il connaissait par cœur son ami. Cet ami à qui il avait toujours tout confié, cet ami drôle, souriant, innocent, timide... Et orphelin. Ses parents l'avaient abandonné dans la forêt, comme il était courant de le faire lorsque l'enfant arrivait par accident.
Tom ne pouvait s'en souvenir cependant son père lui avait conté d'innombrables fois le moment où Colin avait été repéré.
"Les cavaliers s'élançaient dans la forêt, sans ménager leur monture. Ils riaient, s'amusant à se dépasser les uns les autres. Après un signe d'un homme de grande carrure, aux yeux gris pétillants, montant un étalon sauvage noir, le groupe s'était tu.
Chacun avait calmé son cheval, avait cessé de plaisanté et tous avaient repris leur sérieux.
-On va l'encercler, la sale bête ne nous échappera pas !La troupe avait acquiescé. La chasse au sanglier était sacrée, aucun ne ferait défaut à son rôle. Ils n'avaient toujours pas digéré le fait que leur proie leur ait filé entre les doigts lors de la dernière expédition.
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Okitio [En Pause]
FantasyLes dieux les ont abandonnés. Les gobelins les ont massacrés. Les baghros vont les envahir à nouveau. Le sauveur maudit n'est plus capable de protéger Okitio. À moins que... À moins qu'il n'agisse sans le consentement des divinités. À moins qu'il ne...