Demonic Game [Tome 1]

Chapitre 24 :

-Byleth, je t'avais dit de ne pas t'en mêler ! s'emporta Magoa en enfonçant au maximum la pédale de l'accélérateur du monospace familial qu'ils avaient volé.

A l'arrière, le démon leva les yeux au ciel, visiblement excédé par son congénère. Devant, Azael mâchait avec entrain des Oreos, repoussant sans scrupules les miettes sur le siège. Coincé entre un Byleth imposant et une Catherina évanouie qui s'étalait sans pitié, Jesse se sentait plus que mal à l'aise.

-Mag' sérieusement, tu ne vas pas rester bloqué sur ça ? Je t'ai juste filé un coup de main. Entre potes, on peut bien faire ça ? nargua le démon.

-Nous ne sommes PAS amis !

Byleth soupira tandis que Magoa serrait fortement le volant entre ses mains, tentant de contenir sa colère. A côté de lui, Azael entreprit de tripoter les boutons sur le tableau de bord avec curiosité, actionnant tour à tour les essuie-glaces ou les pleins phares, tout content de se faire klaxonner. La musique se mit en route brusquement lorsqu'il alluma l'autoradio du véhicule. Les enceintes crachaient un titre de rap américain à un volume relativement excessif.

-Azael, bordel, d'où ça sort ? Coupe-moi cette horreur ! hurla Byleth.

-Rhoo, détends-toi un peu ! Je découvre le monde dans lequel je vis depuis des millénaires. Malheureusement, je ne pouvais pas le faire avant puisque j'étais enchaîné. Qu'est-ce qui t'plais pas ? La musique ? T'aimes pas Kanye West ? demanda le déchu en se penchant pour lire le nom de la musique sur l'écran de l'autoradio.

Jesse ferma les yeux, regrettant presque de se trouver là. Il appuya son front contre la vitre, serrant les poings dans ses poches. Dans ces moments-là, où il fermait les yeux et tentait de se couper du monde qui l'entourait, il revoyait le sourire resplendissant de Rebecca. Il entendait son rire, enfantin et chantant, qui envahissait sa tête. Il se souvenait de l'odeur de son parfum préféré, et de sa fâcheuse tendance à lui voler le sien en faisant croire à ses copines trop naïves que c'était celui de son petit ami. Il se rappelait combien il l'aimait, combien elle comptait pour lui. Mais immanquablement, il se souvenait également de leurs disputes, des paroles qu'elle lui avait craché à la figure avec virulence. Il se souvenait du visage terrassé de ses parents lorsqu'il était revenu. Lorsqu'il était revenu trop tard pour la sauver, trop tard pour lui éviter cette souffrance. Il ouvrit les yeux, préférant oublier ces dernières scènes. Il devait se concentrer sur ses souvenirs heureux et garder l'image la plus heureuse de sa petite sœur.

-Magoa, arrête-toi. Je crois qu'elle bouge, lança Byleth en lançant un regard soucieux à Catherina.

Jesse jeta un coup d'œil à la jeune fille. Effectivement, elle commençait à légèrement s'agiter. Il craignait sa réaction à son réveil. Lui pardonnerait-elle sa trahison ? Aurait-elle peur de lui ? Essayerait-elle de le tuer ? Il n'en savait rien. De l'autre côté, Byleth la couvait du regard. Jesse haussa un sourcil. Le démon représentait tout ce qu'il haïssait : il était violent, mauvais, menaçant. S'il appréciait Magoa et tolérait assez bien Azael, il sentait que ça ne serait pas la même chose avec le nouveau venu. Pourtant, ses prunelles paraissaient soucieuses lorsqu'il observait Catherina.

Qui était-elle réellement ? Jesse ne la connaissait que depuis peu de temps, mais il avait pourtant eu le sentiment de la découvrir. Or, il ne savait rien d'elle. Elle paraissait si importante aux yeux de tout le monde. Il avait bien remarqué l'intérêt que tous lui portait. Azael tenait énormément à elle, cela se voyait dans son regard. Le regard ne trahit jamais, et Jesse y avait décelé un profond attachement à la jeune fille. Magoa avait accepté de délivrer Azael à la demande de Catherina, et il semblait également beaucoup l'apprécier et l'estimer. Quant à Byleth, s'il incarnait la violence et l'âme rebelle du groupe, il n'en demeurait pas moins protecteur et soucieux de son état. Sans oublier Nael. Il ne se souvenait que trop bien de l'éclat de convoitise qui animait ses prunelles lorsqu'il parlait de la démone. Catherina suscitait inévitablement l'admiration et le respect. Et tout semblait graviter autour d'elle.