Demonic Game [Tome 1]

Chapitre 12 :

Catherina se doutait que Jesse ne serait pas spécialement d'accord avec son plan, c'était plutôt évident. Toutefois, la violence de sa réaction la surprit beaucoup. Les yeux écarquillés, il s'était levé en vociférant qu'elle était devenue folle. Mais lorsqu'il vit son regard déterminé, il avait porté ses mains à sa tête et était sorti en trombe pour s'aérer, laissant la jeune fille en plan sur le matelas.

Elle soupira. Cette situation était horrible. Elle ne pouvait pas lui révéler son identité, surtout pas après lui avoir effacé la mémoire pour qu'il ne garde aucun souvenir de sa petite altercation avec Murray. Et puis, elle craignait sa réaction en apprenant sa véritable nature. Il semblait prêt à tout pour venir à bout de cet incube misérable, mais semblait également remonté contre toute l'espèce des démons.

Catherina était un démon. Jesse voulait exterminer les démons.

Elle ne se faisait pas d'illusions concernant leur possible amitié s'il apprenait une telle nouvelle. Il la tuerait sur le champ, à moins que ce ne soit elle qui le tue en premier. Elle refusait de penser à cette éventualité, mais elle devait y être préparée. Pourtant, tout ce qu'il y avait actuellement dans son esprit, c'était un volcan en éruption. Un volcan dont la lave n'était autre que toutes les informations, tous les souvenirs qu'elle avait oubliés et qui remontaient à la surface, faisant bouillonner son cerveau.

Tout lui revenait en mémoire. La mort de Kalijah, sa mère, et le dernier soupir qu'elle avait poussé en transférant toute sa puissance dans son corps. Les débats qui duraient des jours entiers pour décider de son sort. Les regards haineux et méfiants de Agnan, Bael, ou encore Lilith. Le sourire bienveillant d'Azael contre son rocher, la voix protectrice de Belzébuth, ses heures d'entraînement avec Arioch. La noirceur si attirante des plaines des Enfers, avec ses torrents de lave et ses brumes de ténèbres. La punition de Lilith, la douleur qu'elle avait ressentie en voyant ses amis inertes. Sa rage qui avait déclenché son contrôle des ombres, la haine dans le regard de Lilith. La tentative à la limite de la réussite pour la tuer. La décision de Belzébuth et Azael qui lui avait façonné un corps humain de nourrisson. Et son arrivée sur Terre, avec des souvenirs falsifiés, des mensonges pleins la tête. Rien de vrai. Tout de fabriqués.

Elle avait mal au crâne à force de réfléchir et de chercher un raisonnement logique aux événements de ces derniers jours, aux révélations que Lilith lui avaient faites et à tout ce dont elle prenait maintenant conscience.

Tout lui paraissait maintenant différent. Et pas que par rapport à ses souvenirs qui remontaient à la surface les uns après les autres. Elle avait déjà pris conscience que son corps était plus « performant » que les autres, notamment le soir où elle avait rencontré Lilith. Mais là... c'était encore au-dessus. 

C'était indescriptible. 

Elle ne devait plus se concentrer pour tout percevoir : elle devait se concentrer pour ne percevoir que le strict minimum et être en paix. Le moindre bruit était amplifié dans son crâne, résonnant si fort qu'elle en sursautait à certains moments. Sa vision était plus affûtée, elle apercevait des détails minuscules à plusieurs mètres avec une parfaite précision. Ses sens étaient devenus en l'espace d'un instant imparables. Et elle sentait l'immense puissance qui l'habitait, cette même puissance qui vibrait dans tout son corps, galopait dans son sang et lui faisait tourner la tête.

De plus, elle avait analysé son étrange rêve et en ayant recouvré la mémoire, elle savait précisément, au centimètre près, où se trouvait celui qui l'avait contacté. Et elle ferait absolument n'importe quoi pour le retrouver : Azael. Maintenant que tout était revenu, elle s'en voulait de ne pas avoir compris plus tôt le message que son vieil ami avait tenté de lui faire passer. Il avait cherché à la prévenir. Cette intrusion dans son sommeil avait dû lui demander une quantité d'énergie folle qu'il n'était pas près de récupérer avant au moins une bonne journée de repos.