Marcus

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Deux mois se sont écoulés. Je le sens m'épier croyant que j'ignore qu'il se cache derrière la porte entrebâillée. Je souris pendant que j'enfile mon tee-shirt. Il est adorable. Il est exactement comme un enfant. Sa timidité et son innocence sont émouvantes. Et sa maladresse ne fait qu'embellir son portrait. Je me retourne vers la porte brusquement et l'interpelle. Il ne répond pas. Je lui stipule donc que je sais qu'il est caché derrière la porte. Il entre, la tête baissée, les épaules rentrées, le dos voûté et les joues rouges. Il se plante près de la porte. Je lui demande cependant de se rapprocher. Il s'exécute. Toujours le regard fixé au sol. Une fois près de moi, je soulève son visage d'un doigt sous le menton l'obligeant à plonger ses iris dans les miens.

- Regarde-moi, ne sois pas timide en ma présence. Je ne te mangerai pas.

Un sourire se pointe sur ses lippes mais il tente de le dissimuler. Je me penche et dépose un baiser sur sa joue puis sur son front. Il rougit encore plus. Un rire quitte la cage de ma gorge devant ce personnage des plus adorables. Je lui prends la main et le tire en dehors de la chambre puis de la maison.

- Où... Où va-t-on ? bégaye-t-il.

- Surprise, surprise. Aller, monte.

Je m'installe côté conducteur. On est parti pour une heure de route.

Je pense à ces deux mois de vie commune avec Jonathan. Un quotidien tout ce qu'il y a de plus normal. Je ne mentirai pas en disant que coucher avec des putes ne me manquent pas ou aller dans des boîtes de nuit. Mais je ne veux pas lui retirer son innocence en l'emmenant avec moi. Je ne suis pas obligé de l'emmener mais je ne peux m'empêcher de le transporter partout où je vais. Ma vie est plus paisible depuis qu'il en fait partie. Il n'est pas envahissant comme on pourrait le croire. Au contraire il me faut souvent le solliciter pour qu'il réagisse. Il me permet d'oublier. Oublier Dylan. Oublier les vices qui m'attirent encore. Oublier ces ténèbres qui m'appellent sans cesse.

Je tourne la tête et le voit le front appuyé contre la vitre de sa portière, le regard rivé au paysage. Je ne peux m'empêcher aussi de le trouver tout à fait désirable avec son visage angélique. Je ne sais encore où cela va nous mener. Si je serai résisté à l'appel du sang, du chaos, du vice, des Enfers. Pour l'instant je me contente de profiter de ce petit bout de normalité que m'apporte ce chat errant. Un jour le relâcherais-je ? Je ne sais pas. Ai-je envie de revoir Dylan ? Je pense chaque jour, des heures durant où mon esprit s'absente et pèse le pour et le contre pour aller le libérer ou le ramener à mes côtés. Mais vite, je me reprends. Cela serait injuste pour les autres âmes et un marché est un marché.

Mais ce marché implique ton cœur et ta raison... il n'est pas comme tous ceux que tu as passé.

Aujourd'hui il ne fait plus parti de ma vie, je dois arrêter de penser à lui. J'ai Jonathan.

Tu te leurres. Jonathan n'est pas comme lui.

Justement, il n'est pas comme lui.

Dylan est celui qu'il te faut. Avec lui tu n'as pas besoin de lutter contre tes instincts, ta nature. On ne t'a jamais appris que chasser le naturel et il revient galop.

Quel naturel ? Celui de baiser partout avec n'importe qui ? Celui de boire et de me droguer ? Celui de torturer des gens dans une pièce sordide ? Me lier avec des gens louches ?

Tu ne comprends vraiment rien. Pour un seigneur, tu es vraiment stupide. J'espère que tu arrêteras avant qu'il ne soit trop tard. On sait que tu t'en es rendu compte. Tu ne mens à personne sauf à toi-même.

Soudain, une voix douce me sort de cette entrevue extrêmement désagréable. Je me tourne vers l'origine de la voix. Jonathan me scrute un moment avant de me demander quand arrive-t-on.

- Dans une dizaine de minutes, je lui réponds avec un sourire.

Il est hors de question que je le lâche. Peu importe ce que tu peux dire. Effectivement je sais mais je préfère fermer les yeux.

Je gare la voiture et descends. Je me tiens près de Jonathan et lui prends la main. Je nous conduis dans un énorme bâtiment. Nous prenons l'ascenseur. Cinq minutes plus tard, il s'ouvre sur un voile couleur or.

- Je te laisse rentrer le premier.

Il me dévisage et traverse le voile. Je lui suis peu de temps après. A peine, je suis au milieu de la place qu'un boulet de canon me saute dessus. Je sens des larmes mouiller le creux de mon cou.

- Merci, chuchote-t-il. 

Vie de débauches: Satan n'est qu'un hommeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant