Marcus

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J'essaye de l'oublier. La culpabilité me ronge. Elle me dévore. Savoir que je suis son meurtrier me laisse un goût amer dans la bouche. Sachant en plus là où il est, me donne l'impression que mon cœur se resserre. Je décide de sortir. J'ai besoin d'air. Alors que je traverse les couloirs de mon palais, je perçois des hurlements. Je me dis qu'étant maintenant de retour en Enfer cela est tout à fait normal. Cependant ce n'est pas normal que des cris se répercutent entre les murs des couloirs du palais. Je me dirige donc vers le brouhaha. Je vois trois gardes essayer de maîtriser l'élément perturbateur, mais il semble que celui-ci soit assez coriace et donne du fil à retordre aux colosses. J'observe l'agitateur et je suis surpris de sa force vu sa corpulence. Un jeune homme longiligne aux traits efféminés, de longs cheveux blancs et torse nu. Il continue à crier comme si on l'égorgeait. J'observe sa peau blanchâtre se colorier de rouge au niveau de son visage et de son torse. Je contemple encore un moment les colosses qui peinent à le traîner. En ayant assez vu, je sors de mon poste d'observation. Aucun d'eux ne m'a encore remarqué. Enfin c'est ce que je crois jusqu'à que j'entende l'androgyne s'époumonait : " Le Mal est près". 

Il tourne alors la tête vers moi. Un sourire perce son visage rouge. Un sourire malsain, un sourire qui laisser perler le vice, le mal. Cet homme, maintenant que j'examine son faciès de plus près, me rappelle une personne, mais je ne trouve pas à qui il peut bien ressembler. Je sors de ma torpeur et m'avance vers le groupe. Arrivé à leur hauteur, j'interpelle les colosses qui ne m'avaient pas encore vu malgré la précédente parole de notre troublant. Je leur ordonne de me laisser m'occuper de "la gène". Ils s'excusent de ne pas avoir réussis à maîtriser l'homme, mais je les coupe dans leurs excuses et les congédie. Une fois à hors-de-vu, je me tourne vers le perturbateur qui affiche une mine amusée avant d'engager la conversation.

- Le grand seigneur des Enfers qui me fait l'honneur de s'occuper personnellement de moi. 

Dit-il en faisant de grands gestes et en regardant autour de nous pour les replonger dans mes yeux. 

Je le dévisage s'agiter et hurler à tout va. Je ne montre aucune émotion face à cet énergumène. Seules deux choses m'importent alors je lui demande : 

- Qui es-tu et pourquoi toute cette agitation dans ma demeure ? 

- Je suis déçu que tu ne te souviennes pas de moi. Je pensais que je t'aurais assez emmerdé pour que tu te souviennes de ma fabuleuse personne. 

Répond-il en s'approchant de moi. Il vient coller son torse au mien. J'étudie chacun de ses mouvements, chaque millimètre de son visage, mais rien. Il lève la main et avec son index vient tracer la ligne de ma mâchoire. Je me saisis alors de son poignet et un autre sourire fait son apparition. Je lui confie alors : 

- Je ne vois pas qui tu es. Et aussi tu n'as pas de crampes aux joues à force de me montrer tes dents à tout bout-de-champ ? 

Pendant la première partie de ma réplique, son sourire s'évapore pour revenir au galop lorsque j'ai lancé mon pique. Je poursuis et lui dis donc : 

- Si c'était juste pour emmerder mes gardes et attirer mon attention. Tu aurais pu écrire un courrier pour m'avertir, je serais parti plus tôt. Sur ce, si tu n'as rien d'autre à me dire, je te pris de quitter mon espace privé. J'ai d'autres choses à faire que faire joujou avec toi. 

- D'autres choses à faire telles que tenter d'effacer ou oublier pendant un instant ce sentiment de culpabilité qui te dévore, comme de minuscules vers qui grignoteraient une charogne. Aller Lux ou dois-je t'appeler Marcus ? Vraiment Luce, tu aurais pu trouver mieux comme nom que Marcus, je pense. 

Je regarde l'androgyne frétiller devant moi tentant d'attirer mon attention avec ces quelque mots. Si je n'étais pas submergé par l'amertume, j'aurais pu perdre mon temps à jouer au policier en lui assommant toutes sortes de questions sur l'origine de ces informations. Il continue à parler : 

- Je n'arrive pas à croire que je stimule à peine ta curiosité. Je vais essayer une autre à proche dans ce cas. Avant que tu ne t'entiches de cet homme, comment s'appelle-t-il déjà ? Dylan; tu étais plus amusant. Il a fallu que tu le balances par la fenêtre...

Sans qu'il puisse finir sa phrase je l'attrape par la gorge. J'approche son visage du mien et lui dit en serrant les dents de ne plus jamais prononcer ces mots et de ne plus parler de Dylan. Je le jette par terre comme un vulgaire déchet. Je tourne les talons et pars mais je peux entendre l'énergumène rire à gorge déployer. Je sers les poings, contracte ma mâchoire. Je perçois les fissures causées par ma rage le long des murs, mais j'en ai que faire.

Je quitte le palais pour rejoindre le monde des hommes avec toute ma peine, ma rage et mes espoirs cachés. 

Vie de débauches: Satan n'est qu'un hommeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant