L'histoire de Bineta

Part 8: Confidence 3

Abdou léthargique, sous le coup de l'émotion eut douté pendant un moment. Dans quoi il s'était mis, était-il pris au piège ? Toutes ses questions tournaient autour de ça. Ou était-il investi d'une mission particulière ? ... pendant ce tiraillement interne, il lui vint à l'esprit qu'il avait eu deux ans auparavant une discussion avec son ami Khalifa. C'était au cours d'une émission de télé qui traitait de ce sujet, des conséquences que cela pouvait occasionner et du soutien dont ont besoin les victimes. Devant le petit écran, Il avait pesté, maudit et s'était juré d'apporter son aide à quiconque en souffrirait, même si en son for intérieur il priait pour que cela n'arrive à aucune femme. Il se mit à se rappeler une partie de cette conversation. C'était un souvenir vif qui, comme s'il attendait spécialement ce moment, avait resurgi du tréfonds de ses pensées.

A : Khalifa, l'humain est vraiment cruel. Je me sens, des fois, étranger à ce monde. Serais-je né après mon temps ? Je me la pose souvent, cette question.

K : Tu n'es pas le seul à avoir cette impression, en prenant un peu de recul face à certaines choses on ne saurait échapper à ce genre de questionnements... Et cette cruauté semble caractériser le monde actuel

A : Je trouve aussi. Tout est de travers et on dirait que cela va de mal en pis. Le cynisme absolu semble régner en maître et l'antipathie primer sur toute forme de sentiment... Y a-t-il une raison rationnelle pour avoir de tels comportements ?

K : Non je ne crois pas Abdou, pas le moins du monde.

A : Alors pour quelle raison, Diable !, ils sont mus par de telles pulsions, à la limite, macabres

K : L'absence de repère peut-être, ou encore heuuu... je ne sais pas Abdou...je ne sais absolument pas. Mais une part de moi, malgré tout, continue de croire en l'humanité, en sa bonneté et en son empathie

A : Oui Khalifa, des gens biens, on en rencontre encore...Tu sais, ces gens à la télé sont en train de parler de ce que je redoute le plus pour mes sœurs. Je te le dis, en prenant Dieu à témoin, je soutiendrais toute femme victime d'abus de ce genre. Et je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour faire payer des auteurs de ces forfaits.

K : Je pense que nous sommes deux à en faire le serment

Abdou revint subitement à lui. Bineta ne s'était pas rendue compte qu'il fût, pendant un instant, dans un état qui le priva de toute sensibilité extérieure. Elle avait le visage entre ses mains et attendait la réaction d'Abdou. Par intermittence elle gémissait. Durant ce calme, elle subissait les sévices de l'incertitude. Oui, Abdou était sans doute quelqu'un de bien si elle se fiait à ce qu'il avait bien voulu lui montrer sur sa personnalité. Mais qui peut prévoir les réactions de l'être humain ? Il peut au gré des circonstances se vêtir d'une casquette qu'on ne lui connaissait pas. Il est arrivé que le faible s'endurcisse parce que mis à rude épreuve par la vie, que le méchant redevienne amène après être attendri par ce qu'il y'a de plus doux chez la femme... ou que sans raison apparente l'on soit victime de trahison... elle faillit perdre patience et songeait à bientôt s'en aller. Abdou regarda Bineta, qui demeurait encore sur cette position. D'un geste délicat, il la fit relever la tête et lui parla en ces termes :

A : Avec moi jamais tu ne baisseras la tête, tu la garderas haute. Bineta la vie est parfois, telle que nous la vivons, compliquée ou plus encore, injuste. Mais tout ce qu'elle te prend, peut aussi t'être restitué au centuple, sous une autre forme le plus souvent. Je serai toujours là pour toi, je ferai tout mon possible pour que tu aies une vie pleine de joie si toutefois tu me laisses le choix. Dis le moi, si tu comptes réellement t'accrocher à la vie. Dis le moi, si tu accepteras de tourner la page. Dis le moi, Bineta, si tu me laisseras une place de choix dans ta vie.

B : Abdou, je garderai la tête haute. Je ne te demanderai pas l'impossible, tout ce que je veux que tu me promettes c'est de ne jamais me trahir. Ça, je ne saurais le supporter

A : Que dois-je faire pour que tu saches que te trahir, pour moi, n'est pas une option ?

B : Ta parole me suffira...