Part 12: L'annonce de l'invitation

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Après avoir eu l'approbation de ses parents, Bineta se retira dans sa chambre et prit un long moment pour réfléchir sur tout ce qui lui a été dit. Elle en sortit plus forte que jamais et ses espoirs devinrent plus grands. Elle pensa à la chance qu'elle avait d'avoir des parents qui l'aimaient tant. De l'amour, elle en avait reçu d'eux. De leur temps, ils lui avaient consacré. De la joie, ils lui avaient procuré. Lui devaient-ils encore quelque chose ? Telle était la question qu'elle s'était posé après mûre réflexion... Elle tomba dans les bras de Morphée et roupilla telle une gamine. Elle ne se souvenait même plus de la dernière fois qu'elle avait aussi bien dormi.

Le lendemain, Bineta se présenta en classe beaucoup plus libérée que d'habitude... Elle venait toujours beaucoup plus tôt que les autres pour éviter d'être dévisagée. Près de la même fenêtre toujours elle se mettait. Cette place lui était réservée, c'est la place de la « fille » disait-on. Il n'était plus nécessaire de l'appeler par son nom pour que l'on sache de qui il s'agit, juste la fille suffisait. Assise dans ce coin, de temps en temps elle semblait pointer le regard au loin mais sans ne jamais rien voir ni tout près ni très loin. Par moment elle retrouvait ses esprits et apercevait son refuge, l'arbre au houppier protecteur aussi bien contre le soleil que contre les « regards inquisiteurs ». Il lui arrivait souvent de ne plus suivre le cours parce que prise dans un tourbillon de songes. Si j'en avais le pouvoir je remonterais le temps et effacerais la cause de ma presque descente aux enfers, se disait-elle... Donc ce jour-là elle parvint à se concentrer et eut même, pendant un instant, envie de participer au cours.    

Abdou, pour la première fois depuis qu'ils avaient fait connaissance, arrivait avant Bineta sous cet arbre où ce qui allait changer leur vie à tous les deux avait vu le jour. Comme toujours son petit-déjeuner était soigneusement poser sur une petite table jouxtant la porte de sa chambre. Il avait l'habitude de le déposer là  pour que s'il fût en retard qu'il puisse gagner un peu de temps. Même si cela ne changeait pas grand-chose. Quelques secondes ne pouvaient certainement pas avoir un quelconque effet positif sur son retard, il y trouvait malgré tout une certaine assurance. C'était sa manie quoi. Ce jour-là aussi il n'y goutta pas. Bineta le rejoignit une dizaine de minutes après et se mit juste à côté. Ils n'étaient pas très à l'aise à cause du sujet de leur dernière discussion. Mais cela ne dura pas, Abdou lui fit la remarque que quelque chose avait changé...         

A : Comment va mademoiselle ? Ton petit-déjeuner a été un peu trop copieux on dirait.

B : Pourquoi dis-tu cela ? (arborant le genre de sourire que peu de gens avait le privilège de voir)

A : C'est juste que je perçois en toi une petite lueur que jusqu'à ce jour je n'avais pas vu. Je ne puis te dire ce que c'est... mais je sais qu'il s'est passé quelque chose qui a causé un changement chez...je vois une certaine assurance en fait... un regain de confiance...    

B : On m'a ouvert les yeux Abdou. Et puis j'ai une nouvelle à t'annoncer

A : Que s'est-il passé ?

B : Hier je me suis entretenue avec mes parents quant au fait que tu ne savais pas ce que j'avais subi et que j'ai dû tout te raconter... ta réaction et ta volonté de me soutenir. Il s'en était suivi des conseils... viatiques, je dirais, qui à coup sûr m'édifieront sur le sentier incertain qui mène à la fin ultime     

A : Je suppose qu'ils en gardent à profusion pour moi. Je ne savais pas que ma réputation m'avait précédé chez vous. (Plaisanta-t-il)  

B : je ne t'en avais pas parlé mais j'ai expliqué à mes parents tout ce qui s'est passé entre nous depuis le début... et ils ont été ravis que j'aie enfin décidé de refaire confiance

A : Et... le fait que je sois un garçon n'a-t-il pas suscité de la réticence ?

B : Oui...de  ma maman surtout, mais après que je lui ai fait savoir que je te trouvais différent, elle a fini par accepter...   je crois même que t'a fait bonne impression alors qu'ils ne te connaissent pas

A : J'espère qu'après les avoir rencontrés, je remonterai encore plus dans leur estime. Quelle est la nouvelle que tu devais m'annoncer ?   

B : T'ai-je salué... je ne me souviens pas de t'avoir salué. Qu'est-ce qui m'arrive ? Je suis en train de te donner raison là. Mais pour le petit-déjeuner rien n'a changé. Je n'ai pris que ce que je prends d'habitude

A : En tout cas t'es différente aujourd'hui. Et pour la nouvelle... je m'impatiente là

B : Tu peux passer chez moi les vacances prochaines pour que je te présente à mes parents. Ils veulent te voir.  C'en est une bonne non ? 

A : Venir chez..., où... dans votre domicile ?

B : Oui Abdou, je veux que tu viennes à la maison. Ça te fait peur ? 

A : Non...pas vraiment... enfin si un peu. Je ne suis pas habitué à ça... rencontré les parents d'une fille

B : Hey ! rassure-toi. T'as juste peur de l'inconnu mais je serais là... il ne t'arrivera rien

A : Bien sûr qu'il ne m'arrivera rien... mais j'ai en réalité plus peur de ne pas me faire accepter

B : Te souviens-tu de ce que je t'ai dit tantôt ?...qu'ils t'apprécient... tout se passera bien, je t'assure...

L'histoire de BinetaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant