Part 10: Leçon de vie

196 16 2
                                    


Abdou prit le temps de mesurer la portée du conseil que son oncle venait de lui prodiguer. Il lui fallait parler avec quelqu'un. Tourmenté comme il l'était, rien de sensé ne pouvait découler de ses réflexions. Avec Bineta, ils étaient restés siliceux après qu'il lui ait donné sa parole. Par principe Abdou honorait toujours ses engagements alors la promesse faite à Bineta était lourde de sens. Ce silence, il le vivait tel un supplice qui l'empêchait d'y voir plus clair. Assis près de son oncle en pleine discussion il se perdit dans ses pensées.

A dans ses réflexions : Ma présence pour Bineta doit être totale ou plutôt sera totale. Elle sera d'abord une sœur pour moi. J'ai toujours prié pour que, contre tout événement malheureux, Dieu garde à l'abri mes sœurs. A la moindre mauvaise surprise dont elles ont souffert jusqu'ici, j'ai apporté ma sollicitude pour leur témoigner l'infaillibilité de celle-ci. La patience, ce n'est pas la qualité qui me définit le mieux mais pour elle je n'aurai de cesse de persévérer... Les conseils d'un homme avisé sont le plus souvent à la hauteur des circonstances, causes d'inquiétudes. Je ne regrette pas de m'être entretenu avec le tonton sur la question... Abdou, Abdou, qu'y a-t-il ? Si tu te mets dans cet état, quel soutien pourras-tu lui apporté ? Il faut te dégourdir. lui dit son oncle.

A : Tout à fait oncle Moustapha, j'étais en train de réfléchir sur ce que tu viens de me dire. Et j'ai la ferme intention d'appliquer tes conseils... Merci tonton ! (il prit congé de lui)

Le voilà à présent moins déboussolé et prêt à se conformer à sa décision parce que sachant où donner de la tête.

Bineta de son côté pensait encore à la scène. C'eut été un autre, il se serait barré, la laissant planter là... et elle ne saurait si elle devrait lui en vouloir ou pas... certaines révélations ont l'effet d'un choc qui quelques fois peut être au-dessus des forces de celui qui le reçoit de plein fouet. Mais c'était Abdou. Celui qui l'avait trouvé, terrée dans sa solitude pour lui tenir compagnie. Les débuts difficiles sur le plan communicationnel ne l'avaient pas découragé. Envers et contre tout il s'est dressé pour obtenir d'elle son attention. C'était encore lui qui proposa son aide pour la sortir de l'abîme dans lequel elle allait peut-être sombrer pour de bon.

Arrivée à la maison, elle alla trouver sa maman Mariam dans la cuisine :

B : Ma petite maman (elle l'appelait comme ça affectueuse), comment tu vas ?

M : Ma grande fille je vais très bien et toi ? Dis-moi comment tu te portes ?

B : ça peut aller. Au fait ce n'est peut-être pas le moment mais il faut que je te parle

M : Ta réponse n'est rassurante et te voilà renchérir avec... en me disant que tu veux me parler. Dois-je m'inquiéter ?

B : Non pas du tout. J'ai été surprise... rien de vraiment grave maman... c'est juste qu'Abdou le jeune homme dont je vous avais parlé et dont j'avais loué la bonneté de par ce geste qu'il fit en dépit de tout... n'était pas en fait au courant de ma situation

M : Et... Je commence à me faire du souci là... comment tu l'as su ?

B : Il m'a posé la question... ce qui l'intriguait c'était que je me mettais toujours à l'écart alors que s'il devait choisir un mot pour me caractériser... « Introvertie » ne lui viendrait certainement pas à l'esprit.

M : Je suppose que tu lui as répondu... et que... je n'ose pas continuer

B : Non Maman. Je lui ai expliqué la raison... ce n'était pas facile... mais il l'a pris super bien...non, pas dans le sens où il penserait que je n'ai eu que ce que je méritais mais dans le sens où il est resté. Ça l'a bouleversé mais il n'a pas détalé...Et figure toi qu'il m'a demandé de lui accorder une place privilégiée dans ma vie

M : Il est une bénédiction ce garçon, comme lui on en trouve que trop rarement par ces temps qui courent. Je t'avais dit que le monde n'était pas contre toi. Tu peux avoir cette impression mais jusqu'au jour où tu te rends compte de ton erreur. Parce que ce jour arrive toujours. C'est peut-être normal d'avoir un tel comportement d'autant qu'une âme ainsi atteinte ne peut avoir la sérénité des constellations. L'ennui cependant est qu'avant ce jour, la personne aura cherché des ennemis partout et s'en sera faite assurément. Elle essayera de trouver des coupables et changera de comportement à l'égard de certain... Malheureusement tout le monde n'a pas la même capacité de compréhension... Oui, il y'a des gens à éviter parce que malgré ta souffrance, ils seront toujours, au moins, aussi méchant avec toi qu'ils l'avaient toujours été. Mais qu'en est-il des autres ? Sais-tu qui, parmi eux, est bon ou ne l'est pas ? Et doivent-ils forcément mal se comporter avec toi ?          

L'histoire de BinetaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant