Part 21: La déclaration d'amour

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Après avoir acheté du crédit, Abdou se demanda s'il devait appeler Bineta avant d'arriver à la maison ou s'il devait le faire une fois arrivé et à tête reposée. La seconde option lui sembla la plus judicieuse.

Bineta trépignait d'impatience et son inquiétude prenait des proportions démesurées. Elle se résolut alors à l'appeler, et au cas où elle ne l'aurait pas au téléphone à lui rendre visite... Alors, comme si tout allait se passer très mal pour elle, son smartphone faisait des siennes. Elle fut obligée de prendre le téléphone de son père qui à coup sûr réglerait son problème.

Abdou était arrivé chez lui. Installé sur son lit, il reprit son souffle puis se saisit du smartphone pour passer le coup de fil qui le fit faire fi de la bienséance dont il faisait montre la plupart du temps. Il compose le numéro, qu'il avait mémorisé depuis l'instant où Bineta le lui avait donné, mais la voix de l'autre bout du fil n'était pas celle qu'il souhaitait entendre. Cette voix lui disait de réessayer plus tard parce que son correspondant était injoignable pour le moment.

Comme si j'en avais besoin (en secouant la tête), où est-ce qu'elle a laissé son téléphone... avec qui est-elle en train de discuter... attends, mais que suis-je en train de dire ? (Il était confus)... Non mais je suis tombé sur sa boite vocale là, elle est certainement hors ligne donc elle ne parle avec per...sonne au téléphone, monologuait-il. C'est en ce moment qu'il reçut un appel d'un numéro qu'il ne connaissait pas.

Mais qui est ce qui m'appelle comme ça ? Un numéro que je ne connais pas... je n'ai vraiment pas envie de parler à quelqu'un d'autre que Bineta, encore moins à un étranger... que me veut-il celui-là aussi ?...

C'était la troisième fois que cela sonnait, Bineta commençait à s'impatienter.

Pourquoi est-ce qu'il ne décroche pas ? Où a-t-il encore laissé son téléphone ? Je n'aime pas quand ça sonne plusieurs fois dans le vide... C'est peut-être parce qu'il ne connait pas ce numéro... Je vais malgré tout laisser sonner jusqu'à ce que ça s'arrête de lui-même.

Je vais me ressaisir et prendre cet appel... je compte jusqu'à trois. Un, deux, trois...

Abdou décrocha et qui est-ce qu'il eut à l'autre bout ? Bineta. Ils poussèrent chacun de son côté un soupir, en chœur. On serait tenté de croire qu'ils jouaient à ça, à qui bruissait le plus fort en expulsant l'air contenu dans ses poumons. Tellement pressés, ils parlèrent en même temps, leurs paroles se mêlèrent et produisirent des sons indistincts. Cela leur fit rire... Entendre la voix de l'autre eut l'effet d'un baume au cœur pour tous les deux.

-Laisse-moi parler s'il te plait Bineta.

-Vas-y alors, je t'écoute. Tu as intérêt à être plus poignant que l'aurais été si je devais parler en premier.

-Voilà, je suis désolé de t'avoir laissé sans nouvelles depuis la dernière fois. J'étais juste un peu dépassé par les évènements... j'étais plutôt complétement ébranlé. Je mourrais d'envie de t'entendre à l'autre bout, le tintement de ta voix me manquait au plus haut point... tu ne peux même pas imaginer. J'ai même dû faire une chose dont je ne suis pas fier pour t'appeler... je ne me suis pas gêné à me montrer irrévérencieux devant une flopée de gens faisant la queue pour se procurer des produits chez le boutiquier du coin. Je suis allé directement lui tendre le billet pour qu'il me vende sans pour autant les saluer... c'eut été un autre, je suis sûr qu'Abdalah l'aurait remis à sa place en lui donnant une bonne leçon... je te jure que je ne sais pas ce qui m'a pris... Mais ce qui a failli me rendre fou c'est le fait que je ne pouvais te joindre, il y'avait cette voix là pour me dire que t'étais injoignable... et j'ai pensé que tu étais en discussion avec quelqu'un d'autre et que tu le faisais exprès de laisser sonner dans le vide... non mais j'étais à ça (en réunissant le pouce et l'index), à deux doigts de craquer.

-Je me serais moquée de toi si je n'avais pas moi aussi pété un câble... tiens-toi bien, j'ai mal parlé à mes parents, cela n'était jamais arrivé auparavant. Tu sais combien c'est grave ?! (Abdou lui coupa la parole)

-J'ai oublié de te raconter cette partie-là dans mon « récit » de tout à l'heure. La partie où j'ai comme qui dirait traiter mon oncle de la...lâ...che, parce que je pensais qu'il ne s'était pas battu, en tout cas pas assez pour son amour... Je crois que je ne me le pardonnerai jamais.

-C'est fou, ce qu'on peut faire quand on perd son sang-froid. Mais tu es allé trop loin... j'espère juste que je ne suis pas dans le cas où l'hôpital se moque de la charité... (Abdou voulut en placer une). Laisse-moi terminer... Je leur ai demandé s'ils sont avec moi ou pas, sans vraiment leur donné le choix... disons que j'ai exigé leur soutien... je pense qu'ils auraient, non je sais qu'ils m'auraient de toute façon soutenu mais c'était... j'étais, je pense hors de moi... Et puis, il y'a ça... donc je vais y aller sans virevolter... j'ai des sentiments pour toi, ne pense pas que c'est dû à un quelconque choc émotionnel. Il se trouve que je viens de m'en rendre compte, cet amour m'habitait déjà mais ça me donnait une autre impression, l'impression de te le devoir... comme pour te rendre la pareille. Je ne sais pas, parce que tu as beaucoup fais pour moi mais aussi que tu m'avais déjà déclaré ton ...                               

L'histoire de BinetaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant