Chapitre 8: L'épreuve - partie 1

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J'ouvre soudainement mes yeux azurs, réveillée en sursaut par le bruit d'une alarme. Stéphanie dans le lit en hauteur en face du mien, émerge elle aussi de son sommeil, la même surprise teinte sur son visage métisse.

— Que se passe-t-il ? grogne mon amie, toujours dans les vapes.

— J'en sais fichtrement rien, par contre ce que je sais, c'est que si cette alarme ne s'arrête pas immédiatement ma tête va finir par exploser !

Je penche la tête vers le bas, pour vérifier si ma voisine du dessous est elle aussi réveillée. Contrairement à nous toutes, elle a un sourire jovial plaqué sur les lèvres et glousse doucement quand elle me voit apparaître, les cheveux à l'envers.

— Hey ! elle me lance doucement.

— Salut, je lui réponds en forçant un misérable rictus.

J'observe, pour la première fois, la chambre remplie de filles en colère, et compte que nous sommes comme nous l'avait dit la garde, exactement vingt. Notre dortoir est assez spacieux, je dois dire. Les murs éclairent la pièce comme il se doit, et une dizaine de lits superposés en bois clair forment un immense cercle. Je n'avais jamais vu une chambre pareillement aménagée, mais au contraire, cela apporte une certaine convivialité que nous enlevait la présence de rideaux individuel pouvant isoler notre partie du lit du reste. C'est sympathique, mais pas assez pour me faire sentir bien dans cet endroit que je ne connais pas.

Moi la première, je saute de mon perchoir et me dirige vers la porte de sortie, elle aussi en bois gris.

— Où vas-tu ? m'arrête celle qui partage mon lit superposé d'une main sur mon avant bras.

Habituellement, j'aurais tirer sur mon bras pour qu'elle me le lâche et lui aurait répondu que cela ne la concerne pas, mais là, quelque chose m'en empêche. Sûrement son sourire angélique et sa bouille d'enfant qui me prennent par les sentiments...

Je ne connais pas cette fille, mais sa joie de vivre m'empêche de la rejeter comme toutes les autres.

— Faire un tour, je n'ai pas envie de rester là. L'air y est de trop mauvaise qualité, je me surprend à blaguer.

C'est faux, strictement faux, car je n'ai jamais respiré un air qui comble si rapidement mes poumons. Je n'en ai jamais respiré, et ne pensais ne jamais en avoir à respirer, puisque je viens d'un milieu très modeste, voir à la limite de pauvre. Mais ici, l'air est travaillé et retravaillé, sous entendu de richesse extrême.

— Dans ce cas je t'accompagne, elle rentre dans mon jeu. Tu as raison, il nous faut de l'air pur. Et rien de mieux pour ça que leurs modestes jardins, aussi petits puissent-ils être.

Elle me fait un clin d'œil, ce à quoi je réponds par un ricanement comique.

Puis, préférant ne pas rester un minute de plus dans cette chambre dans laquelle je ne me sens pas à mon aise, j'appuie sur la poignée de porte, ce qui la fait chavirer.

Le couloir dans lequel nous débouchons, moi, ma nouvelle connaissance et Stéphanie qui a décidé de nous rejoindre, est complètement vide. En même temps, personne n'aurait idée de sortir dès le réveil, de plus en pyjama. Personne à part nous, j'ajoute à ma pensée en soupirant.

— Tout ce blanc m'écœure, commente la fille à la chevelure couleur de braise. Franchement, serait-ce trop que de mettre un peu de gaieté dans la déco ?

Elle ne s'en rend peut-être pas compte, mais ici c'est bien elle la dose de "gaieté". Et Stéphanie semble penser la même chose, puisqu'elle compatit avec elle en étirant sa bouche d'une oreille à l'autre.

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