Chapitre 14: Torture mentale, 2e partie.

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Adam

Des pas dans le couloir semblent se rapprocher, et quelques secondes plus tard, la poignée de ma cellule s'abaisse pour laisser place à la vue d'une femme d'une quarantaine d'année, tenant sur son bras un costume noir.

Je la dévisage durement: que fait-elle là ?

— Bonjour monsieur Kadl. Je suis venue vous apporter votre tenue pour la cérémonie de ce soir, mais aussi, je le crois, une personne qui vous est chère...

...

Surgit alors de derrière elle, presque timidement, une silhouette vêtue d'une robe fluide blanche.

Dieu tout puissant, c'est elle.

Avant que je ne puisse m'y attendre, elle fonce littéralement droit vers moi, et au moment où son corps délicat vient se coller au mien, une montée de sentiments me submergent.

Je fourre ma tête dans ses cheveux, dont une douce odeur s'en échappe, et la serre le plus fort que je le peux contre mon torse.

Ma main droite, presque tremblante, vient caresser ses fins cheveux clairs en même temps que la montée de stress qui m'animait il y a quelques heures redescend.

C'est bien réel, elle est à mes côtés.

Je savoure pleinement cette étreinte ; certes, nous ne nous sommes pas quittés longtemps, mais la peur et la pression que nous avons ressenti ont rendu cette séparation plus qu'éprouvante...

Finalement, quelques minutes plus tard, nous nous écartons quelque peu l'un et l'autre, et ses yeux d'un azur si déroutant convergent alors sur mon visage.

— Je suis heureux de te voir de nouveau, lui confis-je.

Ces lèvres, dont ma seule envie maintenant est de m'en emparer, s'étirent en un large sourire communicatif.

— Moi aussi, tu ne peux pas savoir à quel point.

Oh, si je peux le savoir. Il n'y a qu'à voir mon état lorsque je te retrouve après une attente de simplement quelques heures brèves...

Je relève mon attention de ses lèvres finement dessinées, pour la centrer uniquement sur l'entièreté de son visage.

Tout doucement, je me fais raison et alors qu'elle me demande si j'ai moi aussi ressenti la décharge de tout à l'heure dans tout mon corps, et qu'elle m'explique que c'est Marcus qui l'a déclenchée, la femme, jusqu'à la patiente, s'avance alors vers nous.

Elle nous appelle une première fois, ce qui apparemment suffit à Stelly pour l'entendre, mais personnellement, je feins de l'ignorer.

— Il faudrait que votre compagnon se change, maintenant, dit-elle en s'adressant à mon amie. Il est bientôt temps d'y aller, les gardes qui doivent venir l'emmener au gala ne vont pas tarder à arriver, c'est pourquoi nous ferions mieux nous aussi de nous dépêcher de filer...

Qu'elle la ferme, si c'est pour dire ça. Ce n'est pas contre elle, mais je n'ai aucunement envie de me détacher d'elle.

Cependant, je me contiens de dire quoi que ce soit, même lorsque Stelly vient presser une dernière fois ma main avant de s'en aller, comme elle est venue.

Je jette une œillade au costume qui semble m'attendre, et me dirige alors vers lui dans le but de l'enfiler.

C'est un costard digne des plus grandes cérémonies, un du genre que je ne pourrais plus jamais porter à nouveau. Plus jeune, cette idée de paraître riche m'aurait plus ; aujourd'hui, j'ai grandi, et surtout, les épreuves que j'ai subies m'ont fait grandir.

Pourtant, je ne me plains pas. Au contraire, de la où je viens, finir dans mon cas est très rare, et surtout très envié. Passé de simple civil d'Oclia, à employé de ma propre Nation, est un sacré exploit. Enfin, si c'en est un, c'est justement parce que l'on parle d'Oclia, ma ville de naissance, autrement appelé la ville des condamnés. J'étais moi aussi un condamné, tout comme ma famille, et mes amis. Un condamné parmi tant d'autres, parmi plus de deux cent mille, et, plus précisément, parmi ceux qui étaient destinés, à soit pour les plus chanceux, mourir, soit pour les moins à se faire kidnapper contre leur grès à jamais par la Nation Blue, et leur servir d'expérience. Puis, pour le reste, ceux qui n'avait ni chance ni malchance, à vivre dans les maigres conditions dans lesquelles j'ai baigné toute mon enfance.

Parce que voilà, dans la ville où j'ai grandi, cette ville que ma Nation a pratiquement laissé à l'abandon, parfois, quand l'on est plus grand et fort que les autres, il nous est donné un échappatoire. Et s'il est si précieux, c'est parce que c'est bien l'unique que nous aurons.

Cet échappatoire nous est ouvert vers nos quatorze ans, au début de notre croissance, lorsque des envoyés des gouvernements de notre Nation, après nous avoir analysés, nous proposent de les aider à anéantir notre adversaire – la Nation Blue.

En échange de quitter nos proches et notre vie, nous est offerte la promesse de ne plus revenir habiter dans cette ville de la misère, où seule règnent la terreur et la tristesse.

Alors, bien sûr, quand c'est à moi, garçon perturbé et brutalisé par mon enfance que j'étais, que quatre hommes armés jusqu'aux dents sont venus proposer un contrat qui permettrait de me sauver, j'ai accepté sans hésiter, quitte à laisser derrière moi un père irresponsable et une mère atteinte d'une maladie dont on ne connaissait même pas le nom. Evidemment, je m'en suis beaucoup voulu, et ce pendant plus de deux ans. Seulement, c'est ce déclic en apprenant le kidnappage de mes parents qui m'a fait réalisé que, ce jour là, j'ai pris la bonne décision. Car si eux, je n'aurais pas pu les sauver, me sauver, moi, j'en ai eu l'occasion. Et je l'ai saisie.

*

Chapitre à suivre...

Ps: c'est normal si ce sont des chapitres que de 1000 mots: comme j'ai bientôt le brevet, je préfère conserver un rythme régulier quitte à ce que ce soit des chapitres + courts...

À bientôt,
Lisa :)

Year 2590Où les histoires vivent. Découvrez maintenant