Chapitre 17: Outside-partie 2

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Stéphanie

*

Le ronronnement léger du moteur m'empêche de m'endormir dans un sommeil profond, alors je ne fais que fermer les yeux, la tête posée sur les genoux de Camélia, mon corps étendu sur la banquette arrière. Cette dernière me caresse tendrement mes cheveux, pendant que le véhicule fait secouer nos corps de ses sauts irréguliers.

— Comment ça va derrière ? lance Arthur du siège passager.

— Bien, répond Camélia à ma place, alors que j'ai maintenant ouvert entièrement mes yeux; je ne peux m'empêcher de les poser sur le visage concentré de notre conducteur.

Je devine qu'il est tracassé. Quelques mèches rebelles tombent sur son visage creusé par la fatigue, ce qui lui donne un côté enfantin que j'apprécie aujourd'hui.

— On est bientôt arrivés ? questionne Arthur .

— Je n'en sais rien, je n'ai pas l'habitude de prendre ce chemin en voiture.

— D'accord.

Le silence qui retombe dans le véhicule se fait étrangement pesant et je suis ravie lorsque Arthur le brise en allumant la radio.

Une succession de chansons passe alors, qui font fredonner mes compagnons une bonne partie du trajet. Le soleil tapant sur les vitres teintées donne une lumière plus douce que celle que nous fournissaient les lampes longeant le toit de notre moyen de locomotion. Puis, vient le tour de Caleb de monter dans le véhicule lorsque que nous lui annonçons notre brute nouvelle, lui callé entre deux bottes de foin. Et étrangement, au lieu de riposter, son sourire s'agrandit et il s'empresse de courir à toute vitesse vers nous. En effet, je sais qu'au fond il est heureux de quitter cette ferme dans laquelle il avait décidé de travailler les jours de semaines afin de nous rapporter un peu d'oseille pour le jour où nous aurions à voyager. Car bien que ce soit lui qui se soit désigné pour y travailler, il n'empêche pas que cet éloignement soudain avec nous commençait à peser sur tous.

Je suis obligé de replier mes jambes pour lui céder une place, alors qu'il embrasse ses compagnons d'une accolade amicale, s'attardant plus sur moi pour vérifier mon état de santé. Dès que nous redémarrons, l'ambiance devient tout de suite plus agréable, moins tendue, ce qui, grâce aux anecdotes farfelues de notre fermier à mi-temps, nous permet ainsi de trouver le temps moins long pendant environ une bonne demi-heure.

— Oh merde... s'exclame soudain Caleb, nous faisant tous revenir à la réalité alors que nos pensées commençaient à divaguer chacune dans leur coin.

Personne ne sait vraiment quoi dire.

— Merde, merde, merde, triple merde ! recommence à jurer notre ami, alors que nous nageons toujours dans l'incompréhension.

— Qu'il y a-t-il, Caleb ? le questionne tout de même Camélia.

— Putain de merde, je suis trop con ! Sérieusement, non... J'ai pas fais ça ?

— Caleb ? le questionne à nouveau la rousse, plus sèchement cette fois-ci.

— Mais quel imbécile ! Si j'ai fais ça ! Putain !

— Caleb Wolne ! Tu vas finir par nous dire ce qu'il se passe à la fin ?! Sors de ta bulle, tout le monde est inquiet par ta faute, là...!

— Je... Il faut faire demi-tour !

C'est avec stupeur que le garçon que j'aime –alias notre conducteur– se retourne pour faire face à notre ami. Le coup de frein qu'il met tout à coup me fait croire qu'il va l'écouter...

Year 2590Où les histoires vivent. Découvrez maintenant