Chapitre 2: Contamination.

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(Chapitre réécrit et corrigé)

« - Où es tu allée hier soir ? m'interroge ma petite sœur tout en tartinant son pain grillé de fromage fondu, comme à sa fâcheuse habitude.

- Nulle part, je réplique sèchement. »

Il semble que ma froideur a calmé toute once de curiosité se dégageant d'elle. Ou pas, mais elle ne me pose plus aucune question jusqu'à la fin du petit déjeuner, et c'est l'essentiel.

Une fois prête, j'attrape de ma main valide les clés de notre modeste maison, l'autre étant occupée à enfiler mon sac de cours sur mon épaule gauche. Comme à chaque fois, je lance un bref «bonne journée» à ma fratrie, avant de m'en aller en claquant la porte d'entrée.

Une odeur infâme agresse mes narines de plein fouet. Je relève mes yeux de mes chaussures et les plantes dans cette masse de fumée grisâtre qui, je suppose, est la cause de cette mauvaise odeur inhabituelle. Ça pue le mort, au sens premier du terme. Je remonte le revers de mon col roulé à mon nez, pour tenter d'atténuer l'ampleur de l'aura qui m'entoure. Je décide de me rendre à mon lycée public à pied, jugeant que l'addition brouillard et chauffeur du bus à moitié aveugle normalement ne peut présager rien de bon.

En me rapprochant de plus en plus de la rue principale qui longe mon lycée, je m'aperçois que bon nombre de civils semblent pris de toux intense. Puis, je me joins bien vite à cette vague de toussotements, sentant ma gorge me bruler comme jamais elle ne l'avait fait auparavant. Une fois devant l'enceinte de mon lycée, je me dépêche de renter à l'intérieur de ce dernier mais deux femme toute vêtues de blancs aux visages recouverts de masques transparents m'interrompent.

« - Vous ne pouvez pas rentrer, c'est interdit, me signale une d'elles. »

Je lève les yeux au ciel, lassée.

« - C'est absurde. Bien sûr que si je peux, je suis inscrite à ce lycée depuis trois ans.

- On vous dit que non, persiste la deuxième. Pas avant d'être passée par le sas de désintoxication.

- C'est quoi encore ce bordel ?

- La bombe d'hier a contaminé l'air de toute la ville dans un rayon de cent kilomètres. Vous avez respiré cet air, vous ne ferez donc pas exception à la règle. »

Je regarde tout autour de moi, étonnée. Une longue file d'attente attire mon attention. Ne me dites pas que je vais devoir attendre pendant tout ce temps, tout ça pour être décontaminée ? Au vu du regard plein d'impatience que me lance la rousse aux lunettes jouant à la garde du corps, si.

« - Vous croyez vraiment que je vais attendre pendant une heure mon tour pour un détail d'air contaminé ?

- Mademoiselle, me reprend la rousse, il me semble que vous n'analysez pas bien la gravité de la situation. On ne parle ici guère d'un détail. Comme l'a dit ma collègue tout à l'heure, respirer cet air est dangereux pour notre santé. Nous faisons donc notre possible pour nous assurer que l'air toxique ne pénètre pas à l'intérieur des établissements publics de cette ville.

- Du coup je ne peux vraiment pas renter ? Même si j'ai une envie pressante d'aller aux toilettes? je tente avec un demi sourire qui se veut rempli de pitié.

- Non. »

Finalement, après de longues minutes de négociation, je me dirige vers la file d'attente comme me l'ont répété une bonne dizaine de fois les deux gardes, vaincue. Naturellement, je double discrètement une bonne moitié de la dite file, mimant un lacet défait. Je joue à la sourde lorsque j'entends quelques râlements dans mon dos, et suis la marée humaine qui avance petit à petit, en adoptant un faciès angélique. Alors que je critique intérieurement les cheveux gras de la personne devant moi, la voix familière de ma meilleure amie m'interpelle:

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