Chapitre 11: Revelation

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Harry
 
Je balance nerveusement mon portable sur mon lit avant de me laisser tomber lourdement sur ce dernier, exténué. 
 
Rien.
 
Je n'ai rien trouvé sur elle. J'ai cherché, fouillé mais je n'ai rien trouvé. J'ai passé des heures sur mon ordinateur portable à chercher la moindre information sur elle, mais il n'y avait rien. Même pas un tout petit article la concernant. 
 
Je ne comprends pas ! Tout le monde a au moins un article sur le net le concernant, peut importe de quoi il parle. Mais là, rien... A croire qu'elle n'a pas de passé ou que tout fait antérieur à son sujet a été retiré, pour on ne sait qu'elle raison. 
 
J'ai l'impression de chercher à comprendre quelque chose d'inexplicable ou d'inexistant. J'ai l'impression que peut importe ce que je ferais, je ne trouverais rien. Et peut être que si je n'ai rien trouvé jusque là c'est parce qu'il n'y a rien à découvrir. Mais je suis persuadé du contraire, et ça me rend dingue. Ça me consume et me dépasse. Je ne peux me résigner à tout abandonner. Pas après tout ce que j'ai fait pour comprendre son comportement. Pas après tout le mal que je me suis donné. 
 
Je soupire et pose ma main sur ma tête endolorie, espérant que ce geste calmera ma migraine. Je ferme mes yeux fortement, épuisé par toutes ces recherches infructueuses. Je ne sais même pas pourquoi je ressens ce besoin de tout savoir sur elle. J'ai l'impression de devenir dingue. Ça sonne presque paranoïaque de passer toute une après midi à chercher des informations sur Mia ou de lire le même livre qu'elle, juste pour savoir ce qui lui a donné l'envie de l'emprunter à "ce quelqu'un".
 
C'est comme une drogue. A chaque fois que je découvre, ne serait-ce qu'une miette de sa vie, j'en veux plus. Pourquoi? Je n'en ai même pas une putain d'idée. Je déteste le fait de me sentir si dépendant. De savoir que toutes mes pensées sont rivées vers elle. Mais je n'y peux rien, je n'arrive pas à me contrôler. 
 
Je soupire de frustration. Il est évident que je me donne tout ce mal pour rien. Elle n'a fait aucun pas vers moi alors que j'en ai fait un paquet. Je lui ai même donné mon numéro de téléphone. Mais elle ne l'a jamais utilisé. Aucun appel, aucun message, aucun signe de vie. Peut-être n'a-t-elle pas de portable, ou peut-être a-t-elle simplement perdue le bout de papier par mégarde. Mais je suis encore une fois sûr que non. 
 
Ma mâchoire se contracte et j'enfonce ma tête dans mon oreiller. J'aurais tant aimé qu'elle ne m'envoie rien qu'un texto. Ça m'aurait montré qu'elle s'intéresse un minimum à moi. Mais ce ne doit pas être le cas, puisque je n'ai rien reçu. 
 
Avant, je trouvais ennuyant qu'on ne me résiste jamais, mais maintenant qu'elle le fait, elle, je trouve ça horrible. 
 
Mon portable vibre soudainement faisant légèrement trembler la couette de mon lit. Je redresse rapidement la tête et je ne peux m'empêcher de penser que c'est peut-être elle qui m'a envoyé un message. J'attrape fébrilement mon IPhone et appuie sur l'unique bouton pour allumer l'écran. Quand il s'illumine je ne peux réprimer un grognement. C'est simplement Louis. 
 
Je fais rapidement glisser mon doigt sur "déverrouiller" et compose mon mot de passe. Je vais dans l'application message et lis celui de Louis. 
 
De Louis:
« Salut mon vieux, tu fais quoi? » 
 
Je lève les yeux au ciel avant de rédiger une réponse plutôt brève. 
 
De Harry:
« Rien et toi? »
 
De Louis:
« Pareil, ça te dirait un foot dans une demi-heure? On pourrait s'entrainer tout en s'amusant. On pourrait même parler "d'elle" si tu veux. ;) »
 
Je roule sur le dos et secoue frénétiquement la tête de droite à gauche. 
 
De Harry:
« Ne parle pas d'elle, s'il te plait. Et pour le foot, je ne peux pas. Ma mère veut qu'on aille m'acheter de nouveaux vêtements. »
 
Je soupire et me rallonge. Je ferme doucement les yeux et essaye de m'endormir. Comme je viens de le dire à Louis, je vais bientôt aller faire les magasins avec ma mère, alors je ne devrais pas trop trainer si je veux me reposer un peu. Mais Louis semble vouloir continuer à me parler parce qu'à peine deux minutes après, mon portable vibre de nouveau. Je regarde rapidement le message.
 
De Louis:
« Ha merde... Pourquoi tu ne veux pas parler d'elle? » 
 
Je ne suis pas d'humeur à discuter. Encore moins si c'est pour parler d'elle, mais je préfère avoir cette discussion par téléphone que face à face. Ça serait beaucoup trop gênant. Je rédige donc ma réponse et appuie sur envoyer.
 
De Harry:
« J'ai passé toute l'aprèm à chercher des infos sur elle et je n'ai absolument rien trouvé. Je sais que je peux paraître dingue mais évite les reproches, je ne suis pas d'humeur. »
 
De Louis:
« T'inquiète tu finiras par trouver si tu le veux vraiment. Bon je te laisse, bye. » 
 
De Harry:
« Ouais, salut. »
 
J'éteins mon téléphone et le pose sur ma table de chevet. Je m'apprête à refaire une tentative de sieste, mais j'entends ma mère m'appeler du rez-de-chaussée. Je me lève lentement, la sieste ne sera visiblement pas pour aujourd'hui. J'enfile ma veste en cuir, abandonnée sur ma chaise de bureau, et sors de ma chambre. Je descends et rejoins ma mère dans l'entrée de la maison. Elle est déjà prête et affiche un sourire satisfait. Elle doit être contente que j'ai enfin accepté de venir avec elle pour faire les magasins. J'avoue que si j'ai accepté d'y aller, c'est parce que je n'ai presque plus aucun vêtement mettable. Tous trop vieux ou trop petits. 
 
Je m'avance vers elle et elle replace rapidement le col de ma veste, comme à son habitude, pour qu'il tombe parfaitement sur mes épaules.
 
« On y va? demandais-je.
-Oui, juste une seconde, dit-elle. » 
 
Elle fouille rapidement dans la poche de son imperméable avant de froncer ses sourcils. Elle relève ses yeux clairs vers moi et dit:
 
« Je dois avoir oublié les clés de la voiture dans mon bureau, pourrais-tu aller les chercher? 
-Bien sûr. Elles se trouvent où exactement?
-Sur ma table, je pense qu'elles sont à coté de mon ordinateur. » 
 
Je hoche la tête et grimpe les marches deux à deux avant de trottiner jusqu'au fond du couloir. J'ouvre la porte du cabinet de ma mère et marche jusqu'à son bureau. J'aperçois le trousseau de clefs posé, effectivement, juste à coté de son PC. Je l'attrape promptement et m'apprête à repartir quand quelque chose attire mon attention. 
 
Un livre.
 
 
Un gros livre bleu, qui m'est, bizarrement familier. Je fronce fortement les sourcils et fourre les clefs dans la poche de ma veste avant de m'approcher à nouveau du bureau. Je prends doucement le livre, entre mes doigts, et reconnait l'inscription dessus : Troubles Bipolaires. Mon coeur s'arrête une seconde. Ce n'est pas possible ! Ce genre de livre ne court pas les rues et voilà que j'en vois partout. J'avale doucement ma salive avant d'ouvrir la première de couverture. Mes mains tremblent lorsque je reconnais ce petit bout de papier, coincé entre la couverture et une des pages. Ce petit bout de papier où j'avais écrit mon numéro de téléphone quelques semaines auparavant. Non. Ça ne peut pas être le même livre ! Ça ne peut pas être vrai !
 
« Harry? »
 
J'entends ma mère crier mon nom depuis le rez-de-chaussée, mais je ne lui réponds pas. Je n'arrive même plus à bouger et ma gorge est devenue affreusement sèche. Il n'y a qu'une seule façon pour que ma mère et Mia se connaissent. Une seule. 
 
Ma mère est la psy de Mia. Les rumeurs disaient vrai. 
 
 
"Moi qui cherchait des informations la concernant, je suis servi. Peut être un peu trop d'ailleurs..."

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