24 Mai 2012. Adams Royal Hospital - Hopital psychiatrique de Manchester
Je marche lentement à coté de Lydia, en direction d'une des dernières tables libres de la cafétéria. Mes pas sont lents et maladroits. En fait, je ne prends même pas la peine de lever mes pieds du sol, je les laisse trainer sur la carrelage blanc provoquant un bruit insupportable. Lydia, elle, avance rapidement tenant fermement mon plateau entre ses longs doigts sveltes. Ses foulées sont si vives, qu'elle me devance facilement. Elle arrive rapidement à la table où elle pose délicatement mon plateau devant une des quatre chaises disponibles.
Je fronce les sourcils avant de passer ma main sur mon crâne chaud. Ma tête me fait un mal horrible et mon cœur bat la chamade. Je me sens tellement mal ici, dans cet endroit inconnu et dépaysant. J'ai l'impression d'avoir était jetée là, comme si on avait voulu se débarrasser de moi. Comme s'il était devenu trop difficile de me gérer et qu'on m'avait mise ici pour plus de facilité à me tenir. Mais selon mes parents et ma psy, ce centre serait une chance de repartir à zéro et pour essayer d'aller de l'avant. Moi, je vois plutôt ça comme la dernière chance qu'ils m'offrent. La dernière chance pour me reprendre en main. La dernière chance pour mettre un terme à toutes mes conneries. Je replis mes doigts contre mes paumes tremblantes, les serrant fortement contre ces dernières. C'est fou les efforts que je suis constamment obligée de faire pour ne pas exploser et crier un bon coup. Pour ne pas leur hurler que je n'ai rien à faire ici. Oui, je sais que je n'ai rien à faire ici. Je ne suis pas folle ni attardée, alors je ne vois pas ce que je fais là.
Je suis sûre que si je n'avais pas ravagé la foutu chambre de Kate, je ne serais pas là.
Alors que je continue de marcher vers la table je remarque que le silence dans la cafétéria est pesant et inhabituelle. Les seuls bruits audibles sont les cliquetis des couverts et les chuchotements des infirmières. Tous les patients présents dans la cafétéria, ne disent pas mot et se contentent, pour la plupart, de jouer avec leur nourriture. Ils ont tous la tête baissée vers leurs assiettes pratiquement plaines et je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi eux aussi sont là.
Qu'ont-ils fait d'assez fou aux yeux des médecins pour être considéré comme trop dérangé pour rester libre? Ont-ils tué quelqu'un, ou ont-ils fait des tentatives de suicide? Je n'en sais rien et l'irrésistible envie de savoir me submerge.
J'arrive à la petite table où repose mon plateau. La grande infirmière à la peau noire se tient à coté, le dos droit, les mains jointes. Si je lui avais prêté un peu plus d'attention, j'aurais remarqué la beauté naturelle qu'elle dégageait. J'aurais sûrement remarqué ses grands yeux foncés brillaient sous les néons de la pièce ou sa longue chevelure brune brossée à la perfection et déposée sur ses fines épaules. J'aurais même pu voir la petite fossette qui creusait joliment sa joue droite. Mais je ne lui avais jeté qu'un trop bref regard pour m'apercevoir de tous ces détails.
Je tire la chaise brutalement et me laisse tomber dessus. Je m'avance un peu vers l'avant jusqu'à être assez prêt de la table vide. Je m'avachis contre ma chaise et pose mes mains sur mes cuisses. Je fixe un point imaginaire devant moi, sans me préoccuper de la nourriture qui trône dans mon assiette. De toute manière le poulet blanc bas de gamme et la louché de purée industrielle qui sont à l'intérieur ne me donnent pas envie de manger quoique ce soit. Et même si ça avait eu l'air bon je n'y aurais pas touché. Je n'en aurait eu ni le coeur ni l'envie.
Je sens la présence de l'infirmière à coté de moi et je me demande si elle va rester là durant tout mon repas. Je lui jette un rapide regard par dessus mon épaule avant de reprendre ma position initiale. Elle n'a pas bougé et j'espère vraiment qu'elle va s'en aller. J'ai vraiment envie de rester seule.
« Mia? questionne-t-elle. »
Je ne réponds pas et continue de regarder devant moi, l'ignorant. Elle contourne la petite table jusqu'à arriver en face de moi. Elle pause ses deux grandes mains sur la table et se baisse pour être à peu près à ma hauteur.
« Je vais te laisser manger seule, d'accord? Si tu as besoin de quelque chose, peut importe ce que c'est, fais le savoir à une des infirmières. Il y'en a un tas dans la cafétéria. Elles t'apporteront ce que tu demandes, tu as compris? »
Je ne lui réponds pas et ne lui donne même pas un regard. Je déteste la manière dont les gens ici nous prennent pour des demeurés. Ils nous parlent comme si nous étions stupides ou comme si nous ne parvenions pas à comprendre leur langue. Ils nous font presque des signes pour illustrer leurs paroles. Pourtant, toutes les personnes atteintes ici comprennent ce qu'ils nous racontent. Ils nous prennent pour des animaux et pensent que nous sommes stupides, mais en réalité, c'est eux, qui le sont.
Voyant que je ne lui réponds pas, Lydia se redresse en soupirant et frotte ses mains sur sa robe, comme pour les essuyer.
« Très bien, dit-elle. Je pense que tu as compris. Je viendrais te chercher dans une demi-heure, bon appétit. »
Sur ces mots elle s'en alla à grandes enjambées, me laissant seule. Je soupire de soulagement et ferme les yeux quelques secondes avant de les rouvrir et de continuer de fixer les tables devants moi. Je croise mes mains et les déposes sur mes jambes recouvertes par cette robe. Cette robe que toutes les patientes portent ici. Ce vêtement qui irrite affreusement la peau, me donnant constamment envie de gratter l'intégralité de mon corps. Le long tissu blanc qu'est cette robe, est recouvert par plusieurs tâches grises ingrates. Inutile de dire que ce vêtement a déjà porté, et ceux plusieurs fois.
Une infirmière blonde apparaît soudainement dans mon champ de vision restreint, et elle pose un plateau similaire au mien en face de moi. Elle attrape le pichet d'eau, qui était posé sur ma table, et en verse dans le verre qui se trouve dans le plateau qu'elle vient d'apporter. Une autre personne entre dans mon champ de vision. Un garçon. Je le fixe longuement essayant de comprendre ce qu'il se passe. Ses yeux bleus rieurs rencontrent les miens, éteints, et il m'adresse un beau sourire. Il passe rapide sa main dans ses cheveux blonds mettant en avant les muscles de son bras. L'infirmière tire la chaise et se décale sur le côté, pour le laisser s'asseoir.
Il se pose sur la chaise en face de moi toujours un sourire aux lèvres, et replace élégamment le col de son uniforme, lui aussi blanc. Il attrape le verre d'eau remplis et l'apporte rapidement à ses lèvres. Son sourire s'évanouit un instant et il avale deux grandes gorgées d'eau, avant de reposé le récipient sur le plat. Il se tourne vers son infirmière et lui dit gentiment:
« A tout à l'heure Elie. »
Elle hoche simplement la tête et sort de mon champs de vision, aussi vite qu'elle y était entrée. Je fronce les sourcils alors qu'il commence à manger son entrée : des carottes nature. Il apporte rapidement la nourriture à sa bouche, comme s'il était affamé. Il avale en un rien de temps la petite entrée avant de reprendre une gorgée d'eau.
A-t-il vraiment l'intention de manger avec moi?
Il lève brusquement les yeux vers moi, comme s'il venait de se souvenir de ma présence. Il me regarde longuement, toujours un sourire collé à ses lèvres rosées avant de dire doucement:
« Je suis Niall et toi? »
Je remarque immédiatement son accent Irlandais. J'ai toujours été douée pour reconnaître ce genre de chose et je suis sûre que son accent est Irlandais. Je ne lui réponds évidemment pas, trop occupée à le dévisager. Trop occupée à passer en revue tous les détails de son visage. Son rire transperce soudainement l'air et j'avoue que ce son me fait frémir. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas entendu quelqu'un rire que cette mélodie m'était devenu étrangère.
« Alors tu as perdu ta langue, chérie? questionna-t-il. »
Je secoue instinctivement la tête de droite à gauche et ses lippes se courbent de manière aguicheuse. Il arbore un air confient avant d'attraper un morceau de poulet entre ses doigts et de le jeter négligemment dans sa bouche entrouverte. Après avoir mastiqué quelques instants, il avale bruyamment le morceau de volaille et je ne peux m'empêcher de me demander quel goût peut avoir la viande.
« Alors, tu ne vas pas me dire ton petit nom? Continua-t-il.
-Mia, chuchotais-je.
-Ça te va bien, répondit-il aussitôt. »
La manière machinale dont il a dégainé ce compliment, me prouve qu'il a l'habitude de le dire souvent. Je lui aurais dit que je m'appelais Grace ou Tessa, il m'aurait sûrement répondu la même chose. Je replace une de mes mèches brunes derrière mon oreille pour la dégager de mon visage dépourvu de vie. J'aurais préféré me retrouver seule pour manger ce midi. J'aurais pu réfléchir à tout ce qui m'a mené ici et aurais pu continuer d'haïr Kate comme je le fais la plupart de mon temps. Mais il était arrivé et avait foutu mes plans en l'air.
« Tu es nouvelle ici, je me trompe? Je ne t'ai jamais vu en tout cas.
-Oui, je suis nouvelle mais je ne resterai pas là longtemps. Je suis ici pour une courte durée. »
A mes mots il me regarde bizarrement et il fronce les sourcils. Il soupire avant de secouer la tête de gauche à droite.
« Pourquoi tu fais cette tête? demandais-je.
-Tu les crois pas vrai? Tu les as cru lorsqu'ils-t-ont dit que tu ne serais là que provisoirement? »
J'hoche la tête et il arbore un air désolé.
« Ils m'ont dis ça à moi aussi quand je suis arrivé. Et ça fait presque deux ans que je suis là. »
Une boule se forme dans ma gorge et j'avale ma salive difficilement. Deux ans. Cela fait deux ans qu'il est ici.
« Ils disent que c'est un institut spécialisé, moi je dis que, au mieux c'est un hôpital psychiatrique. Mais si je devais choisir un seul nom pour décrire cet endroit je choisirai "prison". »
La panique s'empare instantanément de moi. Je ne supporterai jamais l'idée de rester ici aussi longtemps. Je ne supporte simplement pas être enfermé dans cet endroit archaïque. J'ai déjà l'impression de manquer d'air alors que ça ne fait que deux jours que je suis là.
« Mia! une voix aigu explose derrière moi. »
Je me tourne précipitamment pour voir Lydia arrivait rapidement vers moi. Son visage est dur et ses points sont serrés. Je me retourne rapidement vers Niall et il me regarde gentiment, son éternel rictus collé sur son visage.
« On se parlera plus tard ma belle, dit-il. »
J'hoche la tête au même moment que Lydia arrive au niveau de la table.
« Tu n'as rien mangé Mia! Tu n'aime pas le poulet et la purée, c'est ça? demanda-t-elle naïvement. Allez viens, on va essayer de te trouver quelque chose d'autre. »
Elle m'attrape et me force à me lever de mon siège. Je me dégage rapidement de sa poigne avant de pousser violemment ma chaise la faisant tomber par terre.
« Ne me touchez pas! dis-je assez fort pour que les personnes assiégées aux tables alentours, entendent ce que je dise. Et arrêtez de me parler comme si j'étais stupide, ça me rend complètement folle! »
Le visage de Lydia se décompose et trois hommes arrivent vers moi et m'attrapent pour me maîtriser. Leurs prises sur moi se serrent alors je me débats pour essayer de leur échapper. Ils me traînent hors de la cantine avant de m'amener dans une chambre où, quelques secondes plus tard, je m'endors, à cause d'un produit médical dont je suis incapable de me rappeler du nom...
"Je vous conseille de ne pas sous-estimer mes capacités intellectuelles. Ce n'est pas parce que je suis atteinte que je suis bête. Au contraire. Donc arrêtez ça immédiatement, ça a le don de me rend folle... "
**Fin du Flash Back**
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8 Novembre 2013 ( retour présent)
Harry
« Qu'as tu Mia ? J'ai besoin de savoir ce que tu as, chuchotais-je. »
Les spasmes et les tremblements qui la secouaient s'atténuent doucement. Mes gestes ont l'air de réussir à l'apaiser quelque peu. Ses petits doigts s'accrochent fermement à mon manteau comme si elle se rattachait à moi pour ne pas sombrer. Pour ne pas sombrer dans cette maladie qui la noie. Le soleil se couche petit à petit, rendant le ciel de plus en plus sombre. Les lumières des maisons et des immeubles de la ville, s'allument progressivement, enluminant le paysage urbain. Je la regarde et m'aperçois qu'elle a fermé les yeux. Et contre toute attente je l'entends murmurer :
« Libère moi. »
Je caresse doucement son visage blême, l'incitant à m'en dire plus.
« Te libérer de quoi Mia? demandais-je
-De cette connerie, libère moi de cette connerie... »
Je la regarde intensément essayant de comprendre ce qu'elle veut bien pouvoir dire par libère moi de cette connerie. J'essaye de comprendre le message qu'elle a voulu me faire passer en me disant ça, mais je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à décelé le sens premier de son message. Il y a tout un tas de façon d'interpréter la signification de cette phrase et ça me désoriente totalement. A chaque fois que je réussis à comprendre la moindre de chose sur elle, elle révèle ou dit un petit quelque chose qui m'embrouille complètement. Comme si, peut importe tout ce que je finis par découvrir je ne la connaitrais jamais entièrement. A croire qu'une partie de son passé sera toujours cachée, peut importe le nombre de chose que j'apprendrais. Et je suis certain qu'elle n'a pas utilisé ses mots au hasard.
Elle m'a demandé de la libérer.
Mes longs doigts caressent doucement son visage froid et apaisé. Avec ses yeux fermés et sa respiration régulière elle parait incroyablement calme. Comme intouchable. Extérieurement elle paraît paisible même si je sais que ce n'est pas le cas. J'essuie d'une main tremblante ses joues humidifiées par ses larmes. Suite à ce touché, elle ouvre soudainement les yeux illuminant son visage d'un éclair bleu. Ses pupilles brillent encore et ses lèvres tremblotent légèrement. Elle me regarde paisiblement alors qu'elle ressert son emprise sur mon manteau. Je lui souris faiblement et caresse tendrement ses belles mèches brunes à souhait.
« Je vais te raccompagner chez toi, d'accord? Il commence à se faire tard, chuchotais-je. «
Elle hoche doucement la tête alors que je l'aide à se relever. Elle ne relâche jamais son emprise sur mon vêtement jusqu'à ce qu'elle soit entièrement sur pied. J'attrape délicatement son bras et le dépose sur mon épaule pour qu'elle prenne appuis dessus. Je suis obligé de me baisser légèrement pour ne pas qu'elle ai a se hisser sur la pointe de pieds. Je passe une de mes mains sur sa taille pour l'aider à marcher. Son corps tremble encore et j'ai peur qu'elle tombe si je ne l'aide pas à se maintenir debout. Je la guide doucement jusqu'en bas de la falaise et retourne au lycée pour récupérer ma voiture. Nous entrons dans le parking maintenant désert et nous nous dirigeons vers la seule automobile qu'il reste : la mienne. Je sors les clés de ma poche, toujours un bras sécurisé autour de Mia. J'appuie sur le bouton et un petit clic retentit confirmant l'ouverture de ma Berline noire. J'entrouvre la porte passager et aide Mia à entrer dedans. Elle s'attache rapidement avant de se laisser aller contre le siège en similicuir. Elle semble vraiment exténuée. Je ferme la porte et contourne le véhicule pour y entrer à mon tour.
Je m'attache rapidement et démarre le moteur de l'auto. La voiture s'ébranle et je change de vitesse pour reculer. Alors que je fais un créneau pour sortir de la place de parking je me rends compte que Mia est restée silencieuse depuis notre départ de la falaise. Elle semble perdue dans ses pensées et mon cœur se serre. J'aimerai tellement savoir ce qu'elle a subit pour pouvoir l'aidé et pour pouvoir comprendre sa détresse.
Nous nous éloignons petit à petit du lycée, bercé par la douce mélodie du moteur. Je tapote le volent comme à mon habitude avant de lui demander:
« Est-ce que tu vas mieux?
-Oui, murmura-t-elle, faiblement.
-Est-ce que tu pourrais juste m'indiquer la route à suivre pour aller chez toi, s'il te plait? »
Elle acquiesce et elle me dit de tourner à gauche au prochain croisement. Je suis ses indications tout le long du trajet et quelques minutes plus tard, elle m'annonce que nous sommes arrivés à destination. Nous sortons de ma voiture et elle marche rapidement jusqu'aux grandes grilles de sa maison. Elle les pousse et s'introduit dans sa propriété. Je verrouille mon auto et la suis à l'intérieur. Elle monte les quelques marches qui précédent le perron avant de s'accroupir et de soulever le paillasson qui dissimulait visiblement les clés de sa maison. Elle les insère dans la serrure et déverrouille avec quelques difficultés la porte d'entrée. Je monte à mon tour les marches alors qu'elle entre dans la demeure, laissant la porte ouverte.
Je me demande quelques instants si je suis censé la suivre à l'intérieur ou si je ferais mieux de rebroussé chemin et de rentré chez moi. Mais je n'ai pas envie de la laissé maintenant, alors je pénètre à l'intérieur comme elle vient de le faire. Le foyer de la maison est grand et est parfaitement nettoyé. La décoration est chic et de premier goût. Tous les meubles, les bibelots et les peintures accrochées aux murs sont des produits hors de prix. J'en suis persuadé. Mais contrairement à la riche décoration, la maison paraît vide. La plupart des lumières sont éteintes et les volets sont clos. Je tourne la tête de droite à gauche pour trouver Mia. Elle n'est pas là.
« Mia? appelais-je.
-Ici, répondit-elle juste après. »
Je lève les yeux : sa voix vient de l'étage. Je me dirige vers les escaliers où je découvre ses chaussures jetées négligemment sur le sol. Je m'assois sur la deuxième marche pour enlever mes converses blanches. Je range les lacets à l'intérieur de mes chaussures, de manière à ce qu'ils ne trainent pas et les place soigneusement contre le mur. Je me lève et monte deux à deux les marches. Le haut des escaliers donne sur une mezzanine qui est tout aussi bien décorée que le rez-de-chaussée. Je ne peux m'empêcher de faire un petit tour pour admirer la pièce. Un grand bureau recouvert de paperasse se trouve au milieu de la mezzanine. Je m'approche de ce dernier et passe mes doigts sur le bois de la table taillée. Du vrai chêne. Je ne peux m'empêcher de me demander combien à du coûter une aussi belle pièce. Mon regard balaye l'intégralité du beau bureau passant en revue l'ensemble des bibelots qui le décore. Mes yeux s'arrêtent sur un cadre photo argenté posé à coté de l'énorme écran de l'ordinateur Mac. Je tends timidement la main et attrape le cadre pour mieux l'observé. Mon cœur rate un battement lorsque je reconnais l'un des deux visages dessus. Celui de Mia. Son visage semble plus jeune, ses joues plus rebondies, ses yeux pleins de vie. Elle paraît heureuse. Ou du moins, plus qu'aujourd'hui. Je pense que lorsque cette photo à était prise Mia allait bien et à en juger son visage je dirais qu'elle devait avoir douze ou treize ans.
Cela ne fait pas si longtemps que ça qu'elle va mal dans ce cas.
Par contre, je ne parviens pas à reconnaître l'autre personne sur la photo. La fille qui est à coté de Mia semble plus âgée qu'elle, et ceux de plusieurs années. Ses yeux sont de couleur azur, légèrement similaires à ceux de Mia. Par contre la fille a les cheveux plus clair qu'elle et son visage ne lui ressemble en aucun point. Je repose le cadre photo déstabilisé et dit doucement:
« Mia, où es-tu exactement?
-Ici, répéta-t-elle. »
Je suis le son de sa voix et me retrouve dans un long couloir. Je marche jusqu'à la seule porte ouverte et y entre doucement. J'y découvre Mia, allongée sur un grand lit deux places. Ses yeux sont clos et une de ses mains est posée sur sa tête. Je m'approche doucement d'elle et m'assois sur le lit à coté d'elle.
« Merci de m'avoir ramenée, dit-elle gentiment.
-C'est normal, répondis-je. »
Je me laisse tomber en arrière, jusqu'à être allongé à coté d'elle. Nous fixons le plafond de longues minutes sans rajouter un mot de plus. Le silence dans lequel est plongée la maison est paisible, sécurisant. Le seul petit bruit perceptible est celui de nos respirations calmes. Je lutte intérieurement pour ne pas attraper sa main et entrelacer mes doigts avec les siens. Je me retourne brusquement, m'allongeant sur mon flanc, pour être face à elle. Je suis surpris de voir que les traits de son visage semblent plus détendu dans l'obscurité.
« Est-ce que tu peux rester le temps que je m'endorme? sa voix brise le silence et je hoche doucement la tête. »
Elle se tourne elle aussi pour se trouver en face de moi. Ses yeux rencontrent les miens et elle murmure unmerci à peine perceptible. Je passe timidement ma main sur son visage et elle ferme les yeux sous mon toucher.
« Tu peux dormir maintenant, je resterais jusqu'à ce que tu t'endormes. »
Elle m'adresse un dernier sourire avant de fermer définitivement ses paupières. Et je sais qu'elle n'attend plus que ça. Elle n'attend plus que de réussir à s'endormir.
"Tu peux être tranquille maintenant, je resterai jusqu'à la fin..."
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Free Me
Fanfiction-Libère moi. -Te libérer de quoi Mia? -De cette connerie, libère moi de cette connerie... *** J'espère que ma fiction vous plaira, bonne lecture :)