Chapitre 4: It's not just a simple book, it's much more

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Harry
 
Je tiens le gros livre bleu entre mes mains curieuses. Je le scrute dans ses moindres détails, essayant de comprendre ce qui a bien pu donner l'envie à cette fille de le lire. 
Il n'a rien d'attrayant, rien qui le démarque des autres livres. 
Je l'examine mais je ne parviens pas à comprendre. Habituellement les adolescents ne lisent pas ce genre de roman...  
 
Je soupire et fronce les sourcils. Il y a forcément une raison. 
 
Je tourne le livre et commence à lire les quelques phrases que comporte le résumé de l'histoire. Je dois avouer que les phrases inscrites sont captivantes, bien plus que ce que je n'aurais pu l'imaginer. 
Je remarque que les propos sont durs. On dirait que l'écrivain a craché les mots sur le papier pour évacuer tous ses sentiments. Je me demande qui a bien pu écrire quelque chose de tel. Quelque chose de si sombre et péssimiste... 

Je relis chaque phrase une à une pour tenter de comprendre, ne serait-ce qu'une partie du message qu'essaye de faire passer l'écrivain dans ce résumé. En vain.  

*Résumé de Troubles Bipolaire: Troubles Bipolaires:

" On a tous déjà eu l'envie de savoir ce qu'il y a dans l'esprit d'une certaine personne. De savoir ce qu'elle désire, ce qu'elle aime, ce qu'elle ressent et ce dont elle a envie. 

Avouez le, on a tous déjà été mort d'envie de connaitre les pensées d'une personne. 

Mais que ce passe t'il si vous découvrez que cette personne ne désire rien, n'aime rien et ne ressent que des choses négatives? Que feriez vous si vous vous apprenez que cette personne n' a aucune envie, même plus celle de vivre?

Vous ne le savez sans doute pas, mais certaines personnes ne vivent plus, elle se contente de survivre."*

Je soupire avant de poser ma main sur mon front. Non, c'est impossible : aucun lycéen n'aurait envie de lire ce genre de livre. C'est trop philosophique, trop recherché et trop... Dur. 
 
Elle m'intrigue. Elle me parait différente, si différente. Elle n'est pas comme toutes les filles qu'on peut trouver au lycée. Elle est si simple, si... effacée. 
 
Habituellement, les belles filles le savent. Elles savent qu'elles sont attirantes et elles se servent de leurs charmes pour gravir "les échelons de la popularité", être invitées à des fêtes ou encore sortir avec de beaux sportifs. Mais pas elle. Elle, elle est simplement effacée. 
 
C'est ça qui m'intéresse chez elle. Sa différence.
 
Peu importe ce que pense Louis, je veux la connaître. Je me fiche que tout le monde la prenne pour une espèce d'attardée ou pour une suicidaire. Je pense qu'ils ne peuvent pas fondre leur jugement sur des rumeurs qu'on émises des débiles et qu'ils devraient apprendre à la connaitre par eux même au lieu de la juger.  
 
Je me lève du fauteuil en similicuir dans lequel j'étais installé et me dirige vers les escaliers en bois, le roman en main. Je gravis les marches une à une pour enfin arriver à l'étage. Je marche ensuite lentement le long du couloir monotone. J'ouvre la deuxième porte à ma droite et entre dans cette grande pièce qui me sert de chambre. Tout y est impeccablement bien rangé. Ça me désespère. Ma mère a encore du passer par là. Elle devrait savoir qu'une chambre est privée et qu'elle devrait arrêter de toujours faire éruption dedans. Je laisse échapper un profond soupire avant de jeter le livre sur mon lit double. 
 
J'entends alors une sonnerie retentir dans la pièce : celle de mon portable. J'extirpe mon téléphone de la poche de mon jean et regarde l'écran. C'est le nom de Louis qui s'affiche. Je décroche et colle l'appareil contre mon oreille. 
 
« Ouais? dis-je. 
-Mais Harry, t'es où bordel? »
 
La voix de Louis résonne plus rauque que d'habitude dans le combiné. Son ton est sévère et réprobateur. Je passe doucement ma main dans mes cheveux et me mords la lèvre. Je suis dans la merde.
 
« Y'avait entrainement ce soir, t'as oublié? 
-Ouais, j'suis désolé Louis, j'avais des trucs à faire... » 
 
Je l'entends soupirer longuement et après une courte pause, durant laquelle il semble réfléchir, il me dit:
 
« Ecoutes mon pote, va falloir que tu t'investisses un peu plus si tu veux rester dans l'équipe. On a besoin de joueurs motivés et crois-moi, le coach n'aura pas de pitié pour te virer si tu te donne pas un minimum.   
-Je sais. J'ai complètement oublié, j'suis préoccupé en ce moment...
-Je peux savoir par quoi? demanda Louis, curieusement. »  
 
Je ne sais pas si c'est une très bonne idée de raconter ma vie à Louis. Ce gars est loin d'être antipathique et il encore moins tolérant. Je baisse la tête et ferme momentanément les yeux. Je finis finalement par lui dire:
 
« Tu crois qu'il faut que je lui rendes son livre? »
 
J'entends le ricanement de Louis résonner dans mon oreille. Je peux imaginer son rictus malsain collé sur son visage. 
 
« Arrêtes de rire, Louis, dis-je, la mâchoire crispée. 
-J'suis désolé mon pote, dit il entre deux rires. Tu es vraiment préoccupé par ça? »
 
Je ne lui réponds pas. Je ne le peux pas. Je m'assoie sur mon lit et prends le livre à l'aide de ma main libre. Je le dépose sur mes genoux et regarde intensément les quelques lettres argentées inscrites sur la couverture. Ce bouquin est la seule chose que je "connais" d'elle, mis à part son nom. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai l'impression qu'il ne s'agit pas d'un simple bouquin. J'ai l'impression qu'il a un rapport avec la personnalité de Mia et j'avoue que les rumeurs à son sujet n'y sont pas pour rien. 
 
« -Ecoutes-moi, mon vieux. Si j'étais toi je lui rendrais son putain de livre et j'arrêterais définitivement de penser à elle. 
-Ouais, mais tu n'es pas moi. 
-Bah, fais ce que tu veux, grogne t-il. Je m'en fou. Je veux juste que tu sois présent aux entrainements. 
-J'y serai. 
-Bien.
-Bon, je dois te laisser Louis, j'ai des devoirs a terminer, mentis-je pour abréger la discussion.  
-Ok, à plus, dit-il. 
-Bye. »  
 
Je raccroche et jette mon téléphone sur le matelas. L'année commence à peine et j'en ai déjà marre. J'ouvre le tiroir de ma table de chevet et range précautionneusement le livre de Mia à l'intérieur. 
 
"Moi qui voulais relever des défis, je crois que j'en ai trouvé un pas mal. Ce défi s'appelle Mia..."
 

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