Chapitre 17

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Cela faisait presque une semaine que j'étais en vacances, et je n'avais clairement rien fait. Je passais toutes mes journées dans ma chambre, à me passer des films en boucle, à dormir et à lire. Je n'avais encore pas ouvert un seul de mes cahiers, à deux mois du bac de français et de sciences. Jusque là, mes parents ne m'avaient encore rien dit, jusqu'à ce soir.
- Bon, Emma, nous t'avions demandé de t'aérer un peu pendant les vacances, fronça ma mère les sourcils. Tu n'as pas mis un pied dehors.
- Ah, oui, dis-je d'une mine renfrognée. J'avais zappé.
- Demain, il fait beau...
- J'ai compris ! La coupai-je d'un ton sec.
- Sur un autre ton, s'il te plaît, s'agaça mon père.
 À croire que j'étais un petit chien qu'il fallait promener.
La discussion fut coupée par la sonnerie du téléphone fixe de la maison. Ma mère alla décrocher, et lorsqu'elle revint à table, nous ne discutâmes plus de cela.

<Moi> 15/04/17 - 19h25 :  Ouaip, ils veulent que je sorte... mais je n'ai pas envie.

<Inconnu> 15/04/17 - 19h27 : Ouais, je comprends, après ce n'est pas toujours joyeux de rester enfermé chez soi, non plus...

<Moi> 15/04/17 - 19h28 : Ah non, tu ne vas pas t'y mettre, toi aussi !

<Inconnu> 15/04/17 - 19h30 : Roooh ça va, je plaisante ! Tu penses que tu vas faire quoi, du coup ?  

<Moi> 15/04/17 - 19h35 : Je ne sais pas. Je pense que je vais traîner dans le quartier du lycée, avec mes écouteurs et ma musique. Ça ne m'enchante pas trop, mais je ne connais pas vraiment d'autres coins. Au moins, ils verront que je sors un peu de ma "grotte" (comme ils l'appellent) et ils me foutront la paix... je ne comprends toujours pas pourquoi ils tiennent tant à ce que je fasse autre chose. Je n'ai plus 8 ans. Moi ça me plait bien de regarder toute la saga d'Harry Potter en 3 jours !

<Inconnu> 15/04/17 - 19h38 :  Mdr XD bah au moins ça sera fait !

<Moi> 15/04/17 - 19h39 : Ouaip.  

Lorsque le repas du midi fut passé, je me préparai. Je pris les vêtements qui me vinrent sous la main pour m'habiller, je descendis me chausser, puis je partis, en prenant soin de fermer la porte d'entrée à clé. Je sortis mes écouteurs, les branchai sur mon téléphone puis je lançai Zombie, de Cranberries. Je commençai à marcher en direction de l'arrêt de bus. La musique me berçait. Plus les musiques défilaient, plus je me perdais dans mes pensées, lorsque mon téléphone vibra.

<Inconnu> 16/04/17 - 14h01 : Alors, ça va ?

<Moi> 16/04/17 - 14h01 : Hum, oui, et toi ?

<Inconnu> 16/04/17 - 14h02 : Alors, il fait beau dehors ?

Je descendis du bus.

<Moi> 16/04/17 - 14h04 : Ahah, très drôle...

Je marchais, toujours en ayant mes écouteurs sur les oreilles. Je me dirigeai vers le parc de jeux qui se situait proche du lycée. Je m'assis sur un banc, et j'observais les enfants qui jouaient. Il y avait plutôt un grand soleil, qui tapait un peu sur mon visage. 

Je me sentais bien. À tel point que je ne vis pas passer le temps et que je ne regardai pas une seule fois mon téléphone portable, jusqu'à ce que ma musique se coupa. Je regardai mon téléphone : batterie vide. J'eus juste le temps d'apercevoir un message, avant qu'il ne s'éteigne complètement.

<Inconnu> 16/04/17 - 14h08 : Oui je sais, merci merci ;)

Je fronçai les sourcils. Je me levai, pour continuer mon chemin. J'allai dans le chemin contraire duquel j'étais arrivée. Je m'enfonçais un peu dans le parc, quand j'en sortis dans un quartier que je ne connaissais pas jusque là. Sans réfléchir, je continuais à marcher dans les rues vides, en observant les bâtiments.

Je poursuivis mon chemin comme cela pendant une dizaine de minutes, quand je finis par me retrouver nez-à-nez avec une bande de garçons, qui étaient assis en bande contre un mûr, cigarettes à la main. Ils étaient une petite dizaine, tous habillés en survêtements, la musique à fond... des gars relous de cité, quoi. J'essayai de ne pas les regarder, mais j'entendis l'un d'eux crier : 
- Hé, toi ! 
Je continuai mon chemin en faisant semblant de n'avoir rien entendu, ce qui était loupé, puisqu'à part eux, j'étais la seule dans la rue. Avant même de pouvoir tourner dans la rue suivante, je sentis une main m'attraper le bras.
- T'aurais pas du feu ? Ou une cigarette ? Insista le garçon.
Je m'efforçai de le regarder. Je ne pensais pas dire cela un jour, mais j'étais effrayée. Il me tenait toujours d'une étreinte force, et me regardait avec insistance.
- Non, je ne fume pas, désolée, dis-je poliment. Maintenant lâche-moi s'il te plaît.
Il allait répondre, quand plusieurs de sa troupe avait accouru devant nous.
- Arrête, ça se voit qu'elle fume ! Rigola l'un d'eux. Fais pas la petite meuf.
- Non, c'est la vér...
- Aller, t'as au moins un briquet ? Dit toujours le même.
- Mais lâche-moi, toi ! Commençai-je à m'énerver, sans montrer que j'avais peur.
Les autres s'approchaient de plus en plus, en se bidonnant, jusqu'à ne former plus qu'un cercle autour de nous, comme si c'était un spectacle.
- Oh, mais calme-toi, plaisanta méchamment le garçon qui me tenait toujours le bras, t'as l'air d'être une p'tite âme fragile, toi ! 
- Mais regarde-là, elle fait au moins quarante kilos, celle-là, s'incrusta un autre, qui faisait au moins deux têtes de plus que moi. Tu vas la casser, mec !
Je regardais autour de moi, il n'y avait personne, à l'exception d'un garçon (de mon âge, je dirais) qui n'était pas là même pas cinq minutes auparavant. Il était assis à l'arrêt de bus à une trentaine de mètres de nous, qui regardait son téléphone. J'espérai qu'il réagisse, mais il ne quittait pas son téléphone des yeux.
- Bon, ça va, LÂCHE-MOI PUTAIN ! Criai-je, avant de donner une gifle au garçon qui me tenait, ce qui me fit me lâcher.
Tout le groupe s'arrêta de dire, et nous fixèrent. 
- Oh, toi, tu vas le regretter, sale pute ! 
Je n'eus pas le temps de réagir qu'il m'agrippa de nouveau, leva son poing, sous le regard de ses potes.
- Mais laisse... 
Et c'est là que son poing alla directement dans mon visage. Une fois, puis une deuxième. Je voulus me défendre, mais il m'avait complétement assommée, car par la même occasion, j'avais senti d'autres mains me tenir les épaules. Quand j'entendis une voix complétement différente des autres :
- Elle vous a dit de la lâcher, qu'est-ce que vous ne comprenez pas là-dedans ? 


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