Chapitre 4

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Le silence fut leur seul compagnon durant le trajet jusqu'à la ville, personne n'osant sortir le moindre mot – ou préférant sans doute se retrouver avec soi-même, loin du carnage qui envahissait leurs esprits embrumés. Marchant en tête, Noa avançait - sans se soucier s'ils la suivaient ou non, à travers le peu de végétations qui constituait l'espace entre leur prison et la fameuse cité. Qui, d'ailleurs, leur semblait à chaque pas un peu plus morte que le précédent. Aucuns bruits qui, d'habitude, était le signal emblématique que l'on quittait le milieu campagnard, aucune agitation de la part d'habitants frustrés, rien pour les accueillir dans ce qui avait dû être autrefois une grande ville urbaine. Seul le silence que leurs pas ne parvenaient à combler les accompagnait dans leur marche, que l'on pourrait aisément qualifier de funèbre rien qu'aux airs macabres et désolés des marcheurs.

Il n'y avait pas beaucoup de distance à parcourir, pourtant il sembla qu'il s'était déroulé une éternité tandis qu'ils arpentaient ce qu'il restait d'une ancienne route nationale, où les voitures s'étaient éparpillées en travers, et où la nature avait reprit ses droits en la parsemant de lierre et autres plantes grimpantes.

« Plutôt glauque », murmura soudainement Evan derrière Noa, ce qui eut le don de réveiller toute la troupe, comme un seul homme sorti de sa torpeur. Damien, qui fermait la marche, daigna à peine lever la tête. Les mains enfoncés dans ses poches, il avançait d'un pas traînant et Noa, qui lui jeta un regard, se dit qu'il n'avait sûrement pas apprécié le fait qu'elle lui ait tenu tête tout à l'heure. Tant pis pour lui s'il préférait faire la tête dans son coin comme un enfant...

A présent, les ombres menaçantes des bâtiments délabrés aux abords de la ville se firent plus présentes, et les 6 prisonniers n'eurent jamais aussi bien porté leur surnom, car en cet instant ils étaient comme qui dirait prisonniers de ces ombres, de ces habitations sans vie qui semblaient lutter pour survivre. De légers frissons parcoururent la colonne vertébrale de certains à cette vue digne d'un thriller, restant cependant digne et ne voulant attirer l'attention sur eux. Cette ville.... a tous, elle leur était inconnue, surtout dans cet aspect délabrée, aucuns d'entre eux ne se revoyait la visitant, l'habitant... alors comment en étaient-ils arrivés là ?

Malgré le fait que son esprit tentait vainement de trouver une certaine logique à tout ce qui s'était passé depuis leur sortie, une chose dont Noa était sûre et certaine restait profondément ancrée dans sa tête ; quelque chose d'anormal flottait dans l'air, bien trop lourd et écrasant pour une simple journée de beau temps, comme on en trouverait au printemps. Comme si... comme si on y avait ajouté quelque chose, quelque chose de purement malsain pour eux. Et cela faisait bien trop longtemps que ce fait lui restait en tête.

« Est-ce que vous avez remarqué, vous aussi ? » dit-elle en s'arrêtant brusquement dans ce qui restait du boulevard central de l'entrée urbaine. Derrière, les pas s'arrêtèrent à leurs tours, et pendant quelques secondes, le silence pesant de leur traversée refit surface, avant qu'Alex ne le brise de nouveau :

« Remarqué quoi ? Que cette ville est en ruine ? Merci, mais je crois qu'on avait compris », lança-t-elle sur un ton sarcastique, comme si par malheur Damien avait déteint sur elle.

Ignorant la remarque de sa camarade, la brune se retourna vers ses comparses pour croiser leurs regards, désormais fatigués et perdus. Ils semblaient tellement désespérés, comme si tout était déjà perdu... Et ce genre de regard, d'attitude, Noa détestait. Evitant de croiser leurs regards inquisiteurs, elle se dépêcha donc de continuer :

« Je crois que l'air est contaminé, ou, en tout cas, un truc pas net y a été diffusé. Vous ne sentez pas qu'il est différent ?

- Contaminé ?! Tu rigole j'espère ? Tu veux dire que depuis qu'on est sortis on marchait dans une sorte de poison géant ?! Et puis quoi encore ?!

RadioactiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant