Chapitre 6

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Elle n'avait jamais autant détaillé une fille du regard, même lors de leur sortie collective quelques heures plus tôt. En pleine lumière, et malgré que celle-ci soit défaillante, l'inconnue se dévoilait enfin, et Noa ne pouvait s'empêcher de scruter chaque parcelle de son corps. De longs cheveux noirs comme le jais et raides comme des baguettes, complètements ébouriffés, descendaient en cascade dans son dos, encadrant au passage son visage fin à la peau blanche, comme si elle n'avait pas vu le soleil depuis des années. Elle était plutôt petite, mais elle avait comme avantage d'avoir de magnifiques formes qui ne devaient pas laisser beaucoup de garçons indifférents. Sa tenue se composait d'un simple pull vert foncé et d'un jean, ainsi que des rangers, mais tous semblaient avoir pris la poussière, comme si elle les portait depuis longtemps. Mais ce qui intéressait le plus Noa, c'était ses yeux. C'était la première fois qu'elle en voyait ainsi, et même si sa mémoire lui faisait défaut en ce moment, elle était certaine de voir ces yeux pour la première fois.

Celui de droite arborait une teinte bleue à vous geler sur place, tandis que celui de gauche arborait un vert feuille réconfortant et bienveillant. Des yeux vairons, pensa la jeune brune, ne pouvant détacher son regard. Elle le fit pourtant pour le déplacer vers ses « camarades de cryogénisation » et vit qu'ils étaient tout autant subjugués qu'elle à la vision de l'inconnue. Même Evan avait perdu son air blasé, c'était pour dire.

L'intéressée ne sembla nullement se préoccuper des six regards tournés vers elle, et pivota pour faire face à une autre porte qui, bien que moins épaisse que la première, était tout autant impressionnante. Là, au lieu d'essayer d'ouvrir la porte, elle brandit le poing, et frappa de toutes ses forces trois grands coups, lents, suivis presque aussitôt de cinq coups plus rapides, mais tout aussi bruyants. Chaque coups se répercutaient sur la surface lisse et brillante de l'entrée, et donnaient naissance à un léger écho parcourant la petite pièce avec empressement. Après ce raffut, ils n'eurent pas attendre longtemps qu'un déclic à peine perceptible se fit entendre et que, comme la première, la porte tourna lentement sur elle-même pour dévoiler une nouvelle pièce, largement plus éclairée que là où ils se trouvaient, ce qui eu pour effet de les éblouir.

Toujours guidées par la fille, ils avancèrent à l'intérieur, et petit à petit leurs yeux s'accommodèrent à leur nouvel environnement. Noa eu à peine le temps de regarder autour d'elle qu'une nouvelle voix se fit entendre :

« Putain Erin c'est qui ça ?! Me dit pas que tu les as ramassés en chemin ? »

La voix provenait d'une fille tapie près de l'entrée, un masque d'hygiène posé sous son menton. Elle avait les cheveux courts et rasés d'un côté, d'une belle couleur noire teintée de violet. Des piercings transperçaient son visage d'un peu partout, du nez à l'oreille, et ses yeux noirs et profonds exprimaient de la crainte mêlée à de la réprobation. Elle fixait durement leur accompagnatrice, qui soutint son regard sans broncher. Ainsi, son petit nom est Erin...

« Ils sont paumés, ils ne savent même pas ce qu'il s'est passé et...

- Mais ils viennent de dehors, et à mon avis ils n'étaient même pas protégés ! Merde, Erin, tu peux pas les amener là, ils vont contaminer tout le monde ! »

Et pour ajouter du sens à sa phrase, elle se cala un peu plus contre le mur, comme si elle cherchait une sortie, et sa main remit son masque sur son nez d'un geste rapide. Ses yeux n'avaient toujours pas quittés l'ancienne « fille-en-jaune », devenue Erin, qui soupira de lassitude et l'ignora superbement en lui tournant le dos.

« Arrête un peu, Abby, et dit moi plutôt où est Ryker.

- Il va te tuer quand il va voir ça. Tu nous mets tous en danger avec tes conneries. »

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