Chapitre 9

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Il n'y avait pas grand monde dans les dortoirs, et c'était sûrement l'heure de dormir car personne n'était debout et seuls les ronflements de quelques personnes ici et là rompaient le silence pesant qui régnait dans la pièce.

Assise sur ce qui devait être son lit – une paillasse à même le sol couverte d'un duvet et fournie avec un oreiller gris de salissures – Noa se laissait bercer par ces bruits intempestifs qui, curieusement, ne la gênait pas plus que cela. Ça devait faire plus de 45 min au moins (elle n'avait aucune idée de l'heure qu'il était) qu'elle était avachie là, à ressasser encore et encore les événements de la journée, les yeux fixés sur un point invisible sur le mur face à elle. Le dortoir des filles était une pièce carrée, assez grande pour pouvoir entasser au moins une dizaine de lits en fer usés et quelques paillasses dont celles que Noa, Alex et Emma utilisaient. Une autre porte tout au fond de la salle menait à la salle d'eau, que la jeune femme n'avait même pas prit la peine d'aller voir. Elle voulait profiter le plus possible de ce moment de tranquillité temporaire pour essayer de rationaliser les choses telle qu'elle aimait le faire, même si cela s'avérait plus difficile que prévu. Elle n'avait jamais été confrontée à ce genre de situation aussi grave dans sa vie, et sa concentration habituelle lui manquait terriblement dans un moment aussi crucial, ce qui l'inquiétait profondément. Son léger mal de tête qui l'avait préoccupé lors de leur descente dans leur bunker avait disparu aussi vite qu'il était arrivé, mais sa crise d'angoisse, qu'elle avait réussi à empêcher de se montrer, ne tarderait pas à remonter à la surface si elle ne trouvait pas bientôt une explication rationnelle à tout ça. Une explication à sa cryogénisation.... inexplicable.

Près d'elle, Alex et Emma s'étaient chacune emmitouflées dans leurs duvets, mais elle était certaine qu'Emma s'était endormie aux bruits qu'elle faisait à chaque inspiration, et Noa ne pu que se demander comment elle faisait pour dormir aussi paisiblement, avant de repenser à la scène qui s'était déroulée devant ses yeux quelques instants plus tôt. Quel caractère enflammé elle détient là... pas étonnant qu'elle dort comme un loir, toutes ces émotions l'ont épuisées.

Par contre, elle fut certaine qu'Alex ne dormait lorsque celle-ci releva la tête de son oreiller pour la fixer, avant de demander :

« Toi non plus, tu ne peux pas dormir ? »

Noa haussa les épaules, jugeant qu'il n'était pas utile de répondre directement, et replaça son regard face à elle pour tenter de lui faire comprendre qu'elle désirait qu'on la laisse tranquille. Peine perdue. Alex se redressa de sa couchette et s'assit, sa main passant dans ses longs cheveux couleur or, son regard toujours bardé sur elle, comme si elle l'analysait de l'intérieur, et Noa n'aimait pas vraiment ça. On aurait dit qu'Alex essayait de savoir ce qu'elle cachait au plus profond d'elle-même, la mettant vraiment mal à l'aise.

« On est en train de vivre un truc complètement dingue, et en plus de ça, faut croire qu'on est pas comme tout le monde », murmura-t-elle en se délaissant enfin de Noa pour regarder les autres lits où dormaient des ombres noires aux contours flous. « Comment est-ce que tout ça va finir, pour nous ? »

Noa n'en avait strictement aucune idée, et honnêtement, sa dernière envie à ce moment-là était de s'en préoccuper. Alex sembla comprendre qu'elle n'aurait pas de réponse et laissa un vide s'installer entre elles, le silence venant reprendre le contrôle de la pièce souterraine plongée dans la pénombre. Il devait y avoir une petite dizaine de personnes, ni plus ni moins, et la jeune brune se surprit à se demander depuis combien de temps elles étaient là. Sans doute depuis le début des événements, depuis 4 ans...

Au bout d'un moment, la blonde se décida enfin à se rallonger, maugréant un « bonne nuit » à sa comparse qui n'avait toujours pas bougé. Bonne nuit... comme ces mots sonnaient étrangement, désormais ! Alex les avaient lancés par habitude, parce que c'est ce que l'on fait quand la nuit tombe et qu'on part retrouver les bras de Morphée. Mais les habitudes d'antan n'étaient plus de mises ici, et Noa sentit ses pensées se diriger vers son autrefois à elle, son autrefois d'il y'a treize ans. Avait-elle réellement envie de le revoir ? Cette catastrophe en était-elle vraiment une pour elle ? Elle se surprit à repenser à son père, à ceux qui l'avaient entourée, jadis, lorsque le monde qu'elle côtoyait alors était encore vivant. A quoi cela servait-il de ressasser le passé, désormais mort et enterré ? Ils sont peut-être en vie, cachés quelque part... Qu'est ce que j'en sais ?

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