Chapitre 13

11 1 0
                                    

« Tes complètement tarée, ma parole ! »

Qui d'autres que Damien pour prononcer cette phrase ? Noa l'ignora, prenant difficilement appui sur le mur derrière elle pour se relever et s'adosser dessus, son regard prenant une soudaine teinte de sérieux. Les autres ne disaient rien, mais la regardaient tout aussi choqués. Sauf peut-être Evan, dont les yeux s'étaient brusquement baissés vers le sol.

« Oui, t'as très bien entendu. Je vais avec eux, que ça vous plaise ou non. Est-ce que vous vous rappelez seulement notre bond de 13 ans dans le futur, indépendamment de notre volonté ? Ces gens, qui nous recherchent, ont peut-être la solution à notre problème s'ils savent qui nous sommes. On ne peut pas ignorer ça.

- Ah ouais ? Et qu'est ce que tu vas faire quand ils vont te sauter dessus et te latter la gueule après ? A leurs têtes, ça à pas vraiment l'air d'être des saints ! », cracha Damien en direction de Marshall, qui restait impassible, malgré la lueur de curiosité qui était apparue dans son regard après la lancée de Noa.

Cette dernière ne répondit pas, tournant elle aussi son regard vers le lieutenant. Evidemment, comment allait être l'accueil là-bas ? Peut-être voulait-on simplement les tuer, mais elle n'en savait rien, elle se dirigeait juste vers du flou dans l'espoir d'une réponse. Comment, enfin, étaient-ils arrivés là ?

Comme s'il avait lu dans ses pensées, le lieutenant sur qui étaient désormais tournés presque tous les regards marmonna quelques paroles :

« Je ne sais pas ce que mes supérieurs veulent exactement de vous, on m'a uniquement ordonné votre rapatriement, vivants.

- Rapatriement ? Parce qu'on vient de là-bas ? », s'éleva doucement la voix d'Evan, qui jusque là s'était contenté du silence profond et rassurant.

Le ton de sa voix était calme, posé, l'inverse de la situation. Encore une fois, Noa fut étonnée de l'étrange lueur qui brillait dans ses yeux, comme s'il contrôlait parfaitement la situation alors qu'elle-même la voyait couler entre ses mains. Avec le recul elle remarqua que c'était le seul qui n'avait pas été surpris de sa décision de suivre les militaires, et se demanda s'il n'avait rien dit car, au fond, il pensait la même chose. Je peux sûrement m'en faire un allié dans cette histoire, si nous pensons la même chose...

« Je vous l'ai dit, je ne sais pas qui vous êtes et pourquoi vous êtes si importants, ma seule mission est de vous emmenez vivants en Australie, à la base centrale. Le reste, vous le saurez sans doute si vous acceptez de nous suivre gentiment. »

Le lieutenant ne la quittait plus du regard. Visiblement, il avait compris que si Noa s'était rangée de son côté, elle pouvait faire en sorte que les cinq autres le fassent également. C'était sans compter sur l'inébranlable entêtement de Damien, qui ne comptait pas perdre face au grand homme et à la jeune fille, campant fièrement sur ses positions malgré son visage ensanglanté qui disait tout le contraire. Ses yeux exprimaient toute l'incompréhension qu'un jeune de son âge (d'ailleurs, quel âge avait-il ?) pouvait montrer devant une telle situation. Il veut juste comprendre, pensa Noa, mais il est perdu. Comme nous tous.

« C'est n'importe quoi... on ne sait même pas qui vous êtes ! Comme Noa l'a si bien dit, » marqua-t-il en lorgnant un instant sur la désignée avant de reprendre, « on a fait un bond de 13 ans dans le futur, on vient seulement d'apprendre que l'humanité a pratiquement disparue, et qu'en plus de ça on était sûrement des cobayes de laboratoires, bien frais pour des expériences de... enfin, des trucs bizarres quoi ! Comment voulez-vous qu'on vous fasse confiance ? »

A côté, Alex hocha doucement la tête, accordée à ses paroles, mais les trois autres ne dirent rien, et la brune comprit qu'ils faisaient face à un dilemme. Ils voulaient tous la vérité, mais où ce type impassible pouvait les mener ? Tout droit vers la gueule du loup ? C'en était quasiment certains, et pourtant Noa avait envie de tenter. Pour une fois qu'ils avaient le choix, dans ces péripéties, qu'ils fassent le bon ! Elle allait ouvrir la bouche pour tenter de les convaincre une seconde fois, lorsque son regard croisa celui d'Erin, qui, depuis le début, n'avait rien dit. Et ce fut ce regard qui la dissuada de parler.

RadioactiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant