Lui Seulement Lui

Marwan

Je suis sur le même banc qu’hier soir et j’attends avec impatience que Nohella arrive. J’ai prévu
quelque chose pour cette après-midi, j’espère qu’elle aimera et j’ai remis de l’essence dans ma
voiture pour ne pas tomber en rade il ne manquerait plus qu’elle pense que je lui fais le coup de la
panne, même si en panne au bord de la route avec Nohella est une idée… mais sans le lui demander
je sais qu’elle est vierge. Pas une seule fois elle n’a fait allusion au sexe quand j’étais très proche
d’elle et qu’elle pouvait sentir mon désir.
Je me retourne au bon moment pour la voir arriver, elle est repassée par chez elle, car elle n’a pas
de sac et elle a troqué ses ballerines pour des petites baskets en toile, elle est si simple et si belle
c’est une pure merveille.
Elle s’avance timidement vers moi, je lui décroche mon sourire le plus sexy et je suis content de
voir ses joues prendre une jolie teinte rosée.
– Salut.
– Tu es prête ?
– Prête pourquoi ?
– Viens, on bouge.
Je tends la main vers elle et sans une hésitation, elle y glisse la sienne qui est minuscule.
Je lui fais un bisou sur le nez et hop c’est parti ! Nous montons dans ma voiture garée derrière le
parc, elle ne me pose aucune question.
– Tu ne te demandes pas où on va ?
– Je te suis,me dit-elle confiante avec un grand sourire
– D’accord, tu n’as pas peur ? Que je sois un tueur en série ou quelque chose comme ça ?
– Bizarrement non.
Je démarre et nous voilà en route. Je jette de petits coups d’œil vers elle de temps en temps. Elle
triture la peau autour de ses ongles et garde la tête baissée elle est super timide, mais j’aime ça. Je lui
attrape la main et je la porte à mes lèvres pour lui faire un petit baise-main, elle a l’air de se détendre
un peu. Je repose nos mains sur sa cuisse et de mon pouce je la caresse légèrement. Le contact est
facile avec elle. Je n’ai jamais fait ça avant, le romantisme et tout ça.
– Ça va ?
– Oui et toi ? Tu m’emmènes où ?
– Surprise ! Ce n’est plus très loin.
Vingt minutes plus tard, je me gare sur le parking désert de la falaise, nous descendons de voiture,
je vois bien qu’elle a le souffle coupé. Je la rejoins et j’entoure mes bras autour de sa taille.
– C’est quoi cet endroit ? C’est magnifique.
– C’est là que je venais avec mes parents quand j’étais gamin le dimanche après-midi. En bas, c’est
une crique.
– Waouh je ne connaissais pas.
– Peu de gens connaissent cet endroit, viens on descend.
– Ce n’est pas dangereux ?
– Monte sur mon dos, si tu veux.
Elle se retourne pour me regarder dans les yeux, mon Dieu cette fille aura ma peau !
– Tu es sûr ?
– Oui, allez grimpe.
Elle sautille et je rattrape le dessous de ses cuisses. Elle est légère comme une plume. Nous
descendons le petit sentier en riant, ses bras sont autour de mon cou, c’est le paradis. Arrivés en bas
je la fais descendre doucement, je suis très grand, je n’ai pas envie qu’elle tombe, une fois ses deux
pieds à terre je passe un bras autour de ses épaules.
– C’est magnifique.
– Oui c’est la seule crique à des centaines de kilomètres à la ronde.
– Regarde-moi la couleur de cette eau. Je ne comprends pas pourquoi je ne connais pas cet endroit.
– Tu veux aller plus près ?
Elle hoche la tête et j’enlace mes doigts aux siens, nous marchons tranquillement au bord de l’eau,
le soleil se reflète sur son visage, je ne perds pas une miette du spectacle. Elle a un petit nez
retroussé et quelques taches de rousseur apparaissent sous ses yeux, elle n’a pas la peau claire. Elle a
dû prendre des bains de soleil cet été. Je constate que l’imaginer en maillot de bain n’est pas une très
bonne idée. Elle a quelque chose en elle qui m’attire. Je n’ai jamais ressenti ça avant, c’est donc ça
le coup de foudre ? Je ne sais pas, mais en tout cas si c’est ça, je ne veux pas que cette sensation à
l’intérieur de moi disparaisse. Le vent se prend dans ses longs cheveux bruns et dévoile la peau de
son cou. Je peux sentir une odeur de cerise.
– Arrête de me dévisager comme ça s’il te plaît, ça me met mal à l’aise.
Je suis stoppé net dans ma contemplation.
– Tu n’aimes pas être regardée ?
– Pas trop non.
–Désolé, mais tu vas devoir t’y faire vu que je te trouve super belle et que tu es ma petite amie, je
ne crois pas pouvoir m’en empêcher.
Je peux voir une émotion de tristesse passée sur son visage. Je la retourne pour qu’elle me fasse
face. Elle baisse les yeux et elle tape dans un caillou avec le bout de sa chaussure.
– Alors, c’est vrai je suis ta petite amie officielle ?
– Oui pourquoi ? Tu en doutes ?
– Je ne sais pas trop, tu n’es pas trop le genre à avoir une copine à long terme.
– Et si je te disais que je voudrais changer, tu me croirais ?
Dis oui s’il te plaît, je ne veux pas que tu doutes de moi Nohella.
– Je ne sais pas, tout ça, c’est assez dingue, tu ne trouves pas ?
Elle fait un geste du doigt entre nos deux corps. Je ne vois pas ce qu’il y a de dingue. Au contraire,
moi je vois du positif. Cette fille pourrait être celle que j’attends depuis si longtemps. Celle qui
pourrait me changer et celle qui pourrait effacer la douleur dans ma poitrine.
– Non.
Je déglutis avec difficulté, je ne veux pas la perdre. Je veux qu’elle apprenne à me connaître, tel
que je suis vraiment.
– Tu imagines la réputation que tu auras quand les gens découvriront que je suis ta petite amie
cachée.
– C’est toi qui veux te cacher Nohella.
Elle évalue ma réponse, elle est vexée, mais c’est la vérité. Je voudrais bien crier au monde entier
que je sors avec elle. Je ne veux pas me cacher. Elle soupire avant de relever ses yeux vers moi.
– Oui c’est vrai, pour le moment je pense que c’est mieux comme ça et au moins je verrais
l’évolution que ça prend.
Je me remets face à elle et je prends ses joues entre mes mains. Elle ne baisse pas les yeux, mais je
peux voir la tristesse y briller. Je pense comprendre ce qu’il se passe dans sa tête. Elle est tellement
peu sûred’elle.
– Tu crois que je me sers de toi ?
– Je t’avoue que l’idée m’a traversé l’esprit.
– Nohella, si je n’en avais rien à faire de toi je ne serais pas ici, avec toi. Personne ne connaît cet
endroit.
– Ça fait peut-être partie de ta stratégie.
Elle est vraiment en train de perdre le peu de confiance qu’elle a en elle. Je peux lui donner cette
confiance qu’elle n’a pas. Je peux la rendre plus forte, il suffit juste qu’elle comprenne qu’elle peut
puiser ce qu’il lui faut en moi. J’ai la trouille, je ne veux pas la perdre. Je suis trop près du but et à un
fil d’être complètement sous son charme.
– Non pas du tout, il va falloir que tu me fasses confiance sur ce coup-là.
– J’aimerais bien et j’espère pouvoir te faire confiance sauf que là, c’est trop tôt.
Je clos cette discussion en posant mes lèvres sur les siennes, je la rapproche de moi et elle passe
ses bras en dessous de mon blouson pour tenir ma taille. Un autre sentiment nouveau me transperce.
Je crois que je tombe vraiment amoureux d’elle, mais elle doute et ce n’est pas bon pour moi.
Je vais lui prouver que j’ai changé, de toute façon les autres filles ne m’intéressent plus !
Ça prendra le temps que ça prendra, mais je vais tout faire pour que cette fille ne puisse plus jamais
se passer de moi...

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