Marwan

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Je suis encore abasourdi par ce qu’il s’est passé il y a maintenant deux heures.Je n’ai pas quitté
l’hôtel et je compte bien la revoir demain pour éclaircir les choses avec elle, elle ne peut pas ne plus
m’aimer c’est impossible. De colère, je me commande une bouteille de champagne et je me l’enfile
pour essayer d’oublier ses paroles. C’est la première fois que nous nous disputons comme ça. Nos
mots résonnent dans ma tête, c’est une torture, comment veut-elle que je l’oublie, c’est impossible, je
ne peux pas ! Elle est beaucoup plus atteinte par ma connerie que je ne l’aurais imaginé, je l’ai vu
dans son regard. Je ne sais pas comment faire pour la récupérer et d’avoir fait l’amour avec elle n’a
pas arrangé les choses, je l’aime encore plus.
Abby essaie de me joindre, mais je n’ai pas le courage de décrocher pour lui dire que j’ai foiré,
j’en suis incapable, je ne peux pas abandonner sur un échec. Je me demande si Nohella est rentrée
chez elle dès qu’elle est repartie d’ici. Je pense que oui, vu les larmes que j’ai vues perler au coin de
ses yeux avant qu’elle ne referme la porte pour partir. Je balance la bouteille de champagne vide à
travers la pièce et elle explose en mille morceaux. Putain, mais quel con j’ai été de coucher avec sa
chienne de sœur pour me venger !
– Putain fais chier !
Je chope un jeans et un pull puis je m’habille avant d’enfiler mes chaussures et de descendre avec
l’ascenseur au rez de chaussée, il y a un bar et c’est parfait pour que je puisse ruminer. Je m’installe
sur un tabouret et je commande une double vodka pure. Une fille pas loin de moi me fait de l’œil, il
ne faut surtout pas que je perde les pédales et que je monte avec elle pour me changer les idées. Je
me tourne pour ne pas être regardé comme une bête de foire et je bois mon verre en essayant de faire
passer la pilule, l’alcool me brûle la gorge et sa sensation m’apaise un peu, je crois que je vais me
bourrer la gueule ce soir, au moins je pourrai dormir en paix.
– Bonsoir.
Merde, je plaque un sourire sur mon visage et je me retourne en essayant de ne pas paraître trop
mal poli, je n’ai pas spécialement envie qu’on me fassee chier, mais c’est bel et bien la même femme
qui me cause. Elle me regarde de haut en bas avec un air de croqueuse de diamants et je renifle.
– Bonsoir.
Elle me tend sa main et je la lui prends pour lui serrer.
– Je suis Brook Grayson.
Elle détaille mon visage un peu trop avant de me lâcher pour fouiller dans son sac, elle me tend une
carte. C’est quoi ça une cougar ?
– Désolé je ne suis pas intéressé.
Elle me fait les gros yeux et elle comprend que je parle sûrement d’une nuit d’amour, elle éclate de
rire avant de reprendre ses esprits et de prendre un ton super professionnel.
– Jeune homme, je ne veux pas coucher avec vous. V ous ne devriez pas tirer de conclusion hâtive
avant de savoir, je travaille pour une agence de mannequins et je suis à la recherche de nouveaux
visages et le vôtre est tout simplement sublime.
Je bloque sur ce qu’elle vient de me dire, une agence de mannequins ? C’est une blague ? Je ne suis pas mannequin, je viens d’un village à côté de Colombus et je ne suis certainement pas ce genre de
mec.
– Appelez-moi demain matin parce que là je n’ai pas de temps, mais je suis libre à partir de 9 h.
Je lui fais juste un signe de tête pour lui faire comprendre que j’ai retenu l’info, je range la carte
dans ma poche et je retourne à mon verre presque vide. Je ne sais pas ce qu’il vient exactement de se
passer, mais je verrais ça demain là, je suis trop bourré pour essayer de comprendre et si ça se trouve
demain je ne m’en rappellerai même plus. Je sors mon téléphone, Abby a encore essayé de me
joindre, je devrais peut-être rappeler. Je vois un peu trouble, mais je vais y arriver malgré mes trois
vodkas.
– Allôoooooo.
– Marwan ?
– Bah ouais qui veux-tu que ce soit ?
– Tu as bu ?
– Quelle perspicacité bravo !
– Merde, ça ce n’est pas bien passer ?
– Au début c’était le rêve et c’est parti en cauchemar.
– Tu as couché avec elle ?
– Ouais.
– Marwan tu n’aurais pas dû, elle est fragile !
– Désolé je n’ai pas pu résister.
– Je ne veux rien savoir chut !
Je rigole, Abby c’est une cochonne sauf qu’elle ne le fait pas voir, mais je garde ça pour moi sinon
Jake me dira plus rien sur ses petits détails croustillants.Enfin ce n’est pas que j’en ai quelque chose
à foutre d’où il fourre sa bite, mais il a l’air d’être bien avec Abby et je lui souhaite que ça dure.
– Marwan t’es où ?
– Au bar de l’hôtel.
– Remonte et va te coucher.
– Tu ne vas pas t’y mettre aussi.
– Quoi ?
– De me crier dessus !
Elle glousse et je souris doucement, Abby est aussi devenue ma plus proche amie, je dis ça parce
que c’est la seule amie avec qui j’ai jamais couché et que je ne toucherai probablement jamais. C’est
un peu le monde à l’envers quand on y pense, c’est la meilleure amie de Nohella qui me réconforte
alors, qu’elle devrait réconforter son amie et me détester pour mon erreur.
– Marwan quand tu vas revenir je vais te mettre un coup de pied au cul !
– C’est moins sûr si je ne reviens pas.
– Qu’est ce que tu racontes ?
Ça coupe, je regarde mon téléphone j’ai plus de batterie. Tant pis ! Je lui raconterais demain quand j’aurai dé-saouler enfin si je me souviens de ce que j’allais lui dire à l’instant, la vodka m’embrume
l’esprit et le champagne que j’ai bu juste avant n’arrange pas non plus les choses, je vais avoir mal
au crâne demain c’est sûr et certain, mais au moins je vais pouvoir dormir un peu sans me réveiller
toutes les heures en voyant de visage de Nohella qui vient à chaque fois me hanter.
Je lève la main et le barman me fait signe d’attendre deux minutes, je lui fais un signe de tête et
quand il arrive vers moi, je lève mon verre vide.
– S’il vous plaît un autre...
De toute façon je préfère rester ici, je suis incapable de dire pourquoi, mais j’ai l’impression de me
sentir chez moi. L’odeur de Nohella est toujours sur moi et son parfum à la cerise ne me quitte pas. Je
suis le diable en personne, je sais que je devrai la laisser tranquille, mais c’est impossible et puis de
toute façon elle tient mon cœur entre ses mains, si seulement je pouvais lui dire que depuis qu’elle
m’a quitté il ne bat plus dans ma poitrine.Je ne savais pas qu’un homme pouvait ressentir autant de
mal, je suppose qu’un homme qui dit n’avoir jamais eu le cœur brisé n’a jamais connu le plus pur des
amours qui soit...

Lui Seulement LuiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant