Lui Seulement Lui

Marwan

Je n’aurais jamais dû me saouler hier soir, j’ai un mal de crâne à me claquer la tête dans le mur. Je
me relève doucement et je sors de mon lit pour aller dans la salle de bain. Je me déshabille lentement
et je rentre sous la douche, j’ai l’impression que ma tête va exploser, mes yeux ont du mal à s’ouvrir
et je prends appui sur mes mains pour laisser l’eau de la douche couler sur mon dos. Je ne m’attarde
pas trop néanmoins, car je dois essayer de trouver une solution à mon principal problème
« Nohella » ! Je ramasse mes fringues une fois que je retourne dans la chambre et une carte tombe de
ma poche je la ramasse, c’est quoi de ça ?Je lis et un flash me revient, je me souviens vaguement
d’une femme qui m’a demandé de la rappeler pour une agence de mannequins je ne sais plus trop
quoi. Je m’assois sur le lit et je me frotte le visage avant d’étudier rapidement sa proposition. Je sais
que ça me donnerait l’opportunité de rester à Seattle et d’être près d’elle, mais si jamais elle me
repousse encore et que c’est vraiment fini entre nous, est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? Hier
j’ai senti que le feu entre nous brûlait toujours, elle est juste blessée de mon erreur. Alors je dois la
récupérer et même si ça implique rester à Seattle et si je reste ici, il me faut un job.
Je prends le risque quand même et je téléphone de toute façon qui ne risque rien n’a rien. Dix
minutes plus tard, je raccroche et j’ai un rendez-vous dans une heure, Madame Grayson n’est pas
quelqu’un qui aime attendre à ce que je vois. Je prends le temps d’avaler un café avant de partir. Fait
chier, je vais devoir bouger en bus ou prendre un taxi si je reste ici il faudra que je trouve une
solution pour faire rapatrier mon bébé ! J’enfile un jeans et un T-shirt propre et je passe ma main dans
mes cheveux, ça fera l’affaire de toute façon je ne me coiffe jamais autrement que comme ça.
Me voilà dans le bus pour aller à ce rendez-vous bizarre, pourquoi j’ai accepté un truc pareil ? En
plus, je suis assis à côté d’une vieille dame qui n’arrête pas de claquer des dents et ça me dérange au
point que ma légère bonne humeur et en train de se faire la malle. Le bus s’arrête enfin et je descends
en soufflant, je n’ai pas besoin de marcher pendant des heures vu que l’agence est juste devant mes
yeux. Je rentre à l’intérieur et je suis accueilli par une femme élégante à lunette qui me sourit
jusqu’aux oreilles. Elle me donne tout un tas de paperasse et me demande d’aller patienter dans une
salle d’attente et d’en profiter pour remplir les formulaires. Il n’y a que moi qui attends et ça fait
quarante-cinq minutes que je poireaute comme un con ici. Si elle n’est pas là dans dix minutes je me
casse de cet endroit j’ai d’autre chose à faire. Il y a des photos de modèle homme accrochées partout
autour de moi, ce n’est pas que je suis mal à l’aise, mais quand même, j’ai l’impression d’être
observé et ça me rend encore plus nerveux. Je me lève et je dépose les documents sur la petite table
quand une voix m’interpelle.
– Mr Coleen, désolé du retard j’ai eu une réunion qui s’est terminée plus tard que prévu.
Son sourire est tellement chaleureux que je ravale ce que j’allais lui dire, je m’approche d’elle et je
lui serre la main.
– Ce n’est pas grave.
– Suivez-moi.
Je reprends les papiers et je lui emboîte le pas. Comment elle fait pour marcher avec des talons
aussi hauts ? Elle ouvre une porte et elle me demande de m’asseoir avant de prendre place en face de
moi, active son ordinateur et elle prend une posture professionnelle.
– Bien. Comme je vous l’ai dit hier, je suis à la recherche de nouveau visage et je vous trouve
vraiment très beau.
– Merci.
– Ceci dit, je n’irais pas par quatre chemins, je dois recruter un modèle pour la fin de la semaine
pour une grande marque de vêtements.
– Pour quels vêtements si je peux me permettre ?
– C’est une ligne de vêtements de marque et vous poserez avec un modèle femme pour présenter la
nouvelle collection IKKS
Elle ne respire jamais quand elle parle ? Je ne sais pas quoi lui répondre, c’est bien la première
fois que l’on me propose une chose pareille. C’est même hallucinant quand j’y pense, je viens d’un
village dans l’Ohio et je suis encore à l’université. Elle reprend voyant que je ne réponds pas.
– Donc comme je vous disais, c’est pour une marque de vêtements et le contrat est de minimum
trois mois pour commencer. Mais si je vous recrute et que vous faites partie de ma troupe de top
models, je serais amenée à vous trouver d’autres contrats et vous aurez bien sûr le droit de couper ce
contrat à tout moment.
Je la regarde médusé, qu’est-ce que je dois répondre à ça ? C’est une opportunité à saisir et puis
trois mois ce n’est pas la mer à boire. Si vraiment ça ne me plaît pas, je pourrais toujours casser et
rentrer chez moi. Je ne sais pas pourquoi, mais quelques choses ou plutôt quelqu’un me pousse à
accepter. Si Nohella reste à Seattle dans ce cas j’y reste aussi.
– Je peux vous donner une réponse quand ?
– Le plus tôt sera le mieux, quel est votre prénom jeune homme ?
– Marwan.
– Avec un prénom comme ça, vous sortez vraiment de l’ordinaire tout comme votre physique.
– Merci.
Elle me dit que j’ai jusqu’à la fin de la semaine pour réfléchir et lui donner une réponse sinon ça
tombera à l’eau définitivement. Je quitte l’agence avec le sourire, car le chiffre qu’elle m’a indiqué
juste avant que je lui dise aurevoir ferait sourire n’importe qui ! Je traverse la rue pour reprendre le
bus quand je croise un fleuriste, une idée me vient et je rentre dans la boutique pour en ressortir avec
dix magnifiques roses rouges. J’envoie un message à Nohella aussi et bien sûr elle ne me répond pas.
Je retourne à l’hôtel pour récupérer une veste et regarder l’adresse qu’Abby m’a notée sur un post-it.
Je vais directement aller chezelle, comme ça elle ne pourra pas faire autrement que de me parler. La
journée passe à toute vitesse et je commande un truc à grignoter avant de partir chez elle. J’espère
qu’elle sera là.
***
Ça fait dix minutes que je suis devant chez Nohella, c’est allumé. Je sais qu’elle est là. Je suis
rassuré, mais une sensation bizarre remonte le long de ma colonne vertébrale. J’ai cru apercevoir
deux ombres au lieu d’une à travers le rideau et je me demande qui peut bien être avec elle, je me
trompe peut-être, car aucun bruit ne me parvient à travers la porte. Je cache le bouquet de rose
derrière mon dos et je sonne, j’entends des pas dans le couloir et elle m’ouvre la porte en ouvrant
grand sa bouche, pour une surprise, c’est une surprise à ce que je vois.
Marwan, mais qu’est-ce tu fais là ?
Elle paraît paniquée et elle sort pour refermer la porte derrière elle précipitamment, je crois qu’elle
n’a pas envie que je rentre, mais surtout qu’elle cache quelque chose. Je lui tends le bouquet de roses
qu’elle ne refuse pas et elle me remercie avec sa voix douce. Je fais un pas vers elle, mais elle me
stoppe en mettant sa main sur mon torse.
– Marwan, tu ne peux pas débarquer comme ça et faire comme s’il ne s’était rien passé.
– Nohella je voudrais te parler.
– Pourquoi faire ?
– J’ai fait une énorme connerie et je m’en veux, s’il te plaît laisse-moi entrer pour qu’on discute
calmement.
Au moment où elle allait me répondre la porte s’ouvre et un mec apparaît derrière elle torse nu,
c’est quoi ce putain délire ? ...