Lui Seulement Lui

Marwan

Une semaine plus tard :
J’ai décidé d’accepter la proposition de Mme Grayson. Je n’ai pas revu Nohella depuis ce soir-là
et je souffre énormément de ses paroles, mais je ne sais pas si je dois la croire ou pas. Quand elle me
les a dites, j’ai ressenti un vague pressentiment. Je ne sais pas si elle disait vrai ou pas, mais en tout
cas si elle l’a fait pour que je la laisse tranquille alors, je ne suis pas sûr de pouvoir en être capable,
même si je suis malheureux je dois être fort. Dès que j’imagine Nohella faire l’amour avec ce mec, je
perds les pédales complètement et pour ne rien abîmer dans cet hôtel, je pars courir à chaque fois
même en pleine nuit. Malgré tout, mon père, Abby et Jake étaient contents pour moi, que je puisse
trouver du boulot en un week-end. Ce n’était pas prévu au programme c’est sûr, mais je dois quand
même finir mes études et donc repartir après mon rendez-vous chezmoi pour pouvoir faire mes cours
à distance et ressauter dans un autre avion pour revenir à Seattle. En même temps, il faut que je
récupère des affaires je n’ai pas pris grand-chose et j’ai dû me racheter des fringues. J’ai été visiter
quelques appartements aussi, mais aucun ne me plaît vraiment et puis à chaque fois un flash de
Nohella passe dans mon esprit et je l’imagine en train de choisir avec moi, c’est une vraie torture !
J’ai lu quelque part dans le contrat qu’il y avait possibilité que l’agence loge les modèles. Je vais
bien voir quand j’y serais c’est-à-dire maintenant.
Je suis dans la salle d’attente et mon téléphone est dans mes mains, pour la centième fois depuis la
semaine dernière j’essaie de taper et d’envoyer un message à Nohella, mais je ne trouve jamais quoi
lui dire et rester sans réponse sera difficile pour moi. J’aimerai la revoir pour juste sentir sa
présence, car elle me manque vraiment.
– Marwan.
Je lève les yeux et Mme Grayson apparait dans l’encadrement de la porte tout sourire. Je me lève et
je lui serre la main avant de la suivre, je m’installe sur le même fauteuil que la semaine dernière et je
m’enfonce dans le fauteuil en cuire qui grince sous mon poids.
– Alors Marwan, as-tu pris ta décision ?
Elle me regarde et je vois déjà les dollars dans ses yeux. Elle ne prend pas non plus de pincette,
cette femme est forte et ça se voit.
– Oui, j’ai pris ma décision
– Tu comptes intégrer mon équipe ou pas ?
– C’est ça.
Elle me sourit de toutes ses dents et elle me serre la main. Nous discutons pendants des heures et
nous concluons que je commence mercredi prochain sans faute, elle est très contente et elle est
arrivée à me mettre à l’aise en m’expliquant vraiment le métier. Je pense aussi que je ne vais pas
pouvoir éternellement louer une chambre d’hôtel.
– Je voulais aussi vous dire que j’ai cherché un logement, mais hélas mes recherches n’ont abouti à
rien.
Elle tape sur son ordinateur et prend son téléphone dans l’instant. Je me perds dans mes pensées, je
suis en train de faire quelque chose de dingue et Nohella n’est même pas là pour voir ça. Elle ne va pas en revenir si elle le sait.
– Marwan ?
– Excusez-moi j’étais ailleurs.
– Oui donc comme j’étais en train de dire, mardi vous pourrez emménager dans un de nos
appartements pas très loin d’ici. V ous pourrez y loger le temps de votre contrat, biensûr une fois que
vous cassez le contrat ou autres. V ous devez nous le rendre dans les plus brefs délais.
– Je comprends merci.
Nous nous redonnons rendez-vous le mardi suivant et je m’en vais. Mon avion est dans trois heures,
j’ai juste le temps de repasser à l’hôtel pour récupérer mes affaires et de prendre un taxi jusqu’à
l’aéroport. Je quitte sa ville, mais je ne l’abandonne pas, je reviendrais pour lui prouver mon amour.
***
Je suis dans l’avion et je suis incapable de trouver le sommeil. Je n’arrête pas de penser à ce trou
du cul qui doit poser ses sales pattes sur Nohella et ça m’oppresse. Mes pensées partent tellement
loin, que je me lève pour pouvoir aller vomir aux toilettes. Je me regarde dans le miroir, passe de
l’eau froide sur mon visage et prends plusieurs inspirations avant de retourner à ma place pour
cogiter. Comment je vais faire pour la récupérer ? D’habitude ce n’est pas moi qui rampe aux pieds
des filles alors, ce n’est pas comme si je connaissais la chanson pour faire ça, je n’ai même pas l’air
pour trouver une inspiration. Discuter et s’excuser ne sert à rien, elle ne veut rien entendre de toute
façon. Il faut que je trouve le moyen de la faire changer d’avis pour qu’elle me revienne, je dois
puiser dans ma force intérieure, si seulement j’avais au moins les bases du loveur invétéré comme
dans les films à l’eau de rose que les nanas aiment tant ou bien les héros de roman qui ne rament pas
eux pour faire revenir leur dulcinée qui craque dès qu’ils reviennent à la charge. En attendant, tout ça
ne me dit pas comment je peux faire pour la récupérer, si je pouvais revenir en arrière franchement
j’effacerais mon erreur. Je n’aurai jamais pensé tomber amoureux de cette petite brune ni que l’amour
pouvait faire aussi mal, c’est pire que de se prendre un coup dans les burnes, là au moins on se
relève.
***
J’atterris enfin et comme promis Jake est là, à m’attendre dans sa voiture. Je pose mes valises dans
le coffre et je monte à l’intérieur, il me fait un grand sourire et je lui tape sur l’épaule.
– Ça va bien mec ?
– Ouais merci.
Il voit très bien que ça ne va pas, mais il ne me demande rien et il démarre. Je rallume mon
téléphone j’ai des messages, mais pas de la personne que je voudrais, j’efface sans même répondre,
ce n’est pas important. Je tourne la tête et je regarde dehors, Jake vient de dépasser le cimetière où
est enterré ma mère.
– Arrête-toi.
– Hein, mais pourquoi ?
– Arrête-toi, je dois faire quelque chose.
Il se gare sur le trottoir et je lui demande de m’attendre, je n’en ai pas pour longtemps de toute
façon. J’avance doucement et je m’arrête devant l’entrée de ce fichu cimetière, je dois le faire, je ne sais pas quand je reviendrais ici. J’avance, mais j’ai l’impression de reculer en même temps, je suis
si près de sa tombe et si loin en même temps. Mon cœur bat à cent à l’heure, je suis enfin devant elle.
Quand je relève les yeux, je tombe directement sur sa photo et sur son sourire, je sens quelque chose
se déchirer à l’intérieur de moi. Elle me manque, elle était tellement parfaite, je n’ai même pas le
souvenir qu’un jour elle m’ait engueulé ou quelque chose comme ça. Malgré les années, sa tombe est
toujours aussi blanche et les fleurs sont présentes.Je me rassure en me disant que les gens ne l’ont pas
oubliée contrairement à moi qui ne viens jamais. Je m’accroupis et j’enlève une bouloche imaginaire
de mon jeans, je ne sais pas quoi dire ni quoi faire alors, je passe la main sur mon visage et dans mes
cheveux de frustration comme je le fais à chaque fois.
– Je te demande pardon maman.
Je pose ma main sur la pierre froide et je retiens un sanglot, ça fait mal d’être ici.
– Maman, j’ai merdé et maintenant je suis malheureux parce que je l’ai perdue. J’avais enfin trouvé
ma moitié et je n’ai pas réussi à la garder. Tu l’aurais vu, je suis sûr qu’elle t’aurait plus. C’est une
fille exceptionnelle elle est si belle et si gentille. Elle n’était pas comme les autres et je l’ai perdue.
Je suis vide à l’intérieur de moi. Je dois juste être fort et réunir toutes mes forces pour pouvoir la
reconquérir. Je n’aurais jamais imaginé que l’amour ferait autant mal. Qu’est-ce que je dois faire ?
Aide-moi.
Mes yeux me brûlent et je passe mes doigts en appuyant assez fort dessus. J’ai perdu les deux
seules femmes que j’ai jamaisaimées de toute ma vie. Je continue de raconter ma peine dans l’espoir
de recevoir un signe.
– Tu sais j’ai trouvé un boulot là-bas à Seattle, je vais faire le mannequin, tu te rends compte c’est
dingue. Et toi qui pensais que je finirais footballeur professionnel comme papa l’espérait aussi. Je
suis désolé maman de ne pas être venu avant, mais je devais le faire avant de partir.
Aussi bizarre que ce soit j’ai l’impression d’avoir sa main sur mon épaule et qu’elle me dit qu’elle
est là pour moi.
Je me relève lentement et je regarde une dernière fois le sourire de ma mère avant de partir. Je ne
me sens pas mieux, mais au moins je suis venu et je l’ai fait seul, je suis fier de moi et je sais que ma
mère doit l’être aussi...