Olympe d'Esméra

Chapitre 3 : retrouvailles [corrigé]

Malgré que mon coeur ne soit pas à la fête, je me sentais apaisée par le bonheur de mes amis. Nous avions festoyé tous les quatre avec entrain les résultats de la cérémonie. Le soir même, nous étions rentrés épuisés par cette journée chargée laissant Elanor et Beren retourner chez eux. Le temps pour nous de faire de même et nous mettions déjà les pieds sous la table pour commencer à dévorer le dîner.

Une épreuve pareille donne l'appétit d'un ogre me dirait mamie, même si cette espèce ne devait pas manger végétarien à mon avis. Je pensais qu'elle serait venue se joindre à nous. J'avais besoin de réconfort après tout. Elle sent toujours ces choses-là, c'est presque iné chez elle. Mais aujourd'hui son absence s'était douloureusement fait sentir. Notre maison semblait bien moins accueillante sans la présence d'êtres aimés.

Pendant le repas, je profitais que l'attention de Kyllian soit fixée sur son assiette pour le dévisager. Des cheveux châtains raides, mode coiffé décoiffé, encadraient son visage fin jusqu'aux épaules. Sa peau mate, témoignage d'heures d'entraînement passées à l'air pur, mettait en valeur sa mâchoire carrée, son nez droit et sa bouche aux lèvres pleines.

De l'ambre, du vert et du bleu, entourés d'un trait noir, se confondaient dans ses yeux en amande, à moitié cachés par des mèches rebelles. La pigmentation autour de ses pupilles ressemble à la mienne à ceci près que le motif est différent. Mon iris est parsemé en son centre d'éclats d'ambre puis de vert tandis que son pourtour est teinté d'une jolie couleur bleue.

Un coup d'œil inquisitoire de sa part me fit me concentrer sur mon plat que j'avais délaissé pendant ma contemplation. C'est alors que la pointe de son oreille gauche s'orienta vers l'arrière. Quelqu'un venait de pénétrer la maison. Mon cœur s'emballa et mes muscles se crispèrent. Nos regards se croisèrent et comme un seul homme nous fondirent sur l'intrus avec rapidité.

Un bel elfe aux traits durs et à la démarche assurée nous reçut les bras grands ouverts en riant à gorge déployée. Notre père était enfin rentré de son énième voyage.

- Alors comment s'est passée la cérémonie d'aujourd'hui ? interrogea Thorondor tout en refermant la porte derrière lui.

- Tu en as un ton sérieux Pa' pour demander ça, répondit Kyllian avec un sourire en coin - l'air de dire qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter.

- Olympe, explique-moi s'il te plaît avant que ton frère ne passe à la casserole, exigea-t-il avec sa mine grave.

Il sentait bon l'aventure. Une légère effluve de transpiration mélangée avec la poussière des chemins empruntés pendant de longues heures. J'emmitouflais ma tête au creux de son cou chaud respirant son odeur si particulière. Je me sentais en sécurité et c'est à contrecoeur que je me décalais pour railler avec dédain :

- La chiasse a été acceptée en tant qu'élément de feu dans l'une des plus prestigieuses écoles, il fallait s'y attendre.

- Ce n'est pas ma faute si tu n'es pas destinée à faire de grandes choses comme moi vermine, s'empressa d'ajouter Kyllian en pressant son poing fermé contre mon épaule.

- Très drôle petit ... commençais-je de rétorquer avant que notre père m'en empêche d'un regard sévère.

Déposant ses affaires au sol, il s'installa à table, nous intimant de faire de même. Le sujet fut clôt et la discussion tourna ensuite autour du voyage de Thorondor. Trois jours de cheval nous séparaient de la ville d'Ignìl. Je n'y suis jamais allé, mais il paraît qu'elle est très dynamique. Les meilleurs artisans de toute la contrée y sont réunis et les voyageurs viennent de loin pour voir leurs oeuvres. Des rêves d'aventure traversèrent mon esprit tandis que je buvais les paroles du récit des péripéties de mon père.