Chapitre 8 : réfectoire

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Chaque régime alimentaire y était présent et le choix, on peut le dire, assez vaste. Plusieurs buffets chargés de victuailles trônaient au centre du réfectoire. Un pour les plats chauds, un pour les fruits et légumes crus, un pour les produits laitiers et j'en passe. C'est donc avec plaisir que je choisis mon repas. Mon lembas me semblait bien dérisoire à présent que mon assiette était pleine. Pleine de chaque aliment en petite quantité, histoire de goûter à tout. Manie chez moi qui suis gourmande il faut le dire. Les plateaux à la main, nous nous attablâmes pour commencer à manger. Nous avions choisi une des tables hautes quatre places, nous donnant une vue d'ensemble du réfectoire. Plusieurs de celles-ci, de formes et tailles différentes, étaient éparpillées dans la pièce. Une porte s'ouvrait même sur une terrasse de bois clair orientée face à la forêt. Je devinais que le grand chêne planté à côté ombragerait celle-ci lorsqu'il ferait jour. Ce sera agréable de venir y manger, surtout en cette période de l'année.

Pour l'heure, la discussion tourna autour de l'école, de Laurelìn et de moi-même. Ma camarade était on ne peut plus curieuse, si vous voyez ce que je veux dire. Elle n'arrêtait pas de me poser multiples questions. N'étant pas très extravertie, je préférais répondre par un interrogatoire poussé sur sa vie. Et ma colocataire se prit au jeu à coeur joie. J'appris qu'elle venait d'Ärendìl, une grande cité fortifiée du sud près de l'océan. Située à une semaine de cheval à peine d'Istya à travers les plaines d'Unedia. Chemin que Laurelìn empruntait régulièrement pour aller voir sa famille. La population de sa ville natale comptait bon nombre de pêcheurs et commerçants. La proximité avec l'océan Eowil et son grand port de pêche protégé des vagues en étaient sûrement pour quelque chose. Seule l'agriculture y était difficile apparemment et l'import des matières premières depuis Tëmyskiàra, non loin de là, résolvait le problème. On pouvait accéder à la capitale via le lac Alura ou par la route, trajet plus long cependant.

Issue d'une grande lignée de magiciens, ma nouvelle amie était inscrite ici pour maîtriser son élément, l'air. Son père était originaire d'Ärendìl alors que sa mère venait, comme moi, d'Esméra. Leurs éléments, respectivement l'eau et le vent, avaient fait de ses parents des navigateurs reconnus. Son enfance de fille unique avait oscillé entre la mer et la terre. Je sentis à ce moment un point sensible voyant son regard s'éteindre. Je changeai donc de sujet pour m'attaquer à notre école et lui faire oublier ce sentiment négatif. Cela faisait maintenant une année qu'elle était arrivée à Istya. Elle s'était alors liée d'amitié avec Earwen et d'autres personnes que je n'avais pas encore rencontrés ou qui étaient déjà partis. À part ça, les cours lui plaisaient énormément. Ses pouvoirs s'étaient améliorés de façon significative. En effet, une petite démonstration plus tard et mon verre d'eau flottait devant mes yeux. Floutée par la matière, le liquide réfractant la lumière, la main de mon amie se baissa, remettant le verre à sa place. Impressionnant !

Laurelìn me décrivit ensuite les enseignements qu'elle avait suivis et ceux qui pourraient m'intéresser pour découvrir quel élément me correspondait. Pourquoi tout le monde voulait que je connaisse mon élément ?! J'allais tenter de répliquer quand soudain, nous fîmes coupées par l'arrivée de jeunes hommes bien bruyants : les emmerdeurs du premier étage. Une entrée en la matière remarquée encore une fois. Mon mystérieux "bousculeur", comme j'aime à l'appeler, ne se fit pas prier lui aussi pour animer la salle.

- qui est-ce ? demandais-je en le montrant de la tête derrière mon amie.

- oh lui, c'est Aeyden, un changeforme du clan des felidae, un des plus gros clans. Il est à Istya depuis deux ans maintenant, pourquoi ça ?

- non non pour rien, je l'ai croisé dans les escaliers avec sa bande tout à l'heure, répondis-je en pointant le groupe du doigt. Et celle à côté de lui ?

Une jeune femme brune, cheveux coupés en carré plongeant, venait de s'installer avec eux. 

- c'est sa sœur, Maze, elle aussi est métamorphe. De la même famille bien sûr, c'est héréditaire.

J'aurais voulu poser plus de questions, friande d'informations que je suis, mais nous fîmes de nouveau interrompues. Mais cette fois, par l'arrivée de deux étudiants très particuliers. Je les dévisageais sans pouvoir me retenir, suivant leurs déplacements. L'une, silhouette élancée au visage recouvert d'un fin duvet tacheté, ressemblait presque à un animal. Ses oreilles en pointe derrière ses cheveux blonds finissaient par une petite touffe de poils. Le nez, lui, plus museau que nez s'accordait parfaitement avec ses yeux de chat - ou plutôt devrais-je dire de guépard. L'autre, dont la chevelure dorée contrastait la peau foncée, lui prenait la taille de sa main gauche, sa main droite posée sous son plateau-repas. On pouvait plonger dans son profond regard ébène et s'y perdre pendant des heures à n'en pas douter. Je n'arrivais pas à deviner sa nature contrairement à la première qui devait être une métamorphe.

Ils s'assirent l'un en face de l'autre juste à côté de nous. L'homme à mon côté et la jeune femme près de Laurelìn. D'ailleurs, ma colocataire m'envoya un coup de pied bien placé dans le tibia qui me referma la bouche, béante jusqu'à présent. Je formai un désolée silencieux. Ce n'était pas très poli en effet. La changeforme embrassa Laurelìn sur la joue confirmant ma déduction. Les deux élèves sont bien des amis de ma colocataire. Je lui jetai un coup d'oeil inquisiteur histoire d'en savoir plus sur l'identité de nos nouveaux voisins de table. Elle m'introduisit alors ses amis.

- Olympe, voici Kiira et Tëlor. Olympe vient d'arriver aujourd'hui et c'est ... ma nouvelle colocataire, expliqua Laurelìn en me présentant à son tour.

- salut Olympe, enchanté, déclara Tëlor d'un sourire charmeur et je fondis sur place.

- ravie de te rencontrer, ajouta sa copine.

- pareillement, répondis-je gênée de ma réaction plus tôt.

- comme tu as pu le deviner, Kiira est métamorphe féline. Ne t'inquiète pas, tout le monde la dévisage la première fois, m'expliqua le jeune homme à ma droite. Le soulagement vint calmer mon coeur un peu anxieux de leur réaction. Et toi, tu dois être originaire de la forêt de Dalaviriel, je me trompe ?

- oui, c'est tout à fait exact, je viens d'Esméra, confirmais-je. Ça se voit tant que ça ?! Aucune réponse directe, mais juste un petit hochement de tête de la part des trois personnes autour de moi. Bon sans doute que oui, ça se voit tant que ça.

La suite de la discussion tourna donc autour de leur rencontre il y a une année, ici à Istya, de l'internat et des professeurs. Apparemment Kiira se situe seulement à trois portes de notre chambre avec deux autres filles, une nymphe et une changeforme. Évidemment, Tëlor lui habite à l'étage en dessous, celui réservé aux garçons. Fatiguée par le voyage et les évènements de la journée, je décidai de laisser mes nouveaux compagnons et de retourner à la chambre.

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Hey toi ! Oui toi là, lecteur ou lectrice assidue.
Merci d'avoir lu jusqu'ici les aventures d'Olympe d'Esméra. Qu'en penses-tu ?
Maintenant nous en savons plus sur la petite Laurelìn et notre chère héroïne a fait de nouvelles rencontres dans ce chapitre :)
Vous vous souvenez au début du chapitre 7, le directeur Elendìl avait demandé quelque chose à Olympe. C'est ce que nous verrons au prochain épisode !
Ciao,
Meira.

Olympe d'EsméraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant